Etats-Unis
Trois anciens conseillers du président Trump ont été inculpés lundi. Ils sont accusés de collusion avec la Russie pour nuire à la candidate démocrate Hillary Clinton

L’affaire russe qui empoisonne le début de la présidence Trump a fait ses trois premières victimes. Et ce n’est peut-être pas fini. D’autres collaborateurs du président, ainsi que plusieurs membres de son entourage familial, seraient dans le collimateur du procureur spécial Robert Mueller, en charge de ces investigations ultra-sensibles. Tous sont soupçonnés de collusion avec la Russie de Vladimir Poutine pour dénigrer Hillary Clinton, battue de justesse à la présidentielle du 9 novembre 2016 par Donald Trump.
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Paul Manafort, l’ancien directeur de campagne du président ainsi que son associé, Richard Gates, ont été inculpés lundi au petit matin aux Etats-Unis, alors que l’administration Trump attendait fébrilement les premiers actes d’accusation. Dans la foulée, on apprenait l’inculpation d’un autre ancien membre de l’équipe de campagne du président. Paul Manafort et Richard Gates se sont livrés au FBI et ils ont été présentés devant un juge. Ils ont nié toutes les charges pesant contre eux.
Douze chefs d’accusation
Le procureur spécial Robert Mueller n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Les deux prévenus sont poursuivis pour douze chefs d’accusation, dont la conspiration contre les Etats-Unis et le blanchiment d’argent. Mais, dans les actes d’accusation rendus publics lundi, il n’y a que peu d’élément attestant une collusion avec Moscou. Le procureur spécial reproche principalement à Paul Manafort et à son associé leurs activités pour l’ancien président ukrainien pro-russse Viktor Ianoukovitch, forcé à l’exil en 2014 par le soulèvement de la place Maïdan et qui serait toujours réfugié en Russie.
Paul Manafort et Richard Gates auraient touché pas moins de 75 millions de dollars pour faire du lobbying auprès des autorités américaines pour le compte de l’ancien régime ukrainien. Des activités qui ne sont pas illégales en soi mais qui ont été dissimulées grâce à de nombreuses sociétés offshore situées à Chypre ou dans les Seychelles.
Ces fonds, non déclarés au fisc américains, ont permis aux intéressés de mener une existence «somptueuse». Le mandat ukrainien des deux lobbyistes aurait duré de 2006 à 2015. Ce qui fait dire à Donald Trump qu’il n’est pas concerné par ces agissements, puisque les faits reprochés à ses ex-collaborateurs remontaient à avant le début de la campagne. Mais, toujours selon les actes d’accusation établis par le procureur Mueller, les deux hommes auraient continué de dissimuler leurs activités ukrainiennes jusqu’en 2016, «au moins».
«Il n’y a pas de collusion»
«Il n’y a pas de collusion» avec la Russie, a encore twitté le locataire de la Maison-Blanche, en réaction à l’accélération de l’enquête russe. L’acte d’accusation publié visant le troisième homme incriminé contredit la dénégation présidentielle. George Papadopoulos avait rejoint l’équipe de campagne de Donald Trump en mars 2016.
Ce conseiller en politique étrangère aurait entretenu des contacts approfondis avec des officiels russes. Interrogé par la suite par le FBI, il est accusé d’avoir menti à la police fédérale en minimisant la portée de ses entretiens, notamment en cachant une rencontre avec un diplomate russe. Lors d’une rencontre, un de ses contacts russes lui aurait promis des messages de la boîte emails piratée d’Hillary Clinton, «de quoi salir» la candidate démocrate. George Papadopoulos a finalement reconnu les faits début octobre. Il avait été arrêté en juillet dernier par le FBI.
Investigations en toute discrétion
Ancien directeur du FBI nommé sous George W. Bush puis reconduit par Barack Obama, Robert Mueller était retourné dans le privé avant d’être choisi le 17 mai dernier pour superviser les enquêtes visant l’entourage du nouveau président. Il reprenait ainsi le flambeau de James Comey, le directeur du FBI limogé par Donald Trump une semaine plus tôt.
Pas sûr que Donald Trump ait gagné au change. Décrit comme austère et tenace, Robert Mueller a mené ses investigations dans la plus grande discrétion ces derniers mois, jusqu’aux inculpations de ce lundi. Pour l’instant, le président et sa famille ne sont pas mis en cause. Paul Manafort et consorts ont été congédiés avant la victoire de Donald Trump contre Hillary Clinton. Mais chacun à Washington guette les prochaines décisions du procureur spécial, qui ébranle la Maison Blanche.