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Donald Trump sème la zizanie en encourageant des manifestations anti-confinement

Le président soutient des manifestations anti-confinement dans des Etats dirigés par des gouverneurs démocrates. Si les hospitalisations baissent à New York, d’autres foyers de pandémie inquiètent

Manifestation anti-confinement à Denver (Colorado), le 19 avril 2020. — © Jascon Connolly/AFP Photo
Manifestation anti-confinement à Denver (Colorado), le 19 avril 2020. — © Jascon Connolly/AFP Photo

Andrew Cuomo est fâché. «L’Etat de New York compte encore près de 2000 nouvelles hospitalisations par jour liées au coronavirus. Si des gens disent que la pandémie est passée, c’est faux»: sur Twitter, le gouverneur fait allusion à Donald Trump, qui montre une certaine impatience à relancer les activités économiques. D’après le président, 29 Etats américains relativement épargnés pourraient lever les restrictions assez rapidement.

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Appel à «libérer» des Etats

Mais New York, qui capte toutes les attentions depuis des semaines, reste paralysé, avec déjà plus de 10 000 morts rien que dans la métropole, et Andrew Cuomo se veut prudent: il craint une deuxième vague, raison pour laquelle le confinement est prolongé jusqu’au 15 mai en tout cas, malgré une baisse des nouvelles hospitalisations et des décès. Seuls des tests généralisés, permettant de déterminer qui est déjà immunisé, devraient permettre des mesures de déconfinement efficaces, estime-t-il. Aux Etats-Unis, d’autres foyers de Covid-19 inquiètent. C’est le cas dans le New Jersey, en Floride, en Louisiane, dans le Michigan et dans l’Illinois notamment.

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Or depuis la semaine dernière, une certaine confusion entoure les stratégies de déconfinement. C’est aux gouverneurs de décider quand lever les restrictions, et non au président, qui ne peut qu’édicter des recommandations. Certains Etats, voisins, se consultent, d’autres pas. Les gouverneurs républicains sont plus prompts à faire redémarrer l’économie pour espérer un retour à la normale dans les plus brefs délais, et depuis plusieurs jours les manifestations anti-confinement se multiplient. Avec, parfois, des sympathisants de Donald Trump armés, qui ne respectent pas les directives de distanciation sociale. Comme le relève le Washington Post, ces manifestations anti-quarantaine sont souvent organisées via Facebook, par des extrémistes patriotes, pro-NRA, le puissant lobby pro-armes aux Etats-Unis.

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Plus grave: Donald Trump soutient ces manifestations de la colère, en enjoignant par exemple, sur son réseau social favori, à «libérer» le Michigan, le Minnesota et la Virginie, trois Etats dirigés par des gouverneurs démocrates qui veulent prolonger le confinement. Une sorte d’incitation à la désobéissance civile et à l’insurrection. Le président a jugé dimanche que ces gouverneurs étaient «allés trop loin» dans les consignes de rester à la maison et de cessation des activités non essentielles. Mais Donald Trump aime aussi souffler le chaud et le froid: lundi, il a par exemple affirmé avoir reçu un «très gentil appel» du gouverneur du Minnesota, le même qu’il critiquait vendredi. «Nous travaillons étroitement pour qu’il puisse avoir ce dont il a besoin. Les bonnes choses arrivent!» écrit-il sur Twitter. De quoi brouiller encore davantage le message.

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En attendant, la Floride, dirigée par le républicain Ron DeSantis, a décidé de rouvrir certaines plages vendredi. Idem avec des parcs au Texas, et certains commerces. Le gouverneur, Greg Abbott, est aussi un républicain. Une manifestation anti-confinement a toutefois eu lieu ce week-end à Austin, alimentée notamment par des appels d’Infowars, un site proche de l’extrême droite américaine, qui divulgue des thèses complotistes.

Des médecins étrangers en renfort

Selon un sondage de l’institut Pew, deux tiers des Américains s’inquiètent d’une levée trop rapide des restrictions, alors que 22 millions de nouveaux chômeurs sont apparus en l’espace de quatre semaines. La Nouvelle-Orléans fait partie des foyers de pandémie. Mardi Gras, célébré comme chaque année avec des milliers de personnes dans les rues, a probablement été un facteur de propagation important. Or, de premières inquiétudes liées au coronavirus avaient émergé avant le 25 février. La maire, LaToya Cantrell, n’avait toutefois pas jugé nécessaire d’annuler les festivités. Elle rappelle aujourd’hui que Donald Trump avait tweeté la veille que le coronavirus était «sous contrôle». Pourtant, c’est le jour même où les festivités battaient leur plein à la Nouvelle-Orléans que les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies émettaient leurs premières recommandations de distanciation sociale.

Déjà très affectée par l’ouragan Katrina en 2005, la ville fait désormais partie des agglomérations comptant le taux de mortalité le plus élevé pour le Covid-19. Le gouverneur de l’Etat, un démocrate, est très clair: «Nous ne reviendrons pas à la normale tant qu’il n’y aura pas de vaccin disponible pour tout le monde», a-t-il souligné devant la presse. John Bel Edwards avertit que les gens se couvriront encore le visage longtemps.

Dans le New Jersey également, voisin de New York, la situation est difficile. C’est le deuxième Etat le plus touché après New York. La découverte de 17 cadavres dans un EMS a fait les gros titres ces jours. Pour faire face à l’urgence, l’Etat, qui manque de personnel soignant, vient d’autoriser des médecins étrangers à venir travailler temporairement sur son territoire. Le gouverneur Phil Murphy, un démocrate, a annoncé cette mesure vendredi. Une première dans le pays.