#MeToo a mis Harvey Weinstein à nu
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Pour «#MeToo», la seule inculpation du producteur Harvey Weinstein, déchu de sa toute-puissance, est déjà une énorme victoire. Notre commentaire

Inculpé pour viol, Harvey Weinstein reste bien sûr présumé innocent. Sa condamnation est loin d’être acquise: le producteur de Hollywood s’est adjoint les services d’un redoutable avocat, Ben Brafman, le même qui, en 2011, avait obtenu l’abandon des poursuites contre Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire du Sofitel. Mais pour le mouvement #MeToo, son inculpation représente déjà une énorme victoire.
Des voix enfin prises au sérieux
Les voix des dizaines de femmes qui l’accusent de viol et d’agression sont enfin prises au sérieux. Mieux, #MeToo a eu un effet libérateur, briseur de silences, alors que tout Hollywood «savait». D’autres célébrités sont désormais rattrapées pour leurs comportements inappropriés.
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Il y a toutefois un petit hic: certains crient à la déviance, dénoncent des campagnes de délation exagérées, une «chasse à l’homme» de la part de féministes hystériques, pour «de simples baisers volés». «Cette fièvre à envoyer les «porcs» à l’abattoir, loin d’aider les femmes à s’autonomiser, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment, au nom d’une conception substantielle du bien et de la morale victorienne qui va avec, que les femmes sont des êtres «à part», des enfants à visage d’adulte, réclamant d’être protégées», a osé écrire Catherine Millet, dans une tribune sur la «liberté d’importuner», publiée dans Le Monde et cosignée par une centaine de femmes.
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Tant d'accusations
#MeToo doit, certes, veiller à ne pas déborder et se concentrer sur les vrais prédateurs sexuels. Mais dans l’affaire Weinstein, il n’est pas question de mains légèrement baladeuses ou de regards appuyés. Les accusations sont bien plus graves. Et nombreuses. Surtout, Weinstein se sentait tout-puissant. Célèbre, argenté, il était persuadé que sa carte de visite, sa fortune et son pouvoir lui donnaient le droit d’assouvir ses pulsions sexuelles en toute impunité, avec ou sans menaces et intimidations. Le voilà, grâce à #MeToo, débarrassé de son aura qui en aveuglait plus d’un. C’est un roi nu qui doit désormais rendre des comptes à la justice.