«La Chambre des députés, qui représente le peuple brésilien, s’est prononcée de façon claire et incontestable. Ce n’est en aucun cas une victoire personnelle, c’est une victoire de l’Etat de droit démocratique», s’est félicité Michel Temer à la télévision dès l’annonce du résultat.
Un résultat pourtant en décalage avec celui d’un sondage récent selon lequel 81% des Brésiliens souhaitaient que les députés se prononcent en faveur d’un procès.
Une réforme des retraites attendue
Malgré une cote de popularité au niveau abyssal (5%), le président semble avoir désormais une plus grande marge de manœuvre pour mettre en place les mesures d’austérité réclamées par les marchés pour sortir le Brésil d’une récession historique.
«Nous allons continuer à mettre en place les réformes dont le Brésil a besoin. Je travaillerai inlassablement, jusqu’à la dernière minute de mon mandat, en décembre 2018», a-t-il promis. La plupart des députés ayant voté contre l’ouverture d’un procès ont mis en avant la nécessité de mettre en place ces mesures, notamment la réforme des retraites, dont l’examen au parlement est au point mort en raison de la crise politique.
Premier président en exercice formellement accusé de corruption, Michel Temer, 76 ans, a de nouveau échappé au couperet, après avoir été blanchi par la justice électorale en juin.
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De graves accusations pèsent sur lui: selon le procureur général Rodrigo Janot, il s’est «prévalu de sa condition de chef d’Etat» pour recevoir 500 000 réaux (environ 140 000 euros) de pots-de-vin de la part du géant de la viande JBS. Malgré sa nette victoire dans le vote de mercredi, il reste cependant sous la menace de nouvelles accusations issues des révélations explosives de Joesley Batista, propriétaire de JBS, qui l’a piégé à l’aide d’un enregistrement compromettant.
Michel Temer à la recherche de soutiens
La séance qui a permis au président Temer de sauver son mandat s’est étendue sur près de treize heures, dans une ambiance délétère, marquée par des échauffourées entre députés. Malgré le climat de tension extrême, la partie semblait jouée d’avance, au moins pour les marchés. Peu avant le début du vote, la bourse de São Paulo a terminé la séance en hausse, dépassant les 67 000 points pour la première fois depuis le début du scandale impliquant Michel Temer en mai.
Le début de la séance a été marqué par des protestations bruyantes de la gauche réclamant la tête du président. Puis des parlementaires de tout bord – dont plus d’un tiers sont eux-mêmes visés par des enquêtes pour corruption – se sont lancés dans des diatribes.
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Bien que l’opposition ait réussi à retarder le début du vote par des manœuvres dilatoires, le quorum nécessaire a finalement été atteint.
Le président n’a pas ménagé ses efforts ces dernières semaines pour s’assurer du soutien d’une majorité de députés. Des ministres ont été réquisitionnés pour aller voter à la Chambre et de nombreuses, et coûteuses, faveurs auraient été accordées à des députés.
«Pour rester au pouvoir, Temer a sans doute dépensé autant que le PSG pour le transfert de Neymar», a ironisé Chico Alencar, député du PSOL, en référence à la clause libératoire de 222 millions d’euros que le club doit payer au FC Barcelone pour s’attacher les services du joueur brésilien.