La chute de Kaboul: le suivi du lundi 16 août
Asie
Joe Biden défend le retrait de ses troupes du pays et annonce qu’il défendra les ressortissants américains en usant de la force si nécessaire. Plus tôt, le président français a évoqué l'«urgence absolue», celle de procéder à l’évacuation des Français. Vingt-six Suisses seraient encore dans le pays. A Kaboul, l’aéroport a été pris d’assaut

Les principales informations à 21h00
L’Afghanistan se trouvait lundi aux mains des talibans. «Les talibans ont gagné», a reconnu dimanche soir le président, parti dimanche matin et qui se trouverait désormais au Tadjikistan.
L’entrée redoutée des talibans a provoqué un vent de panique dans la capitale, où des milliers d’habitants s’efforçaient de fuir, s’agglutinant notamment à l’aéroport où des scènes de chaos ont été rapportées.
Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères, s’est exprimé à 17 heures. La Suisse tente de rapatrier 30 collaborateurs afghans ainsi que leur famille et est en contact avec 26 citoyens suisses toujours sur place.
L’ONU, par la voix de son secrétaire général, Antonio Guterres, a appelé la communauté internationale à s’unir pour «supprimer la menace terroriste» en Afghanistan.
En France, le président Emmanuel Macron s’est exprimé à 20 heures, et aux Etats-Unis, Joe Biden a pris la parole vers 21h45 (heure suisse).
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■ L’allocution de Joe Biden
Le président Joe Biden a fermement défendu sa décision de retirer les troupes américaines d’Afghanistan, et ce malgré la prise de Kaboul par les talibans qui s’est ensuivie. «Nous sommes allés en Afghanistan il y a 20 ans, rappelle-t-il. Notre mission était claire: demander des comptes à ceux qui nous ont attaqués et s’assurer qu’Al-Qaida n’utilise pas l’Afghanistan comme base arrière.» Les Etats-Unis n’ont jamais eu comme objectif de «construire une nation» en Afghanistan, mais «d’empêcher une attaque terroriste aux Etats-Unis.»
Joe Biden a poursuivi son discours en soulignant le fait qu’il a hérité d’un accord négocié par son prédécesseur, Donald Trump, avec les talibans: que les forces américaines se retirent.
J’ai appris à contrecœur qu’il n’y avait jamais de bon moment pour retirer les forces américaines
Il résume: «Nous devions nous retirer ou bien risquer d’exacerber ce conflit pendant plusieurs décennies. Donc je défends ma décision.» Le président américain concède «que tout cela – la prise de pouvoir des talibans – s’est déroulé plus rapidement que nous ne l’avions prévu: le président a fuit, l’armée afghane s’est effondrée.» Des faits qui le confortent dans sa prise de décision.
Nous leur avons donné tous les moyens de construire leur avenir, mais nous ne pouvions pas leur offrir la volonté de se battre pour leur avenir
Pour Joe Biden, «les forces américaines ne peuvent pas mener une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre eux-mêmes.» Le président estime que ses «adversaires», la Chine et la Russie, «n’aimeraient rien de plus que – le fait que – les Etats-Unis continuent de financer ad infinitum cette guerre sans fin […] Mais combien de vies américaines me demandez-vous de mettre en péril? Ma réponse est très claire: je ne répéterai pas les erreurs du passé.»
Après 20 ans de bain de sang, nous allons mettre un terme à nos opérations militaires.
«Je suis aujourd’hui le 4e président américain qui mène cette opération et je refuse de léguer cette guerre au prochain président», déclare-t-il, honorant du même coup l’une de ses promesses de campagne.
Joe Biden indique que son pays se concentrera uniquement sur le peuple afghan, sur la diplomatie et sur l’humanitaire. Six mille militaires ont été déployés sur le terrain pour permettre l’évacuation «des Américains et de nos alliés» présents sur ce territoire.
Le président américain a ensuite menacé les talibans de représailles si ces derniers venaient à perturber les opérations d'évacuation en cours à l'aéroport de Kaboul. En cas d'attaque, la réponse sera «rapide et puissante». Joe Biden a promis de défendre les ressortissants américains avec un usage «dévastateur de la force si nécessaire».
■ L’allocution d’Emmanuel Macron
Le chef d’État français a entamé sa prise de parole en qualifiant la situation afghane de «tournant historique.» Le président de la République a décidé d’envoyer «deux avions militaires et de nos forces spéciales» à Kaboul, «dans les prochaines heures.»
