La descente aux enfers se poursuit pour Pedro Castillo. La Cour suprême péruvienne a ordonné, jeudi, sept jours de détention provisoire à l'encontre de l'ex-président destitué par le parlement mercredi puis arrêté après sa tentative de «coup d'Etat».

Les poursuites pour rébellion et conspiration viennent s'ajouter aux six autres enquêtes pour corruption ou trafic d'influence visant Pedro Castillo, infractions dont sont également accusés des membres de sa famille et de son entourage politique.

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Les forces de sécurité ont effectué des perquisitions à l'aube à la présidence et dans certains ministères, à la recherche de preuves contre lui, notamment des enregistrements de caméras de surveillance, au lendemain de sa tentative de dissolution du parlement et de gouvernance par décrets.

Pendant son audition jeudi en visioconférence devant la Cour suprême, l'ancien président de 53 ans a laissé la parole à ses avocats selon lesquels «le crime de rébellion n'a pas été commis» car il ne s'est pas matérialisé.

L'asile demandé au Pérou

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a confirmé, jeudi, des rumeurs selon lesquelles Pedro Castillo lui avait demandé l'asile politique dans l'ambassade de Lima avant d'être arrêté. Il a expliqué avoir demandé à son ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard de donner des instructions à la mission diplomatique de Lima pour que, «conformément à la tradition de l'asile», Pedro Castillo y soit accueilli. Mais, a-t-il ajouté, finalement «il n'a pas pu aller plus loin, il a été immédiatement arrêté».

Marcelo Ebrard, a ultérieurement indiqué que des consultations étaient en cours entre les gouvernements mexicain et péruvien pour accorder l'asile politique à Pedro Castillo.

«Nous avons ouvert des consultations avec les autorités péruviennes», a-t-il tweeté, précisant que Pedro Castillo avait fait sa demande par l'intermédiaire de son avocat. L'ambassadeur du Mexique à Lima, Pablo Monroy, a rencontré Pedro Castillo jeudi dans la prison où il est détenu, a-t-il fait valoir.

Des manifestations de soutiens

Réunis devant la base où est détenu Pedro Castillo, quelques-uns de ses partisans brandissaient des pancartes réclamant de nouvelles élections. Un millier de manifestants ont défilé dans les rues du centre-ville de Lima jeudi après-midi, réclamant la libération de Pedro Castillo.

«Pedro Castillo, le Pérou est avec toi» et «S'il n'est pas libéré, il y aura une révolution», scandaient les manifestants.

Les protestataires se sont rendus au siège du parlement où ils ont été dispersés par la police avec des gaz lacrymogènes. Au moins trois manifestants ont été interpellés, a constaté l'AFP.

Quelques centaines de personnes se sont également rassemblées dans deux villes andines du sud, dans des fiefs où celui qui fut instituteur en milieu rural 24 années durant jouit d'un soutien populaire, contrairement à la capitale.

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Mais ceux qui l'ont élu au second tour du scrutin de juin 2021 ne se sont pas mobilisés, ce jeudi étant un jour férié au Pérou. En seulement dix-sept mois de présidence qui ont vu la nomination de quatre premiers ministres, Pedro Castillo a suscité une réaction de rejet parmi 70% de la population, selon un récent sondage.

Des élections anticipées envisagées

Investie après la destitution de Pedro Castillo, sa vice-présidente Dina Boluarte - élue à ses côtés au sein du parti d'inspiration marxiste Pérou libre - était pressée d'agir jeudi pour former un gouvernement d'ouverture et confirmer la solidité des institutions.

La toute première femme à la tête de l'Etat de ce pays latino-américain a demandé une trêve à l'opposition pour «installer un gouvernement d'unité nationale» alors que le doute plane sur sa capacité à survivre à la tempête politique.

Si elle a dit sa volonté de gouverner jusqu'en «juillet 2026», date de la fin du mandat en cours de son prédécesseur, elle n'a pas écarté l'idée d'envisager des élections anticipées. «Nous examinerons les solutions alternatives sur (la) meilleure façon de réorienter le destin du pays», a répondu l'avocate de 60 ans, interrogée lors de sa première conférence de presse jeudi à Lima.

Dina Boluarte a reçu, jeudi, le soutien de l'Union européenne dans «tous les efforts visant à rétablir le dialogue et à renforcer l'Etat de droit et les institutions démocratiques au Pérou» mais aussi des Etats-Unis pour le «gouvernement d'union» qu'elle a «promis de former».