Venezuela
La Cour suprême vénézuélienne a ordonné mercredi l’arrestation de Julio Borges, et le placement en détention du député Juan Requesens

La Cour suprême vénézuélienne a ordonné mercredi «l’arrestation immédiate du député» Julio Borges, ex-président du parlement en exil, et lancé la procédure pour le juger, en pleine offensive du pouvoir contre l’opposition que le président Nicolas Maduro accuse d’avoir voulu l’assassiner. La cour a jugé qu’il existait «des éléments suffisants pour estimer qu’ont été commis des délits».
«Il n’y a pas eu d’attentat. Cela a été inventé par le gouvernement. C’est un rideau de fumée créé pour menacer, réprimer», a déclaré mercredi à l’Agence France Presse (AFP) à Bogota Julio Borges qui dénonce une «farce» et une «mise en scène». «Ils nous accusent de tout […] Parce que nous avons obtenu des sanctions» internationales de pays occidentaux contre le gouvernement Maduro.»
L’Assemblée constituante, créée pour neutraliser le parlement, seul organe du pouvoir vénézuélien aux mains de l’opposition, a privé de leur immunité les députés visés par des poursuites.
Le député Juan Requesens «kidnappé»
La cour s’est aussi déclarée favorable à des «poursuites» contre le député Juan Requesens, 29 ans, qui a milité avec Julio Borges dans le parti d’opposition Primero Justicia (la Justice d’abord). Il a été arrêté mardi par des membres de la police secrète.
«Sans aucun mandat d’arrêt, ils sont arrivés à la résidence et l’ont emmené par la force», a affirmé à des journalistes le père du député. Certains proches et membres de sa famille se sont rendus devant les locaux des services de renseignement, soupçonnant qu’il y soit détenu.
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Il est également impliqué par Nicolas Maduro dans la «tentative de magnicide», c’est-à-dire d’assassinat d’une personnalité de haut rang, selon les termes du procureur Tarek William Saab. L’attaque à l’aide de drones chargés d’explosifs avait pour but d’attenter, selon le gouvernement, à la vie du chef de l’Etat lors d’un défilé militaire à Caracas samedi.
Juan Requesens, qui fut l’un des meneurs parmi les étudiants lors de la vague de protestations de l’opposition qui a fait en quatre mois plus de 125 morts et des centaines de blessés en 2017, a été qualifié de «psychopathe» par Nicolas Maduro.
«Il s’agit d’un kidnapping, de la disparition forcée d’un député, du viol de son immunité. […] L’Assemblée constituante, illégitime, inconstitutionnelle, n’a pas le pouvoir de lever l’immunité», a réagi lors d’une conférence de presse mercredi le vice-président du parlement, Alfonso Marquina.
Dix-neuf personnes seraient impliquées dans l’attaque de drones
Selon le procureur, 19 personnes au total sont «directement liées» à cet attentat qui, selon le gouvernement, a été organisé à partir d’une ferme à Chinacota, en Colombie, par des personnes qui ont reçu 50 millions de dollars.
Le procureur a notamment cité deux «financiers» supposés de l’attaque, Rayder Ruso Marquez et un colonel à la retraite, Oswaldo Valentin Garcia, actuellement en Colombie, ainsi qu’une troisième personne, Osman Delgado Tabosky, dont il a demandé l’extradition auprès des Etats-Unis.
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Dès samedi, Nicolas Maduro a accusé l’opposition vénézuélienne et l’ex-président colombien Juan Manuel Santos d’être derrière cette attaque avec des fonds provenant des Etats-Unis. Bogota et Washington ont nié toute implication et l’opposition crie au montage.