Il a rappelé que la dernière intervention internationale a eu lieu il y a vingt ans, suite aux attentats du 11 septembre 2001 et au refus des talibans de l’époque de livrer Ben Laden, l’organisateur de ces attentats. «Notre combat était juste et c’est l’honneur de la France de s’y être engagé.» Le président de la République a tenu à rendre hommage aux militaires décédés en Afghanistan. «Nous n’oublierons pas nos soldats, nous n’oublierons pas nos morts, 90 au total.»
Nos interventions militaires n’ont pas vocation à se substituer à la souveraineté des peuples ni à imposer la démocratie de l’extérieur mais à défendre la stabilité internationale et notre sécurité
L'«urgence absolue» selon lui est de procéder à l’évacuation des Français présents sur le territoire. Une opération qui a commencé ces derniers jours. «Nous sommes en contact avec tous les Français qui voudraient rejoindre le sol national, qu’ils se trouvent à l’aéroport militaire, à l’aéroport civil ou sur le site de l’ambassade […] Les employés afghans des structures françaises qui pouvaient être menacés, ainsi que leurs familles, plus de 600 personnes au total, ont aussi pu être accueillis et pris en charge dans notre pays.»
Mais aussi les personnels civils afghans qui ont travaillé pour l’armée française ainsi que leurs proches. «C’est notre devoir et notre dignité de protéger qui nous aide: interprètes, chauffeurs, cuisiniers et tant d’autres, poursuit-il. Des artistes, journalistes ou militants sont aussi menacés en raison de leur engagement. Nous les aiderons parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles qui partagent nos valeurs.»
L’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été
L’action de la France «visera d’abord à continuer de lutter activement contre le terrorisme islamiste sous toutes ces formes», résume-t-il. Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et «chercheront à tirer profit de la déstabilisation.» Le président français appelle ainsi à «une réponse – internationale — responsable et unie»
C’est un enjeu pour la paix et la stabilité internationale, contre un ennemi commun, le terrorisme et ceux qui le soutiennent; à cet égard, nous ferons tout pour que la Russie, les Etats-Unis et l’Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont les mêmes
La déstabilisation de l’Afghanistan risque d’entraîner des flux migratoires irréguliers vers l’Europe. Emmanuel Macron a alors lancé un appel à l'«anticiper», mentionnant l’élaboration d’un «réponse robuste» avec l’Allemagne et d’autres pays européens et d’une coopération «avec les pays de transit».
■ Des centaines de personnes manifestent contre les talibans à Berne
Environ 400 personnes ont participé ce lundi, en fin d’après-midi, à un rassemblement contre les talibans organisé devant le Palais fédéral. Les manifestants ont notamment scandé «A bas les talibans» et «Nous ne voulons pas de la charia.»
Sur des banderoles, ils et elles ont réclamé un soutien pour les habitants et habitantes du pays. Un orateur a abondé dans le même sens, affirmant que des millions d’Afghans étaient contre les nouveaux dirigeants du pays.
La manifestation, autorisée par la ville de Berne, avait été organisée par un groupe d’Afghans exilés appelé «Ma vie en Suisse» et le Réseau de solidarité avec les migrants basé à Berne.
Mortaza Shahed, de «Ma vie en Suisse», a déclaré à l’agence d’information Keystone-ATS en marge de la manifestation que le plus important à ses yeux serait que la Suisse développe l’aide humanitaire dans les États voisins de l’Afghanistan. A l’heure actuelle, peu de choses peuvent être faites dans le pays lui-même en raison de la présence des talibans, a-t-il estimé.
Le Réseau de solidarité avec les migrants a également demandé des solutions à long terme pour les Afghans vivant en Suisse qui se sont vu refuser l’asile. Mortaza Shahed a poursuivi en disant que personne en Afghanistan ne faisait confiance aux talibans et que les prochains mois montreraient comment ils se comportent.
■ 46 avions et hélicoptères afghans forcés d’atterrir à la frontière ouzbèke
L’Ouzbékistan a fait atterrir «de force» 22 avions et 24 hélicoptères militaires afghans ayant traversé la frontière avec 585 soldats à leur bord, samedi et dimanche, au moment où les talibans prenaient le contrôle de l’Afghanistan, déclare le procureur général.
