Une réunion de la dernière chance sur la division de l'île de Chypre annulée.
Delphine Nerbollier, Istanbul
Qui est responsable de l'annulation du sommet chypriote qui devait se tenir dimanche et lundi à Helsinki et qui s'était donné pour but d'éviter le déraillement du train turc vers l'Union européenne? Le porte-parole du gouvernement finlandais, Mikko Norros, n'a donné aucune explication si ce n'est «l'incapacité d'avoir tout le monde à la même table».
La présidence tournante de l'UE avait invité les ministres des Affaires étrangères de Turquie, de la République de Chypre et de la République turque de Chypre du Nord, un Etat que seul Ankara reconnaît. Quelques minutes après cette annonce, un responsable européen pointait la responsabilité de cet échec sur la Turquie. Mardi, le ministre des Affaires étrangères turc, Abdullah Gül, avait en effet déclaré que ce sommet concernait les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs et que la Turquie, tout en soutenant l'initiative finlandaise, ne voyait aucune raison d'y participer, mais promettait de s'impliquer dans les étapes suivantes. Pour compliquer la donne, le président chypriote grec, Tassos Papadopoulos, avait de son côté refusé de s'asseoir à la même table que les Chypriotes turcs, souhaitant uniquement discuter avec Ankara.
De son propre aveu, cette annulation n'a pas surpris Mehmet Ali Talat, le leader des Chypriotes turcs, qui a rejeté hier la responsabilité sur Nicosie. «Les Chypriotes grecs n'ont pas voulu rencontrer les Chypriotes turcs. Tassos Papadopoulos a répété que son interlocuteur était la Turquie, ce qui est une illusion. C'est pour cela que la réunion a été annulée. Sans la participation des Chypriotes turcs, ce genre de réunion ne peut avoir lieu. Le problème chypriote n'est pas celui de la Turquie avec les Chypriotes grecs mais celui de quatre parties: la Turquie, la Grèce, les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs.»
Quels que soient les fautifs, Ankara risque de payer les pots cassés de cet échec alors que Bruxelles exige de la Turquie qu'elle ouvre ses ports et ses aéroports aux bateaux et avions chypriotes grecs d'ici à la fin de l'année. La Turquie, qui conditionne cette ouverture à la levée de l'isolement des Chypriotes turcs comme l'avait promis l'UE en 2004 après le référendum de l'ONU, vient peut-être de perdre une occasion de trouver un compromis... même temporaire. Et cela à quelques jours du rapport que doit rendre la Commission européenne sur l'avenir des relations entre l'UE et Ankara.