La rencontre est historique. François a reçu Donald Trump ce mercredi matin au Vatican pour un entretien d’une trentaine de minutes. Une demi-heure durant, le contraste entre deux hommes parmi les plus puissants du monde est flagrant.

La différence entre deux figures que tout semble opposer se perçoit jusque dans leur humeur. La plus flagrante est captée sur la photographie officielle. Le pontife argentin présente des traits tirés et fermés quand le président états-unien arbore un large sourire. Selon des observateurs sur place, les relations se sont détendues à l’issue de l’entrevue en tête à tête. «Je n’oublierai pas ce que vous m’avez dit», a même affirmé Donald Trump à son hôte.

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Une forme de pression politique de la part de François

Mais les paroles échangées en privé ont été gardées secrètes. Seul un très court communiqué de presse du Saint-Siège fait état des thèmes abordés lors «des entretiens cordiaux», selon la formule classique utilisée au Vatican. Le texte officiel met en avant les sujets convergents entre le pape et le président, soit «l’engagement commun en faveur de la vie et de la liberté religieuse et de conscience». Ce qui n’a pas empêché les deux hommes de parler de «l’assistance aux immigrés», de «l’actualité internationale» et du «dialogue interreligieux» notamment.

Mais le pape a réservé un geste fort pour les caméras. Il a en effet offert à Donald Trump son encyclique Laudato si’, «sur la sauvegarde de la maison commune», un texte marquant l’engagement de l’Eglise dans la lutte contre le changement climatique. Alors que le président américain doit encore se prononcer sur les Accords de Paris sur le climat auxquels avait souscrit son prédécesseur Barack Obama, le cadeau de François a été lu comme une sorte de pression politique à deux jours du G7 à Taormine, en Sicile. La lutte contre le dérèglement climatique étant à l’agenda du sommet des principales puissances industrialisées.

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François a par ailleurs aussi offert à Donald Trump son dernier message pour la Journée mondiale pour la paix, au titre évocateur: «La non-violence, style d’une politique pour la paix». La promotion de la paix dans le monde étant l’un des engagements les plus forts du Vatican.

La question à Melania

Les traits du pontife se sont ensuite déridés devant la femme et la fille du président, Melania et Ivanka Trump, avec qui il a échangé de grands sourires. François s’est même permis une boutade en demandant à la première dame des Etats-Unis si elle nourrissait son mari de potica, un dessert typique de Slovénie, pays d’origine de l’ancien mannequin.

Pas d’entrée triomphale

Derrière Donald Trump, son épouse et sa fille se trouvait une importante délégation. Le convoi américain d’une quarantaine de véhicules est arrivé au Vatican à 8h15, une quinzaine de minutes avant la rencontre papale. Le rendez-vous était inhabituel. Il a eu lieu juste avant l’audience générale hebdomadaire du pape François devant plusieurs milliers de personnes. Pour s’accorder avec l’agenda américain, serré entre une visite au Proche-Orient et des réunions internationales à Bruxelles et en Sicile, le Saint-Siège s’est permis une entorse aux usages. La sécurité a dû être adaptée à ces conditions particulières. Le président américain a dû renoncer à une entrée triomphale et se contenter d’entrer au Vatican par la petite porte.

La même entrée, celle du «Perugino» au sud du petit Etat, qu’emprunte souvent le pape François à bord d’une discrète voiture, contrastant d’autant plus des impressionnants convois présidentiels classiques.

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