La jeune Vénézuélienne devait rentrer mardi dernier en Suisse, son pays de résidence depuis sept ans: elle ne s’est pas présentée au départ de l’avion à Caracas. Mercredi 11 janvier peu avant midi, Steyci Escalona Scheuber, 31 ans, domiciliée à Zurich, a été arrêtée sur une route de province par la très redoutée police politique du régime chaviste, le Service bolivarien de renseignement national (Sebin). Transférée dans une prison de l’Etat de Carabobo, elle est aujourd’hui accusée de rébellion et de détention d’armes.

Campagne internationale de récolte de signatures

Après des études en communication à Valencia, dans l’ouest du Venezuela, Steyci Escalona est devenue travailleuse sociale, dans son pays d’abord, puis en Suisse, où l’a conduite son mariage. Tout en se consacrant au quotidien à l’accompagnement de jeunes enfants, elle s’est engagée dans le combat politique qui déchire sa patrie, une lutte de plus en plus tendue entre le régime autoritaire de Caracas et une large coalition d’opposition, majoritaire depuis une bonne année au parlement. Cette activité l’a conduite à coordonner récemment une campagne internationale de récolte de signatures en faveur des droits de l’homme, #AbajoCadenas (#Abasleschaînes), puis à se rendre en délégation au Parlement européen afin d’y délivrer les quelque 5000 paraphes recueillies.

La jeune femme est retournée au Venezuela le 22 décembre dernier pour y passer les Fêtes en compagnie de sa famille, comme elle le fait chaque année. Elle a profité de son séjour pour retrouver son mentor politique, le député Gilber Caro, du parti de centre-gauche Voluntad Popular. Elle est ensuite partie avec lui en voiture pour la ville colombienne de Cucuta, dans l’intention, assurent ses proches, d’y acheter de ces produits alimentaires qui font tant défaut actuellement aux Vénézuéliens, et de les ramener à sa famille. C’est sur le chemin du retour, dans la commune de Naguanagua, que son véhicule a buté sur un barrage de la police.

Appel à la Confédération

Les récits divergent sur la suite des événements. Le Sebin assure avoir trouvé des armes et des explosifs dans la voiture, un équipement qui pourrait, selon ses agents, avoir été ramené de Colombie. Mais les proches de Steyci Escalona rejettent vivement ces accusations en assurant que les deux détenus n’ont «absolument pas le profil de guérilleros» et en rappelant que la police politique vénézuélienne a l’habitude de créer de toutes pièces des indices pour neutraliser l’opposition. D’aucuns l’accusent même de remplir ses cellules dans le but d’utiliser ses prisonniers comme monnaie d’échange lors d’un futur marchandage.

Quelques dizaines de personnes ont manifesté lundi dans trois villes de Suisse, Genève, Bâle et Lucerne, pour dénoncer l’incarcération de Steyci Escalona et demander à la Confédération d'«intervenir immédiatement» en sa faveur auprès du régime chaviste. Contactée quelques heures plus tôt, l’ambassade du Venezuela à Berne a assuré n’avoir pas été mise officiellement au courant de l’affaire et ne l’avoir suivi jusqu’ici qu’à travers la presse.