Narcotrafiquants: au moins cinq policiers tués dans une série d'attentats en Equateur
Equateur
Face à une vague de violence visant les locaux de la police et des stations-services, l'état d'urgence a été décrété dans deux provinces
Quinze policiers et militaires ont été blessés, jeudi, au cours d'une nouvelle mutinerie dans l'établissement pénitentiaire de Guayas 1 à Guayaquil (Equateur), a dit à la presse le directeur de l'organisme public chargé d'administrer les prisons (SNAI), Guillermo Rodriguez. «Nous avons pris le contrôle du pénitencier, mais nous avons encore du chemin à faire», a annoncé en fin de journée le président Guillermo Lasso, dans un message radiotélévisé.
Au moins treize attentats perpétrés par des gangs de la drogue ont fait cinq morts et deux blessés parmi les policiers à Guayaquil, en Equateur mardi, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Les autorités précisent que 61 policiers sont morts cette année en raison des violences.
Des bandes de trafiquants de drogues ont attaqué des locaux de la police et des stations-services avec des explosifs et des armes à feu en réponse au transfèrement de détenus de la prison Guayas 1 à Guayaquil. Durant la nuit, l'administration pénitentiaire (SNAI) a également fait état de «coups de feu tirés à l'intérieur» de Guayas 1. «Il s'agit d'une réaction du crime organisé», a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Juan Zapata.
Lire aussi: Equateur: une émeute dans une prison provoque une quarantaine de morts et une évasion massive
L'administration pénitentiaire avait, plus tôt, annoncé que huit gardiens de prison avaient été brièvement pris en otages mardi à Esmeraldas (nord-ouest de l'Equateur) alors que le SNAI organisait le transfèrement de 200 détenus en provenance d'un établissement pénitencier de Guayaquil vers d'autres prisons. «Les huit agents du Corps de sécurité et surveillance pénitentiaire retenus ont été libérés» à Esmeraldas, a annoncé le SNAI.
Dans une vidéo diffusée sur Twitter, deux personnes portant des explosifs autour du corps avaient été présentées comme des gardiens de prison, tandis qu'un détenu dénonçait la «corruption» du système pénitentiaire. «Si vous voulez la guerre, vous aurez la guerre», lançait un homme cagoulé, ajoutant: «nous allons faire exploser ces gardiens.»
L'Etat d'urgence décrété dans deux provinces
Des précautions ont été prises dans les deux provinces les plus touchées par la violence liée à ce fléau. «Je déclare l'état d'urgence dans les provinces de Guayas et d'Esmeraldas, et un couvre-feu à partir de 21h» (2h GMT), a déclaré le président Guillermo Lasso dans un discours diffusé à la radio et à la télévision. Entrée en vigueur à effet immédiat, la mesure s'étendra sur 45 jours. La Constitution permet au président de déclarer l'état d'urgence et faire intervenir l'armée lorsque le pays est confronté à de graves troubles internes.
Le président équatorien a affirmé que «ces actes de sabotage et de terrorisme sont une déclaration de guerre ouverte contre l'Etat de droit, le gouvernement et contre vous tous, les citoyens».
Pour poursuivre la lecture: L’Equateur va gracier 5000 prisonniers pour désengorger les prisons
Mercredi, le ministère de l'Education a de son côté suspendu les classes à Esmeraldas, capitale de la province du même nom, limitrophe de la Colombie.
Les narcotrafiquants, dont certains sont liés aux cartels mexicains, mènent une guerre dans les rues et dans les prisons du pays, où des massacres ont fait près de 400 morts depuis février 2021. Situé entre la Colombie et le Pérou, les plus grands producteurs mondiaux de cocaïne, l'Equateur est passé du statut de pays de transit de drogue à celui d'important centre de distribution vers l'Europe et les Etats-Unis. En 2021, les autorités ont saisi un nombre record de 210 tonnes de drogues, principalement de la cocaïne. Depuis le début de l'année, les saisies totalisent 160 tonnes.