Une manoeuvre «vile» et «grossière»
Pour Juan Guaido, qui a reçu le soutien d'une cinquantaine de pays dont celui des Etats-Unis, cette manoeuvre «vile» et «grossière» vise à «l'intimider»: «Ils ont arrêté Roberto Marrero, mon chef de cabinet, en l'accusant de détenir deux fusils et une grenade déposés (intentionnellement) chez lui», avait tweeté dès l'aube Juan Guaido, engagé dans un bras de fer avec Nicolas Maduro depuis deux mois. «Ils veulent m'intimider? Ils veulent venir me prendre? Qu'ils viennent (mais) ils ne pourront nous dévier de la route que nous sommes en train de tracer», a ensuite déclaré l'opposant à la presse.
A los funcionarios del SEBIN, a la jueza encargada y a los fiscales: ustedes no están obligados a cumplir órdenes inconstitucionales ni a ser cómplices de crímenes que no prescriben. Cometieron un grave error. Evalúen sus acciones y liberen a @ROBERTOMARRERO.#MarreroSecuestrado pic.twitter.com/iBZmB59eFb
— Juan Guaidó (@jguaido) 21 mars 2019
Pour lui, le gouvernement veut instiller «la peur» dans les rangs de l'opposition mais expose sa «faiblesse» en agissant ainsi. Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale dominée par l'opposition, avait lui-même été arrêté par les services de renseignement vénézuéliens (Sebin) le 13 janvier lors d'une opération spectaculaire en pleine autoroute, avant d'être relâché une heure après.
Condamnations
L'arrestation de Roberto Marrero a été condamnée par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo: «Nous appelons à sa libération immédiate. Ceux qui le retiennent devront rendre des comptes», a-t-il mis en garde via Twitter.
The United States condemns raids by Maduro’s security services and detention of Roberto Marrero, Chief of Staff to Interim President @jguaido. We call for his immediate release. We will hold accountable those involved.
— Secretary Pompeo (@SecPompeo) 21 mars 2019
«Nous ne tolérerons pas l'emprisonnement ou l'intimidation par Maduro du gouvernement légitime du Venezuela», a renchéri le vice-président américain Mike Pence.L'ONU a cependant invité à «empêcher toute escalade»: «Nous renouvelons notre appel à ce que tous les acteurs au Venezuela prennent des mesures immédiates pour apaiser les tensions», a déclaré un porte-parole à New York.L'Union européenne a réclamé une «libération immédiate et inconditionnelle» de l'opposant. La France a insisté sur «l'arrêt de la répression contre l'opposition» alors que les organisations de défense des droits de l'homme dénoncent les arrestations et détentions sans jugement dans le pays.
Un raid musclé
Roberto Marrero, avocat de profession, a été arrêté lors d'une opération du Sebin à son domicile ainsi qu'à celui, non loin de là, du député d'opposition Sergio Vergara dans le quartier résidentiel de Las Mercedes à Caracas. Un chauffeur du Parlement, Luis Paez, 24 ans, arrêté en même temps que Roberto Marrero, fait l'objet des mêmes accusations.Lors de son arrestation, Roberto Marrero «a crié que (les membres du Sebin) avaient déposé chez lui deux fusils et une grenade. Ils l'ont emmené et je lui ai dit de rester fort», a déclaré Sergio Vergara à la presse. Selon le député, une quinzaine d'agents l'ont jeté au sol et ont «visité» sa maison, puis l'ont interrogé sur le domicile de Roberto Marrero. Au cours de cette opération, qui a duré deux heures selon lui, deux procureurs étaient présents, a-t-il ajouté. «Ils ont commencé à enfoncer (l'entrée de) la maison de Roberto Marrero, qui se trouve à quelques mètres de la mienne, jusqu'à ce qu'ils réussissent à entrer», a-t-il déclaré. «Depuis, la dictature retient ces deux citoyens», a conclu Sergio Vergara.Juan Guaido s'est rendu jeudi matin au domicile de son collaborateur, une maison aux murs blancs. Au niveau de la porte d'entrée, le mur était abîmé et l'intérieur de la maison était sens dessus dessous, a constaté l'AFP.
«Toutes les options»
Cette arrestation intervient alors que le Venezuela est plongé dans une profonde crise politique depuis que Juan Guaido s'est proclamé président par intérim le 23 janvier, en contestant la régularité de la réélection de Nicolas Maduro, entachée de fraudes selon lui. Juan Guaido a plusieurs fois affirmé qu'il était prêt à autoriser une intervention militaire étrangère.Le président américain Donald Trump a réitéré mardi que «toutes les options» étaient examinées pour faire partir Nicolas Maduro du pouvoir. «C'est honteux ce qui se passe au Venezuela --l'endettement et la destruction et la famine», a-t-il ajouté.Washington impose au Venezuela des sanctions économiques et a décrété un embargo sur le pétrole, exportation cruciale pour l'économie du pays, qui doit entrer en vigueur le 28 avril. L'ONG de défense des droits de l'homme Foro Penal a décompté cette semaine 866 personnes détenues pour des raisons politiques au Venezuela et sans jugement pour la plupart.