Un milliard d'euros: c'est le montant alloué chaque année par l'Etat français à la presse écrite. Une somme conséquente - 1,57 milliard de francs suisses, 10% du chiffre d'affaires du secteur - qui égale celle que le gouvernement doit trouver d'urgence pour renflouer la banque Dexia.

Malgré cette aide, la plupart des journaux perdent de l'argent et des lecteurs, la publicité baisse, les investissements sont insuffisants. La faute, disent les éditeurs, au système conçu à la Libération, qui rend exorbitants les coûts d'impression et de distribution.

Nouvel environnement

A l'époque, les autorités devaient gérer la pénurie de papier, ménager le Parti communiste (dont le syndicat CGT tenait les imprimeries) et empêcher la reconstitution des trusts d'avant-guerre. Depuis, «l'environnement économique et sociétal de la presse a complètement changé», a noté Nicolas Sarkozy en ouvrant, jeudi, une vaste consultation baptisée «Etats généraux de la presse écrite».

Le président s'intéresse aux médias. Il a un temps voulu devenir journaliste, et a publié des articles sous pseudonyme lorsqu'il était en disgrâce, dans les années 1990 («il n'y a aucune solidarité entre les ministres, écrivait-il, ils sont tous tétanisés par la peur de commettre la moindre gaffe»). La modernisation de la presse lui semble inséparable de son projet de modernisation de la France. Si le pouvoir doit s'en mêler, c'est parce que «ce qui est mauvais pour la presse est mauvais pour la démocratie».

Dans les propositions soumises aux Etats généraux, on trouve la création - aujourd'hui interdite - de groupes combinant télévision, radio et presse écrite, la vente de journaux dans les supermarchés, la révision du statut des ouvriers imprimeurs, que certains trouvent trop bien payés. Le «saupoudrage» des aides publiques devrait être discuté.

Pour l'instant, les éditeurs sont ravis. Lorsque Nicolas Sarkozy est apparu pour leur lire son discours, ils se sont levés comme un seul homme. Qui a dit que la presse française était aux ordres?