C’est dans une certaine confusion que Donald Trump et son équipe de transition s’attellent à former sa nouvelle administration. Mercredi, la Trump Tower, qui s’érige sur la prestigieuse 5e avenue de Manhattan, toujours placée sous haute protection, était, une fois encore, au cœur de toutes les attentions. Et des rumeurs. C’est là que Donald Trump, qui occupe les trois derniers étages du gratte-ciel, et ses proches se réunissent pour procéder à d’importantes nominations.

Les tractations, à en croire CNN, se font dans une ambiance tendue et à «couteaux tirés». Mais le président élu a tenu à le démentir dans un tweet publié mardi soir: «Sélection de mon cabinet et d’autres postes très organisée. Je suis le seul à connaître les finalistes!».

Il y a pourtant un signe qui ne trompe pas: des proches du milliardaire new-yorkais, dont le haut conseiller à la Sécurité nationale Mike Rogers, pressenti un temps pour diriger la CIA, viennent de claquer la porte. Chris Christie, le gouverneur du New Jersey, a, lui, été écarté quelques jours plus tôt de l’équipe de transition.

Le rôle du beau-fils

Donald Trump a pour l’instant déjà annoncé la nomination du controversé Stephen Bannon, responsable du site ultraconservateur Breitbart, comme conseiller stratégique, ainsi que celle de Reince Priebus, chef du parti républicain, qui sera le futur secrétaire général de la Maison-Blanche. Et mardi, le nom de Rudy Giuliani, ancien procureur général, et maire de New York entre 1994 et 2001, circulait avec insistance pour le poste de Secrétaire d’Etat. Mais les heures ont passé, les journalistes ont attendu, et Mike Pence, le futur vice-président, a quitté la tour, sans la moindre déclaration. Les liens d’affaires de Rudy Giuliani – il aurait notamment signé d’importants contrats avec le Qatar – pourraient constituer un obstacle pour sa nomination à la tête de la diplomatie américaine.

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Un deuxième bal des prétendants

Un nouveau bal des prétendants s’est déroulé mercredi dans la Tour. Parmi les personnalités qui ont défilé figuraient Bill de Blasio, le maire de New York, et l’ancien dirigeant de la banque d’affaires Goldman Sachs, Steve Mnuchin, un des favoris pour le poste de secrétaire au Trésor.

Donald Trump doit à la fois montrer qu’il tiendra ses promesses de campagne, tenter de rassurer les républicains et donner des gages à ceux qui ne l’ont pas élu. Mais la composition même de son équipe de transition, qui se réunit à l’abri de toutes indiscrétions, suscite de nombreux commentaires. Mike Pence la dirige, mais Jared Kushner, le beau-fils de Donald Trump, mari d’Ivanka, semble y exercer une grande influence. C’est d’ailleurs lui qui a œuvré pour la nomination de Mike Pence au poste de vice-président, apparemment soucieux de rassurer l’establishment républicain. C’est aussi lui qui serait à l’origine des départs de Mike Rogers et Chris Christie. Ce dernier avait condamné son père pour évasion fiscale alors qu’il était procureur général.

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Accès aux informations secrètes

Surtout, Ivanka, ainsi que deux autres enfants de Donald Trump, Eric et Donald Jr, font également partie de la cellule. De quoi s’interroger sur leur rôle «politique» et des risques de conflits d’intérêts, alors qu’ils étaient censés reprendre les affaires de leur père. Une polémique a d’ailleurs éclaté quand la chaîne CBS News a affirmé qu’une demande avait été faite pour qu’ils puissent avoir accès aux informations classées. Pour cela, il faudrait qu’ils soient désignés par l’équipe présidentielle comme «conseillers du président sur les questions de sécurité nationale». Et si les enfants Trump obtenaient une fonction dans la nouvelle administration, une telle décision reviendrait à violer la loi contre le népotisme de 1967, s’accordent à dire des juristes. Donald Trump a nié mercredi avoir eu la moindre intention en ce sens.

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Le président élu semble constituer son gouvernement à la manière d’un homme d’affaires. Entouré de son clan – même son ex-femme Marla Maples y a été vue – et de ses fidèles. Rudy Giuliani, fervent soutien de Donald Trump pendant sa campagne, fait partie de l’équipe. Comme l’ex-candidat à la présidentielle Ben Carson ou encore Newt Gringrich, ancien président de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, le général à la retraite Michael Flynn et le sénateur Jeff Sessions. L’enjeu: recruter près de 4000 nouveaux membres de l’administration. Mais pour l’instant, l’équipe s’active surtout à balayer les accusations d’improvisation et d’impréparation. Et à faire croire que les discussions se déroulent dans une ambiance sereine et constructive, sans accrocs.