Etats-Unis
Joe Biden fait bien mieux que pronostiqué, Elizabeth Warren est la grande perdante de la soirée. Une chose est sûre: celui qui affrontera Donald Trump sera un homme blanc de plus de 77 ans

Le Super Tuesday démocrate a deux rois, mais l’un a une couronne qui brille bien plus: Joe Biden. Bernie Sanders et Joe Biden se sont livré un véritable duel mardi pour se départager les 14 Etats, les Samoa américaines et les démocrates de l’étranger qui ont voté. Le «socialiste» Bernie Sanders, favori dans les sondages nationaux, a remporté la Californie, l’Etat le plus peuplé, mais Joe Biden a enchaîné une impressionnante série de victoires, gagnant le plus grand nombre d’Etats. C’est lui la surprise de la soirée, avec dix Etats tombés dans son escarcelle – le Maine n’a pas tout à fait bouclé ses comptes, mais devrait pencher pour Joe Biden.
L’enjeu est important: pour décrocher l’investiture du parti et devenir celui qui affrontera Donald Trump, un candidat doit obtenir au minimum 1991 délégués sur les 3979 qui se prononceront en juillet, lors de la convention nationale. Or 1357 délégués sont attribués lors du seul Super Tuesday.
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Le chiffre magique de 15%
Les premiers résultats sont tombés vers 19h et se sont égrainés jusqu’au petit matin. «C’est une Biden Night!», ont très vite commenté des analystes politiques sur CNN. Le centriste, ancien vice-président sous Barack Obama, a pu bénéficier des défections de Pete Buttigieg, dimanche, et d’Amy Klobuchar, lundi. Les deux désormais ex-candidats se sont affichés à ses côtés, au Texas, appelant à voter pour lui. Lors des dernières primaires en Caroline du Sud, il avait brillé grâce au très fort soutien dont il bénéficie au sein de la communauté afro-américaine.
Ce sera l’un des deux
Joe Biden, 77 ans, ou Bernie Sanders, 78 ans. Sauf surprise lors des prochaines primaires, ce sera l’un des deux qui affrontera Donald Trump. Mike Bloomberg, 78 ans, était la grande inconnue de la soirée, pour avoir boudé les quatre premières primaires (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud). L’ex-maire de New York n’a pas totalement raté son test électoral, se plaçant souvent en troisième position, mais il n’a pas fait d’étincelles non plus. Il pourrait en tirer rapidement des conclusions.
Sa première victoire, en tout début de soirée, était les Samoa, qui ne pèsent pas lourd (six délégués). Mais les moyens considérables que le multimilliardaire a mis dans la campagne – déjà plus de 500 millions de dollars – lui ont permis d’envoyer sept délégués faire campagne pour lui sur place.
La déception Warren
La grande perdante du Super Tuesday est surtout Elizabeth Warren. Il y avait un chiffre magique à atteindre pour obtenir des délégués: 15%. Or non seulement, la sénatrice n’a remporté aucun Etat – même pas le sien, le Massachusetts, où elle n’obtient que la troisième place –, mais en plus elle n’a atteint ce chiffre que dans le Minnesota, le Massachusetts, le Colorado, l’Utah et le Maine. Quant à la cinquième candidate en lice, la controversée Tulsi Gabbard, elle a été tout simplement inexistante, ignorée par les médias. Qu’elle n’ait pas quitté la course à la Maison-Blanche avant le Super Tuesday reste incompréhensible. Anderson Cooper, journaliste phare de CNN, a une petite explication: elle chercherait à s’attirer les faveurs de Fox News, et à se faire engager comme commentatrice.
La Californie plus tôt
Pour la première fois, la Californie, l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis avec 44 millions d’habitants, a voté pendant le Super Tuesday. En 2016, la Californie avait tenu ses primaires en juin, alors que les jeux étaient déjà faits. En remportant l’Etat progressiste, et une bonne partie de ses 415 délégués, Bernie Sanders pouvait espérer ne pas se faire devancer par Joe Biden en nombre total de délégués. Mais, alors que les résultats ne sont pas encore définitifs, il figure pour l'instant bien en deuxième position seulement. Le Texas – 30 millions d’habitants et 228 délégués – était le deuxième Etat le plus disputé. Et c’est Joe Biden qui s’y est montré le plus populaire.
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«Je vous l’affirme avec une confiance absolue, nous allons remporter l’investiture démocrate et nous allons battre le président le plus dangereux de l’histoire de notre pays», a assuré, en milieu de soirée, Bernie Sanders depuis son bastion du Vermont, sans se montrer inquiet des bons résultats de son rival. Quelques minutes plus tard, Joe Biden a pris la parole sur scène depuis Los Angeles, très vif et combatif. Mais toujours aussi gaffeur. «D’ailleurs, ceci est ma sœur, Valérie», a-t-il déclaré, en prenant sa… femme par la main.