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Fusillade de Parkland: la difficile chasse aux complotistes sur Internet

La fusillade de Floride n’a pas échappé aux théories conspirationnistes. Facebook, Twitter et YouTube tentent de faire le ménage. Avec difficulté

David Hogg, ici à Livingston dans le New Jersey le 25 février 2018, a été accusé d’être un comédien, manipulé par des anti-armes. — © Rich Schultz
David Hogg, ici à Livingston dans le New Jersey le 25 février 2018, a été accusé d’être un comédien, manipulé par des anti-armes. — © Rich Schultz

Après la fusillade qui a fait 17 morts le 14 février, écoliers et professeurs de Parkland reprennent les cours ce mercredi, dans un contexte des plus tendus. A l’émotion et à la cacophonie ambiante, où l’idée d’armer les professeurs commence à s’imposer, s’ajoute un troisième élément qui rend cette rentrée difficile: le fiel déversé sur Internet. L’incroyable mobilisation des jeunes et du mouvement #NeverAgain a alimenté les thèses conspirationnistes les plus folles sur les réseaux sociaux. Sous pression, Facebook, Twitter et YouTube sont partis à la chasse aux complotistes. Sans vraiment réussir.

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Une vidéo «tendance»

David Hogg, 17 ans, l’un des visages de la rébellion estudiantine, est la principale victime de ce déferlement de haine. Cet apprenti journaliste, fils d’un agent du FBI, est accusé d’être un comédien professionnel, manipulé par des milieux de gauche anti-armes. Une vidéo YouTube divulguant cette rumeur, vue plus de 200 000 fois, est apparue brièvement dans les vidéos les plus tendances du réseau avant d’être supprimée, mercredi.

YouTube s’est excusé de ce manque de vigilance, mais le mal était déjà fait: la rumeur s’est propagée comme une traînée de poudre. Les trolls s’en sont donné à cœur joie. Des milliers de messages et de vidéos l’ont relayée, l’appliquant également à d’autres leaders estudiantins. Même Donald Trump Jr. a liké certains tweets. En Floride, un collaborateur de l’élu républicain Shawn Harrison a été renvoyé pour avoir donné du crédit à cette rumeur sur Twitter.

La réaction des réseaux

Facebook, Twitter et YouTube ont réagi. Des posts ont été effacés, des profils bloqués. Mais la haine et les fake news continuent d’essaimer sur les réseaux sociaux. Tapez par exemple #crisisactor ou #Parklandhoaxet vous aurez encore votre lot de messages agressifs. Leurs auteurs, souvent liés à l’Alt-right américaine, n’ont pas peur de la censure: ils la contournent en changeant simplement de mots-clés. Les sites extrémistes Infowars et The Gateway Pundit font partie de ceux qui ont contribué à la désinformation. Alex Jones, le fondateur d’Infowars, avait déjà qualifié la fusillade de Sandy Hook, qui a fait 26 morts en décembre 2012, de «massacre fabriqué». YouTube s’est révélé un peu plus efficace que Facebook et Twitter: les vidéos soutenant la thèse du #crisisactor sont difficiles à retrouver, même si d’autres théories du complot circulent.

Ce même 21 février, Cameron Kasky a annoncé qu’il se tiendrait à l’écart de Facebook pendant quelque temps, en raison de menaces de mort reçues. Une preuve de plus que le réseau n’est pas assez efficace pour stopper le déluge de fake news et les messages de haine.