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Lors d’un rassemblement républicain à Las Vegas, l’ancien président a été tour à tour ovationné par le public et critiqué par des ténors du parti. Parallèlement, son compte Twitter a été rétabli à l’initiative d’Elon Musk, nouveau propriétaire du réseau social

L’ancien président Donald Trump a été ovationné debout samedi à Las Vegas (ouest des Etats-Unis), lors d’un rassemblement du parti républicain, mais plusieurs dirigeants conservateurs l’ont critiqué pour les récents résultats décevants aux élections de mi-mandat. Lors de son premier discours depuis l’annonce mardi de sa candidature à la Maison Blanche en 2024, il a loué son mandat et fait l’éloge de ses donateurs et de membres de la Coalition juive républicaine qui tient jusqu’à dimanche sa réunion annuelle à Las Vegas, dans le Nevada.
L’ancien président a refusé d’assumer la responsabilité des résultats électoraux des républicains, et notamment de ses poulains, aux «midterms» du 8 novembre. Il a, en revanche, déclaré que le parti républicain était «beaucoup plus grand et plus puissant qu’il ne l’était avant mon arrivée». Il a une nouvelle fois samedi remis en cause la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle en 2020. «L’élection a été truquée», a déclaré le milliardaire qui s’exprimait par connexion vidéo, mais le public, qui l’avait chaleureusement accueilli, n’a pas réagi à ces propos. Il a été ajouté à la dernière minute dans la liste des orateurs pour la réunion annuelle de la Coalition juive républicaine.
Ron DeSantis en étoile montante et Nikki Haley en outsider
Les «midterms» passées, la réunion de Las Vegas a fait office de podium pour ses rivaux potentiels en vue de la primaire républicaine de 2024. L’étoile montante de la droite dure, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, 44 ans, réélu triomphalement dans son Etat et qui est perçu comme l’un des principaux rivaux de Donald Trump, a vanté sa performance aux élections de mi-mandat. «Nous avons pris la tête chez les électeurs indépendants, nous avons obtenu des marges records chez les électeurs hispaniques. Nous avons emporté les banlieues dans toute la Floride», a-t-il lancé sous des applaudissements nourris alors que plusieurs participants à la réunion approchaient de l’estrade pour lui serrer la main.
L’ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ex-ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, 50 ans, a pour sa part déclaré qu’elle allait penser «sérieusement» à se lancer ou non dans la primaire. «J’ai chaque fois été l’outsider chaque fois qu’on me sous-estimait, c’est toujours amusant», a-t-elle dit. «Mais je n’ai jamais perdu une élection. Et ce n’est pas maintenant que je vais commencer».
«Nous devons arrêter cela maintenant»
Plusieurs responsables ont attribué à M. Trump la responsabilité des résultats mitigés des républicains aux «midterms». «J’ai une excellente politique pour le parti républicain. Arrêtons de soutenir des candidats inéligibles fous dans nos primaires», a déclaré le gouverneur du New Hampshire (nord-est), Chris Sununu, sans nommer Trump.
L’ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a été plus direct dans son discours et a insisté pour tenir Donald Trump responsable du résultat des élections de mi-mandat. «Donald Trump a choisi des candidats avec un critère, un seul. Il ne s’agissait pas de leur éligibilité, de leur expérience, de leur sagesse ou de leur charisme. (…) Mais s’ils croyaient ou non que l’élection présidentielle de 2020 a été volée. Si vous croyez en cela, je vous soutiens, sinon, je vous rejette», a lancé Chris Christie, qui s’est adressé à la foule quelques heures avant l’ancien président.
«Eh bien, laissez-moi vous dire, ce n’est pas ce que représente ce parti. Ce n’est pas ce qu’il devrait représenter à l’avenir. Nous devons arrêter cela maintenant. Nous perdons parce que Donald Trump s’est mis au-dessus de tout le reste», a-t-il mis en garde. Pour sa part, le gouverneur du Maryland Larry Hogan a une nouvelle fois critiqué Donald Trump dans son discours vendredi. «Même les partisans les plus ardents de Trump disent qu’ils en ont assez (…)», a-t-il fait valoir.
Pas de «vague rouge»
Aux élections de mi-mandat, le parti républicain avait promis une «vague rouge» qui éliminerait le parti démocrate des deux chambres du Congrès à Washington. Cependant, les républicains n’ont obtenu qu’une faible majorité à la Chambre des représentants, après que plusieurs candidats soutenus par Donald Trump ont été vaincus. Cela a été également le cas au Sénat – resté aux mains des démocrates – et dans des postes de gouverneurs considérés comme cruciaux.
