Les Mexicains ont voté, dimanche, pour élire leurs députés et leurs responsables locaux lors d'élections législatives et locales, émaillées par des violences et marquées par la pandémie. Ces violences, notamment l'assassinat confirmé dimanche de cinq responsables électoraux tombés la veille dans une embuscade dans l'Etat de Chiapas (sud) après avoir organisé un bureau de vote, n'ont cependant pas compromis la bonne tenue du scrutin, selon les autorités.

Les bureaux de vote ont fermé à 18 heures (1 heure lundi) dans la majeure partie du pays après 10 heures de vote, ont annoncé les autorités. Les premiers résultats officiels devraient être diffusés dimanche soir. Quelque 95 millions de Mexicains étaient conviés à ce scrutin, destiné à renouveler la Chambre des députés, quelque 20 000 postes régionaux et 15 des 32 postes de gouverneur.

La Garde nationale déployée

Quelque 91 hommes politiques ont été assassinés depuis septembre, date du début de la campagne. Parmi eux, 36 étaient des candidats ou en passe d'être nommés.

L'article du 23 décembre 2017: Le Mexique s'enfonce dans la violence

La secrétaire à la sécurité publique, Rosa Icela Rodriguez, a affirmé que des zones de violence ont été identifiées pendant la journée électorale. «Heureusement la Garde nationale est déjà déployée dans ces endroits», a-t-elle confié aux journalistes après avoir voté.

À Guerrero (sud), l'un des États les plus violents du pays, des membres de la police civile communautaire patrouillaient. «Les membres du crime organisé viennent pour diviser les gens, ils ne les laissent pas voter librement», a averti Isaías Posotema, un des responsables de cette police à Chilapa, une zone gangrénée par les gangs.

L'Institut national électoral (INE) a indiqué qu'en raison de troubles de l'ordre public, 20 bureaux de vote sur un total de 162 000 n'ont pu être installés.

Une élection test pour AMLO

«Vive la démocratie !», s'est exclamé Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO), 67 ans, après avoir déposé son bulletin dans l'urne à quelques pas du palais présidentiel, dans le centre de Mexico. Pour le président de gauche, élu pour six ans en 2018, il s'agit d'un test crucial puisqu'il espère conserver le contrôle de la Chambre.

«L'enjeu n'est ni plus ni moins que l'avenir du Mexique», estime Pamela Star, professeur à l'Université Southern California en soulignant que «les électeurs vont devoir choisir entre deux visions d'avenir pour le Mexique : celle des réformes d'AMLO ou un retour à une politique plus ancienne».

Cette journée est «la plus importante et la plus complexe de ces 30 dernières années», a déclaré le président de l'Institut national électoral, Lorenzo Cordova.

AMLO devrait conserver une majorité confortable

Bien que le Mexique soit l'un des pays les plus durement touchés par le coronavirus, la perspective d'un vote sanction semble s'éloigner avec le recul des indicateurs de la crise sanitaire, selon plusieurs sondages.

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AMLO maintient une cote de popularité de plus de 60 pc et devrait conserver une majorité confortable. Le Mexique, pays de 126 millions d'habitants, comptabilise près de 229 000 décès consécutifs au Covid-19. Le taux de mortalité est le quatrième au monde en chiffres absolus et le 19e pour 100 000 habitants

L'alliance au pouvoir, dirigée par le parti Morena d'AMLO, dispose d'une majorité qualifiée à la Chambre des députés (deux tiers des 500 députés), qui est élue tous les trois ans. Selon des sondages de l'institut Oraculus, le parti au pouvoir pourrait perdre cette domination de justesse, en passant de 333 à 322 sièges.

Fortement affaiblie sous la domination de l'administration AMLO, l'opposition est en concurrence avec une alliance de partis traditionnels: l'historique PRI (centre), le PAN (conservateur) et le PRD (gauche).