Au Guatemala, le bilan de l’éruption pourrait encore s’alourdir
Amérique latine
Le dernier bilan de l’éruption qui a frappé le Guatemala s’élevait lundi soir à 65 morts, mais il pourrait encore grimper

Le décompte macabre pourrait encore s’alourdir mardi 5 juin au Guatemala avec la poursuite des recherches des nombreux disparus après l’éruption du Volcan de feu, le dernier bilan faisant état de 65 morts après la découverte lundi par les sauveteurs de nombreux corps calcinés.
L’éruption dimanche de ce volcan culminant à 3 763 mètres et situé à 35 kilomètres au sud-ouest de la capitale Guatemala, a également entraîné l’évacuation d’urgence de plus de 4 500 personnes des villages situés sur le flanc du volcan, qui a projeté de la lave et des cendres sur une vaste zone, semant la panique parmi les habitants.
Residents flee in panic as a hot flow of mud, ash and gas sweeps down from Guatemala’s Fuego volcano. “The lava is coming down!” https://t.co/QhNH3BDJjA pic.twitter.com/6pX742cv4f
— ABC News (@ABC) 5 juin 2018
Selon David de Leon, porte-parole de la Coordination nationale pour la gestion des catastrophes (Conred), le bilan s’élevait lundi soir à 65 victimes. Quelque 46 blessés ont été recensés, dont la moitié sont dans un état grave. «Il y a des disparus, mais on ne sait pas combien», a déclaré de son côté le directeur de la Conred, Sergio Cabañas. Quelques heures plus tôt, un précédent bilan faisait état de 33 morts.
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A San Miguel Los Lotes, hameau détruit par l’éruption, un journaliste de l’AFP a pu observer lundi matin un paysage désolé mêlant décombres de maisonnettes réduites à néant et corps noircis d’hommes et d’animaux domestiques gisant entre boue et cendres encore fumantes.
Eufemia Garcia, 48 ans, doit la vie à son mari qui l’a forcée à quitter sa maison, mais elle était lundi à la recherche de trois de ses fils, de sa mère, de plusieurs frères et de neveux. «Je ne voulais pas partir, je voulais y retourner, et je n’ai rien pu faire pour sauver ma famille», sanglote-t-elle.
Piégés par la lave
«Si on s’en sort cette fois, une autre éruption nous aura», prédit Efrain Gonzalez, 52 ans, assis par terre dans un abri installé à Escuintlan, non loin de la localité d’El Rodeo, la plus affectée par l’éruption. Efrain est parvenu à fuir avec son épouse et son bébé d’un an, mais son fils de 10 ans et son autre fille de 4 ans sont portés disparus après que la lave eut emporté leur maison.
Dimanche, des images diffusées à la télévision et sur les réseaux sociaux ont montré une immense nuée de cendres descendant du volcan avant d’engloutir une route tandis que des habitants et des membres des équipes de secours fuyaient en courant. D’autres montraient des personnes couvertes de cendres que des secouristes essayaient de mettre à l’abri.
Rescuers pull bodies of both children and adults from the ash of Guatemala's volcano. https://t.co/ikCoriN3Il pic.twitter.com/xR2z5bWxbW
— The Associated Press (@AP) 4 juin 2018
Le directeur de la Conred a indiqué que les personnes décédées avaient été piégées par la lave incandescente descendue à toute vitesse du volcan. Au total l’éruption a duré plus de 16 heures, mais «une réactivation est possible», a prévenu de son côté l’Institut national de vulcanologie, recommandant de maintenir de strictes mesures de précaution dans cette région.
1,7 million de personnes affectées
«On n’a jamais vu une chose pareille», affirme Aura Concobar, 38 ans, qui est miraculeusement parvenue à fuir El Rodeo avec dix autres membres de sa famille. Les colonnes de cendres émises par le volcan ont dépassé l’altitude de 2 200 mètres au-dessus du cratère, selon l’Institut de volcanologie. L’éruption a touché notamment des communes rurales proches du volcan et la cité coloniale d’Antigua, le plus important site touristique du Guatemala.
Le nombre de personnes affectées à divers degrés par la catastrophe est de 1,7 million, selon la protection civile. Le président guatémaltèque Jimmy Morales, qui a visité lundi les zones sinistrées, a décrété un deuil national de trois jours.
Un groupe des donateurs (Allemagne, Canada, Espagne, Royaume-Uni, Italie, Suède, Suisse, France, Etats-Unis, Union européenne, Banque interaméricaine de développement, Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation des Etats américains et Nations unies au Guatemala), a exprimé sa solidarité et son soutien pour surmonter la tragédie. Le Mexique, le Salvador et le Honduras ont également proposé leur aide.
Le Volcan «de Fuego» était déjà entré en éruption en janvier 2018. En septembre 2012, son précédent réveil avait entraîné l’évacuation de quelque 10 000 personnes résidant dans des villages situés sur le flanc sud. Deux autres volcans sont également actifs au Guatemala: le Santiaguito (ouest) et le Pacaya (20 km au sud de la capitale).