Après sa chasse aux clandestins et l’ambition de construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, Donald Trump s’attaque à l’immigration légale. La proposition de loi concoctée par deux sénateurs républicains présentée mercredi vise une baisse drastique du nombre d’immigrés peu qualifiés.

Avec un système d’attribution de permis de résidence au mérite. Déjà contesté, le projet risque d’avoir de la peine à s’imposer au Congrès. Il a donné lieu à un vif échange entre Stephen Miller, un conseiller de Donald Trump, et Jim Acosta, un journaliste de CNN.

La statue de la Liberté évoquée

Ses axes principaux: plafonner le nombre de nouveaux réfugiés à 50 000 par an et privilégier les immigrés qui «parlent anglais, qui peuvent subvenir financièrement à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leur famille et qui ont des compétences utiles pour l’économie du pays». Selon la Maison-Blanche, un immigré sur quinze seulement répond à ces critères. C’est bien ce qui a fait réagir Jim Acosta lors d’une conférence de presse.

«Êtes-vous en train de chercher à redéfinir ce qu’être immigré aux Etats-Unis signifie? Voulez-vous empêcher que des immigrés puissent apprendre l’anglais une fois arrivés ici?», a-t-il lancé à Stephen Miller. Et d’inviter la Statue de la Liberté dans la danse.

Pour appuyer ses propos, le journaliste a cité les vers les plus célèbres du sonnet «Le Nouveau Colosse» écrit par Emma Lazarus en 1883 et qui a été gravé vingt ans plus tard sur une plaque au pied de la statue: «Envoyez-moi vos fatigués, vos pauvres, envoyez-moi vos cohortes qui aspirent à vivre libres, les rebuts de vos rivages surpeuplés, envoyez-les moi, les déshérités, que la tempête m’apporte, de ma lumière, j’éclaire la porte d’or!» Un poème qui s’adresse aux millions d’immigrés arrivés aux Etats-Unis. Piqué au vif par les accusations de racisme, Stephen Miller a traité Jim Acosta, fils d’un immigré cubain arrivé aux Etats-Unis en 1962, d'«insultant, ignorant et stupide».

A peine présenté, le projet RAISE (Reforming American Immigration for Strong Employment) subit déjà des critiques. Dans les faits, c’est une sorte de permis à points que veut introduire Donald Trump. Les sénateurs à l’origine du projet disent s’inspirer des modèles canadien et australien, pour réduire l’immigration légale de 50% sur dix ans. Le regroupement familial sera limité.

Ils veulent aussi mettre fin au système de loterie annuelle, qui propose chaque année 50 000 «green cards» (permis d’établissement permanents) à des personnes de «pays sous-représentés». Une «loterie de la diversité rongée par la fraude, qui ne comporte aucun intérêt économique ou humanitaire, et ne favorise même pas la diversité», écrivent-ils dans leur proposition.

Pour Donald Trump, l’enjeu est de venir en aide aux familles américaines en difficultés et de tenir une promesse de campagne. Pour lui, le système actuel est trop généreux et tire les salaires vers le bas. Or selon une étude de l’Académie nationale des sciences, qui s’est focalisée sur les statistiques de ces vingt dernières années, l’impact de l’immigration sur les salaires des travailleurs américains est «très faible». L’immigration a plutôt eu un «impact globalement positif sur la croissance économique à long terme des Etats-Unis».


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