Donald Trump avait été précédé samedi par l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et l’ancien secrétaire d’Etat Mike Pompeo – qui a servi sous l’administration Trump et auquel les observateurs prêtent aussi des ambitions présidentielles était également présent au rassemblement. «Notre parti a besoin de dirigeants forts, maintenant plus que jamais. Les personnalités, les célébrités, ne feront pas le travail», a-t-il dit vendredi, sans nommer Donald Trump.
Le compte Twitter de Donald Trump rétabli par Elon Musk
Elon Musk, nouveau patron de Twitter, a réhabilité samedi le compte de Donald Trump, banni du réseau social après l’assaut du Capitole à Washington en janvier 2021. «Le peuple s’est exprimé. Trump va être rétabli», a tweeté le fantasque entrepreneur sur son propre compte après le résultat d’un sondage lancé auprès de ses abonnés. Plus de quinze millions y ont répondu et 51,8% ont voté en faveur du «oui» au retour de l’homme politique républicain sur la plateforme. Quelques minutes après le message d’Elon Musk, le compte de Donald Trump était de nouveau visible, le dernier tweet datant du 8 janvier 2021.
The people have spoken.
— Elon Musk (@elonmusk) 20 novembre 2022
Trump will be reinstated.
Vox Populi, Vox Dei. https://t.co/jmkhFuyfkv
A la tête du réseau social depuis trois semaines, le multimilliardaire propriétaire de Tesla et de SpaceX notamment avait suggéré au lancement du sondage vendredi soir que son résultat pourrait influencer une décision sur le retour ou non de l’ancien chef d’Etat sur Twitter puisqu’il l’avait accompagné du message «Vox Populi, Vox Dei» (La voix du peuple est la voix de Dieu). Au nom de la liberté d’expression, il a déjà rétabli vendredi plusieurs autres comptes d’utilisateurs suspendus.
Peu après la finalisation du rachat de la plateforme pour 44 milliards de dollars fin octobre, le dirigeant avait assuré qu’aucune décision majeure sur les contenus ou réactivation de compte n’aurait lieu sans l’intervention d’un conseil dédié. Un geste destiné entre autres à rassurer les annonceurs, principale source de revenus du groupe. Il n’a pas indiqué publiquement si ce conseil avait été établi.
Trump reste sur Truth Social
Twitter avait banni Donald Trump le 8 janvier 2021, deux jours après l’invasion du Capitole par ses partisans, face au «risque de nouvelles incitations à la violence». Estimant que cette sanction constituait «une décision mauvaise moralement et insensée à l’extrême», Elon Musk avait évoqué dès mai un possible retour de l’ex-président républicain sur la plateforme.
Alors que de nombreuses associations, autorités et annonceurs craignent que les contenus ne soient plus suffisamment modérés sur le réseau social, laissant libre cours à la désinformation, au harcèlement et à d’autres abus, l’homme d’affaires était attendu au tournant sur le sujet. «Vous trahissez notre démocratie», a ainsi réagi, sur Twitter, le président de l’organisation de défense des droits civiques NAACP Derrick Johnson, affirmant que les abonnés d’Elon Musk «ne représentent pas l’Amérique».
You are failing our democracy.
— Derrick Johnson (@DerrickNAACP) 20 novembre 2022
Your garbage poll means nothing. Did people outside the US vote? Did you reach out to marginalized communities—the targets of Trump’s rhetoric—for their input? Your followers don’t represent America.
If you run Twitter like this, God help us all. https://t.co/v8DsB9vtza
Tout en se réjouissant qu’avec Elon Musk, Twitter soit «entre de bonnes mains», Donald Trump a toutefois affirmé ces derniers jours qu’il resterait sur son réseau Truth Social, qu’il avait lancé après son éviction de Twitter. Même si cette plateforme, où il compte 4,57 millions d’abonnés, ne lui offre qu’une petite caisse de résonance comparativement à Twitter où il en comptait plus de 88 millions.
Lors de son intervention samedi au rassemblement de la Coalition juive républicaine à Las Vegas, le candidat républicain a salué l’initiative, et Elon Musk. «Je l’aime bien (…). Vous savez, c’est un sacré personnage et j’aime les sacrés personnages», a-t-il dit. Mais il a son propre réseau maintenant, a-t-il ensuite fait valoir. Sur Truth Social justement, il avait encouragé ses abonnés à «voter avec positivité» avant d’ajouter: «Mais ne vous inquiétez pas, nous n’allons nulle part. Truth Social est spécial.»