Au Mexique, la population massivement mobilisée contre le projet de réforme électorale
Manifestation
Andres Manuel Lopez Obrador estime que l'Institut national électoral a couvert des fraudes lors des précédentes élections. Les opposants craignent pour l'indépendance de l'INE

Il s'agit de la plus importante mobilisation contre le pouvoir en place en près de quatre ans. Des dizaines de milliers de manifestants ont marché, dimanche, à Mexico contre un projet de réforme électorale du président Andres Manuel Lopez Obrador. La marée humaine a submergé l'avenue centrale du paseo de la Reforma pour rejeter le projet qui menace, selon ses opposants, l'indépendance de l'Institut national électoral (INE) en charge de l'organisation des élections depuis sa création en octobre 1990, a constaté une équipe de l'AFP. D'autres manifestations ont eu lieu dans le pays, à Toluca et Monterrey.
Parmi les manifestants, figuraient l'ancien président Vicente Fox (2000-2006) et le député Santiago Creel (qui assure pendant un an la présidence tournante de la chambre des députés), tous deux membres du Parti d'action nationale (PAN, opposition de droite).
Dans la foule, Graciela Aberel, professeure d'anglais, juge que le projet de réforme est «très grave». Le président en place «veut que de nouveau toutes les élections dépendent du gouvernement, pour pouvoir les manipuler à sa guise et rester au pouvoir», a accusé la quinquagénaire.
Défense de l'indépendance des élections
Toujours très populaire après bientôt quatre ans de mandat, le président de gauche - élu en 2018 pour un mandat unique de six ans - considère que l'INE a couvert des fraudes lors des deux précédentes élections de 2006 et 2012 qu'il avait perdues.
«Je ne suis pas corrompue, classiste, raciste, hypocrite», proclamait une affiche, référence aux adjectifs que Lopez Obrador a pu employer la semaine dernière pour disqualifier les adversaires de la réforme qui s'apprêtaient à manifester.
«Il ne s'agit pas d'être contre le gouvernement d'aujourd'hui, mais contre n'importe quel gouvernement qui aujourd'hui ou demain veut prendre le contrôle des élections», a déclaré à l'AFP Francisco Videla, un commerçant de 50 ans venu en famille avec des amis.
La réforme envisage que les membres du conseil de direction de l'INE soient élus au vote populaire, ainsi qu'une baisse des subventions attribuées aux partis politiques. La réforme envisage également de réduire de 500 à 300 le nombre de députés fédéraux. Le nombre de sénateurs passerait de 128 à 96. Le parti d'Andres Manuel Lopez Obrador et ses alliés dominent les deux chambres.