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Donald Trump, menacé de destitution, appelle Pékin à enquêter sur Joe Biden

Donald Trump a ouvertement appelé jeudi la Chine à enquêter sur son rival Joe Biden, alors que l'enquête en vue de sa destitution entrait dans le vif du sujet avec l'audition d'un premier témoin clé au Congrès

Donald Trump à Washington, le 3 octobre 2019. — © AP Photo/Andrew Harnik
Donald Trump à Washington, le 3 octobre 2019. — © AP Photo/Andrew Harnik

Le président américain est sous la menace d'une mise en accusation ("impeachment") parce qu'il a demandé à son homologue ukrainien de l'aider à rassembler des informations compromettantes sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter dans la présidentielle de 2020. Martelant que son échange avec Volodymyr Zelensky était «parfait» et sa requête légitime, Donald Trump a franchi un nouveau cap jeudi en déclarant qu'il pourrait «assurément» formuler la même demande auprès du président chinois.

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Le milliardaire républicain répète à l'envi que Joe Biden et son fils Hunter ont «arnaqué la Chine et l'Ukraine». «La Chine devrait lancer une enquête sur les Biden parce que ce qui s'est passé en Chine est tout aussi grave que ce qui s'est passé en Ukraine», a-t-il insisté jeudi.

Donald Trump «fait le choix grotesque de dire des mensonges plutôt que la vérité et de placer son intérêt personnel au-dessus de celui du pays», a immédiatement dénoncé l'équipe de Joe Biden.

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Jamais été inquiété

Hunter Biden, avocat et financier, a siégé au comité de surveillance d'un groupe gazier ukrainien et a investi en Chine quand son père était vice-président de Barack Obama. Il n'a jamais été inquiété par la justice de ces pays.

Mais pour Donald Trump et son entourage, Hunter Biden a profité de la position de son père pour gagner des sommes considérables. De plus, accusent-ils, Joe Biden a réclamé la tête d'un procureur ukrainien qui, selon eux, s'intéressait de trop près aux affaires de l'entreprise de Hunter Biden.

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En 2015, l'ancien vice-président a bien demandé le limogeage du procureur général ukrainien, mais dans le cadre d'une campagne internationale de lutte contre la corruption parce que ce responsable était soupçonné d'entraver les réformes. A l'époque, personne n'avait mis en doute ses motivations.

Démarches auprès de l'Ukraine

Il y a quelques mois, l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, a toutefois entamé des démarches auprès des autorités ukrainiennes pour tenter de les convaincre d'ouvrir une enquête sur les Biden. Dans un entretien téléphonique fin juillet, Donald Trump avait demandé au président ukrainien de «se pencher» sur le dossier et d'en discuter avec son avocat.

C'est cet appel, rendu public après le signalement d'un mystérieux lanceur d'alerte, qui lui vaut aujourd'hui d'être menacé par une procédure de destitution. Les démocrates estiment que le locataire de la Maison Blanche a abusé de son pouvoir à des fins personnelles et cherchent à établir dans quelle mesure il a eu recours aux moyens de l'Etat.

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Convocation de Kurt Volker

Dans le cadre de leur enquête, ils ont convoqué jeudi à la Chambre des représentants Kurt Volker, qui fut envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Ukraine jusqu'à sa démission vendredi. Selon le rapport du lanceur d'alerte, M. Volker s'est rendu à Kiev le lendemain de l'appel entre Trump et Zelensky afin de «donner des conseils aux autorités ukrainiennes sur la manière de "composer" avec les demandes du président».

Avant cet échange, il leur avait déjà parlé des moyens de «répondre aux messages différents qu'ils recevaient par les canaux officiels américains et M. Guiliani», a ajouté l'agent du renseignement à l'origine du scandale.

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De l'aveu du département d'Etat, l'ambassadeur Volker a également aidé à organiser une rencontre entre Rudy Giuliani et un membre de l'entourage de M. Zelensky. L'ancien maire de New York affirme que cela prouve qu'il avait l'aval du ministère.

Surenchère verbale

Ulcéré par une procédure qui, même si elle a peu de chances d'aboutir à sa destitution, jette une ombre sur sa campagne de réélection, Donald Trump se livre depuis quelques jours à une surenchère verbale.

Fini le temps où il ironisait sur une «blague» qui ne méritait pas qu'on s'y arrête. Désormais il éructe contre les «conneries» des démocrates, dénonce un «coup d'Etat», évoque des risques de «guerre civile».

Jeudi matin, il a lancé une nouvelle salve sur Twitter contre l'élu démocrate Adam Schiff qui supervise l'enquête contre lui. «Schiff est un voyou qui devrait démissionner (au minimum!)», a-t-il écrit, après avoir suggéré il y a deux jours de le juger pour «trahison».