Amérique du Nord
Un mystérieux objet volant qui survolait le Lac Huron a été abattu sur ordre de Joe Biden. Il s’agit du quatrième en un peu plus d’une semaine

L’armée américaine a abattu un nouvel «objet» en altitude, cette fois au-dessus du lac Huron, ont annoncé dimanche deux élus, dernier en date de mystérieux objets volants qui ont placé les autorités des Etats-Unis et du Canada en état d’alerte.
L’objet a été abattu sur ordre du président Joe Biden, a confirmé un haut responsable de l’administration. «Par précaution et sur recommandation du commandement militaire, le président Biden a ordonné que l’objet non identifié soit abattu», a dit ce responsable. «Nous avons évalué qu’il ne s’agissait pas d’une menace militaire pour quoi que ce soit sur le sol», a-t-il ajouté. Il s’agissait d’un engin «octogonal avec des cordes qui pendaient», selon la même source.
Il ne présentait pas de nacelle visible et était non habité. Il se trouvait dans l’Etat américain du Michigan, à environ 6000 mètres d’altitude, et «était sur le point d’aller au-dessus du lac Huron», a-t-il ajouté. «Nous n’avons pas d’indication sur le fait qu’il ait des capacités d’espionnage, mais nous ne pouvons pas l’exclure», a-t-il encore dit, précisant que les autorités allaient tenter de le récupérer «pour en savoir plus».
D’après ces dernières précisions, cet objet serait en fait la raison pour laquelle les espaces aériens au-dessus de l’Etat du Montana puis du lac Michigan ont brièvement été fermés, respectivement samedi et dimanche, pour des raisons liées à la «défense nationale».
Un avion de combat dépêché dans le Montana pour enquêter sur une «anomalie radar» n’avait d’abord pas identifié d'«objet» volant, selon l’armée. Mais les forces américaines ont «détecté un objet non habité (venant du) Montana aujourd’hui (dimanche) au-dessus du Wisconsin et du Michigan», a indiqué le responsable de l’administration. Et «son parcours et son altitude ont suscité l’inquiétude», y compris pour «l’aviation civile», a-t-il ajouté.
Trois objets abattus en trois jours
Il s’agit du troisième «objet» à être abattu en trois jours par les Américains dans leur pays et au Canada, et du quatrième en moins de dix jours en comptant le ballon chinois décrit par Washington comme un engin d’espionnage et qui a été visé par un missile le 4 février après avoir survolé une partie des Etats-Unis.
Le nouvel objet «a été abattu par des pilotes de l’US Air Force et la Garde nationale», a tweeté la démocrate du Michigan Elissa Slotkin, tandis que son collègue républicain Jack Bergman parlait d’un «objet (…) mis hors service au-dessus du lac Huron», situé dans le nord du pays. Contacté par l’AFP, le Pentagone n’avait pas encore réagi. «Le peuple américain mérite beaucoup plus de réponses que ce que nous avons», a ajouté Jack Bergman sur Twitter, reflétant les interrogations croissantes dans le pays et la classe politique sur ces événements.
Les Etats-Unis estiment que le premier objet officiellement détecté, un ballon, était contrôlé par l’armée chinoise et faisait partie d’une flotte envoyée par Pékin au-dessus de plus de 40 pays sur cinq continents, à des fins d’espionnage. Le gouvernement chinois assure qu’il s’agissait d’un aéronef civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques. Dimanche, la secrétaire adjointe à la Défense américaine Melissa Dalton a déclaré que «des contacts ont été pris» avec la Chine au sujet de ce premier ballon, sans en préciser la nature.
Deux autres objets volants ont ensuite été abattus par les forces américaines, l’un vendredi au-dessus de l’Alaska, l’autre samedi au Canada. Dans la soirée, le Premier ministre canadien Justin Trudeau doit se rendre dans la province du Yukon, sur les lieux où le dernier a été abattu.
Un «acte de belligérance»
Washington et Ottawa s’affairaient toujours dimanche à récolter les restes des engins. Ces événements ont ajouté à la tension entre la Chine et les Etats-Unis, et une visite à Pékin du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a été reportée.
L’élu républicain Michael McCaul, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Congrès américain, a accusé dimanche la Chine d’un «acte de belligérance» en lien avec le ballon abattu le 4 février par l’armée américaine.
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L’envoi de cet objet «a été fait avec provocation pour rassembler des renseignements et collecter des éléments sur nos trois sites nucléaires majeurs», a-t-il affirmé sur CBS. Les républicains ont vivement critiqué le président démocrate Joe Biden pour avoir laissé le ballon survoler le pays pendant des jours avant de l’abattre. Le Pentagone explique l’avoir «surveillé et évalué en continu», ce qui lui a permis d’en apprendre «davantage sur les capacités et les techniques» d’espionnage de la Chine.
Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a défendu la gestion du dossier par M. Biden, disant dimanche à ABC qu’une analyse des débris représenterait «un grand coup pour les Etats-Unis».
Le président fait toutefois face à des appels à davantage de transparence émanant des deux partis. «J’ai de réelles inquiétudes sur les raisons pour lesquelles l’administration ne communique pas plus», a dit à NBC le démocrate Jim Himes, membre de la commission du renseignement de la Chambre des représentants.