Promesses sociales et taxes sur les riches: Joe Biden a présenté jeudi un projet de budget aux allures de programme de campagne dans la perspective de 2024. Le budget 2024 prévoit de réduire le déficit de près de 3000 milliards sur 10 ans, a annoncé la Maison-Blanche. Pour cela, le président américain veut introduire un impôt minimum de 25% sur les revenus des milliardaires et relever le taux d’imposition des entreprises à 28%, contre 21% aujourd’hui.

Dans le même temps, Joe Biden entend réduire certaines dépenses jugées «inutiles», ciblant notamment «Big Pharma», c’est-à-dire le secteur pharmaceutique, et «Big Oil», l’industrie pétrolière.

Des ambitions pour 2024

Dans cet exercice austère au possible qu’est la présentation du budget, le président américain espère trouver un élan politique supplémentaire. «Mon projet est centré sur l’investissement aux Etats-Unis […], y compris [pour] les endroits et les gens qui ont été oubliés», a lancé le président démocrate. Lors d’un discours dans des locaux syndicaux à Philadelphie, dans une Pennsylvanie stratégique pour les élections, Joe Biden, qui officiellement n’a que «l’intention» de se représenter en 2024, semblait déjà en campagne.

Il ne se fait toutefois pas d’illusions sur sa capacité à concrétiser ses propositions: depuis le début de l’année, il ne contrôle plus que le Sénat. L’autre chambre du Congrès (celle des représentants) est désormais dominée par les républicains, bien décidés à ne laisser passer aucune hausse d’impôt.

Or, pour financer son budget, le président américain veut relever le taux d’imposition des entreprises à 28%, contre 21% aujourd’hui, et 35% avant que Donald Trump ne l’abaisse en 2017. «Je veux réduire les impôts, ils veulent réduire les impôts pour les riches et les grandes entreprises», a taclé Joe Biden.

Autre source supplémentaire de revenus envisagée par le démocrate, l’introduction d’un impôt minimum de 25% pour les milliardaires, soit les 0,01% d’Américains les plus riches. «Nous devons demander aux plus riches et plus grandes entreprises de commencer à payer leur juste part», a-t-il dit. Cela doit permettre de financer la mesure phare du projet: assurer pour 25 années supplémentaires le financement d’un régime d’assurance-santé bénéficiant aux Américains de plus de 65 ans, le «Medicare», sans toucher aux prestations.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a déjà qualifié ce budget de «proposition imprudente qui reproduit les mêmes politiques de dépenses d’extrême gauche qui ont conduit à une inflation record et à notre crise actuelle de la dette». Il faut au contraire, a-t-il affirmé dans un communiqué, «réduire les dépenses publiques inutiles».

Lire aussi: Joe Biden relance une offensive fiscale aux visées très électorales

«Un budget, c’est le reflet de nos valeurs», avait tweeté Joe Biden mercredi. C’est aussi, en l’occurrence, une arme politique. Le démocrate tente, avec ses propositions, de mettre dans l’embarras le parti républicain, qui réclame plus de rigueur budgétaire mais n’a jusqu’ici pas exposé exactement dans quelles dépenses il entendait tailler.

Une bataille en cours sur le relèvement du plafond de la dette

Cette présentation de budget intervient sur fond de bras de fer entre démocrates et républicains sur un autre sujet financier, plus pressant que l’élection de 2024: ce que l’on appelle le «relèvement du plafond de la dette». Les Etats-Unis, seule puissance industrialisée dans ce cas, doivent régulièrement augmenter, via un vote du Congrès, la capacité d’endettement du gouvernement.

Or ce vote, qui a longtemps été une formalité, est de plus en plus politisé. Le patron de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy, assure que ses troupes ne voteront pas pour relever le plafond de la dette tant que Joe Biden ne bridera pas la dépense publique.

Le président démocrate, lui, refuse jusqu’ici de négocier, faisant valoir que la dette accumulée au cours des ans par le pays est une responsabilité partagée. L’enjeu n’est pas mince: si le bras de fer se prolonge trop, les Etats-Unis seraient sous la menace d’un défaut de paiement, du jamais-vu, à partir de juillet.

La dette de la première économie du monde a atteint le 19 janvier 31 400 milliards de dollars, soit le plafond au-delà duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer, et ne peut donc plus honorer ses paiements. Des mesures d’urgence temporaires ont été prises pour continuer à payer.

Lire aussi: Sur Fox News, la machine à conspirations concernant l’attaque du Capitole est relancée