Brésil
Une descente de la police militaire brésilienne visant à capturer des chefs de gangs a fait 22 morts dans le nord de Rio de Janeiro, dont une habitante victime d'une balle perdue

Le président brésilien Jair Bolsonaro a félicité les «guerriers» qui ont mené une opération policière dans une favela, dont le bilan s'est alourdi à 25 morts mercredi. Dans un tweet, le président d'extrême droite s'est dit indigné de «l'inversion de valeurs d'une partie des médias», qui «exempte les malfrats de toute responsabilité». «La gauche ne veut pas que vous vous rendiez compte de la réalité du trafic de drogue au Brésil. Ils diabolisent la police et traitent les criminels comme s'ils étaient des victimes, et non pas des bandits cruels lourdement armés qui méprisent les lois, oppriment, extorquent, menacent et tuent n'importe qui sans la moindre crainte.»
Vingt-deux personnes ont été tuées, mardi matin, lors d’une opération policière dans la favela Vila Cruzeiro, dans la zone nord de Rio de Janeiro, a annoncé la police militaire. Selon la police, au moins onze victimes étaient des «suspects» et une habitante de la favela a été atteinte par une balle perdue.
À la mi-journée, le bilan provisoire de ce raid dans la favela de Vila Cruzeiro s'élevait à onze morts, mais il a doublé en quelques heures, de nombreux cadavres ayant été transportés dans l'après-midi vers un hôpital tout proche.
La police militaire, qui mène fréquemment ce genre d’opérations matinales dans les favelas de Rio contre les narcotrafiquants, a assuré avoir été accueillie par des tirs alors qu’elle entamait une opération destinée à «localiser et capturer des criminels».
«C'était une opération prévue depuis des semaines, mais nous avons identifié des déplacements de criminels pendant la nuit et nous avons décidé d'intervenir», a expliqué le colonel Luiz Henrique Marinho Pires, qui a précisé que les suspects s'apprêtaient à fuir vers une autre favela. Il a également révélé qu'un hélicoptère utilisé par les policiers lors de l'opération avait été atteint par plusieurs balles.
Le «Comando Vermelho» ciblé
La fusillade la plus intense a eu lieu à l'aube dans la partie haute de la favela, au sommet d'une colline où la forêt tropicale est barrée d'un chemin de terre. Certains suspects auraient été abattus dans la forêt, ce qui expliquerait qu'un grand nombre de corps ont été retrouvés plus tard dans la journée.
Parmi les suspects recherchés, figurent des «chefs de gangs cachés dans la favela», certains d’entre eux «originaires d’autres régions du Brésil», notamment du nord-est.
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Selon le site d’informations G1, l’opération visait mardi particulièrement le «Comando Vermelho» (commando rouge), l’une des principales factions criminelles du pays. La police a fait état de fusillades dans la partie haute de Vila Cruzeiro, «y compris dans la forêt» qui recouvre une partie de la colline. Treize fusils d'assaut, quatre pistolets, vingt motos et dix voitures ont été saisis lors de l'opération, mais la police n'a pas fait état de la moindre arrestation.
Des opérations musclées synonymes de bavure
Il s’agit du raid le plus meurtrier depuis un an à Rio. En mai 2021, une opération policière dans la favela de Jacarezinho, à environ 10 km de Vila Cruzeiro, avait fait 28 morts, dont un policier, le bilan le plus lourd de l'histoire de la ville.
Lors de ces opérations musclées de la police militaire de Rio, des habitants et militants associatifs dénoncent souvent des bavures ou des exécutions extrajudiciaires de suspects, des exactions la plupart du temps impunies.
La police brésilienne est l'une de celles qui tue le plus au monde, avec plus de 6100 morts en 2021, soit 17 par jour en moyenne. Les policiers de Rio étaient censés porter des caméras-piétons sur leurs uniformes à partir de ce mois de mai, mais l'utilisation de ce matériel a été reportée en raison de retards de livraison, selon la presse locale.