«Donald Trump prône l’unité contre le racisme». Le titre, qui s’affichait en une du prestigieux New York Times, a enflammé les réseaux sociaux. Le discours du président américain, prononcé suite au massacre d’El Paso, visait à condamner la haine et le suprémacisme blanc. Une prise de parole suffisante pour changer la perception de Donald Trump? De nombreuses personnalités ont dénoncé une lecture faussée de sa déclaration, rappelant ses frasques et l’essence du trumpisme. Plus encore, elles s’inquiètent d’un manque de profondeur historique.

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Le locataire de la Maison-Blanche martèle que l’immigration correspond à une invasion. Le mois dernier, il attaquait quatre élues démocrates à coups de tweets racistes. L’une des politiciennes visées, Alexandria Ocasio-Cortez, a d’ailleurs critiqué le choix du New York Times: «Que cette première page nous rappelle à quel point la suprématie des Blancs est favorisée par la lâcheté des institutions dominantes.»

Menace de désabonnement

Une vague de réactions accompagnée d’une menace. Plusieurs internautes ont affirmé vouloir mettre fin à leur abonnement au vénérable quotidien, jusqu’à appeler leur communauté en ligne à les suivre dans cette démarche. Le titre a finalement été modifié dans la deuxième édition papier. Une nouvelle formule plus nuancée: Donald Trump s’attaque à la haine, mais pas aux armes à feu. Ce changement est intervenu au moment où la polémique enflait sur les réseaux sociaux. «Nous devions livrer un message nuancé dans un espace très restreint et dans des délais très serrés, et malheureusement, notre première tentative n’a pas bien fonctionné», admet Matt Purdy, rédacteur en chef adjoint du journal.

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Ce choix jugé maladroit illustre la difficulté des médias à couvrir l’actualité de la présidence. Un exercice périlleux présenté dans le documentaire Mission vérité – Le «New York Times» et Donald Trump, de Liz Garbus (proposé par Arte), qui présentait une plongée dans le quotidien du journal après l’investiture du président républicain. La rédaction empoignait ce «sujet en or» non sans difficultés. L’imprévisibilité du chef de l’Etat, ses provocations à répétition et sa politique demandent une attention de tous les instants. Le film montrait notamment les rapports de force entre la direction de New York et le bureau de Washington au sujet de la première page. Le titre de l’édition du lendemain était déjà un objet de discorde.