Ces appareils ont «traversé illégalement l’espace aérien de la République d’Ouzbékistan» et ont été contraints de se poser à l’aéroport international de Termez, dans le Sud, précise-t-il dans un message sur sa chaîne Telegram.
Le procureur de l’ex-république soviétique d’Asie centrale ajoute qu’un avion militaire afghan s’est écrasé dans la province de Sourkhondario, dans le Sud, suite à une collision entre un avion afghan et un des avions envoyés par les autorités pour les escorter jusqu’à l’aéroport. «Les pilotes de ces appareils ont atterri en parachute.»
Le Tadjikistan, une autre ex-république soviétique d’Asie centrale, a pour sa part indiqué aux agences de presse russes avoir autorisé l’atterrissage de plusieurs avions de l’armée afghane ayant lancé «un signal de détresse.» Plus de cent militaires d’Afghanistan auraient ainsi débarqué à l’aéroport de Bokhtar, au sud du pays, indique le ministère tadjik des Affaires étrangères.
■ Boris Johnson souhaite une réunion virtuelle des dirigeants du G7
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé ce lundi à organiser une rencontre virtuelle des dirigeants du G7 – l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et l’Union européenne – «dans les prochains» jours afin d’aboutir à une «approche unifiée.» Le dirigeant conservateur s’est entretenu avec le président français Emmanuel Macron et a «souligné la nécessité pour la communauté internationale de se rassembler et d’adopter une approche unifiée sur l’Afghanistan, à la fois en termes de reconnaissance de tout futur gouvernement et – pour – empêcher une crise humanitaire», ont indiqué ses services.
Le Royaume-Uni a déployé 600 soldats pour assurer l’évacuation de ses ressortissants et de son personnel local. Un premier vol est arrivé dimanche soir sur la base de Brize Norton, dans le centre de l’Angleterre. «Nous avons évacué 370 employés et citoyens britanniques hier et avant-hier», a précisé le ministre, ajoutant qu’un groupe de 782 Afghans sera évacué du pays «dans les prochaines 24 à 36 heures […] Notre objectif est d’atteindre 1 200 à 1 500» personnes évacuées par jour, a-t-il affirmé. Sur la radio LBC, il a cependant reconnu, manifestement ému, que «certains ne pourront pas rentrer.»
■ Ignazio Cassis: «La Suisse fait tout pour mettre ses collaborateurs locaux en sécurité»
«Nous essayons par tous les moyens possibles de rapatrier une trentaine de collaborateurs afghans et leur famille soit environ 200 personnes au total, a annoncé à la presse lundi après-midi Ignazio Cassis à l’issue d’une séance avec la commission de politique extérieure du Conseil des Etats. Mais les moyens sont limités, beaucoup de pays tentent également de faire sortir des gens d’Afghanistan et seul l’aéroport militaire est accessible.» Au total, 38 employés locaux et leurs familles sont concernés. Il s’agit de 230 personnes qui devraient obtenir un visa humanitaire. Leur vie est en danger, les talibans pouvant les considérer comme des collaborateurs occidentaux.
Les trois derniers collaborateurs de la Direction du développement et de la coopération (DDC) encore à Kaboul ont rejoint Doha, au Qatar, dans un avion militaire américain. Ils seront rapatriés en Suisse prochainement, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères un peu plus tôt dans la journée. Ils ont bénéficié du dispositif d’évacuation de l’ambassade d’Allemagne. Les trois autres Suisses du bureau de coordination de la DDC sont déjà rentrés. Il ne reste plus aucun collaborateur helvétique du DFAE en Afghanistan.
Lire aussi: Retour sur deux décennies de conflit en Afghanistan
Il reste en outre encore une trentaine de ressortissants suisses en Afghanistan. Vingt-six se sont enregistrés auprès de l’ambassade de Suisse au Pakistan, compétente en matière consulaire. Les personnes qui ont besoin d’aide doivent prendre contact avec elle.
La Suisse est préoccupée par la situation actuelle, a ajouté Ignazio Cassis. La DDC a fermé son bureau, mais elle devrait reprendre son travail sur le terrain au plus vite avec des partenaires locaux et internationaux, les besoins étant importants dans la région. Le niveau élevé de violence contribue de manière significative à la détresse de la population afghane et augmente le nombre de personnes déplacées cherchant sécurité et protection. L’aide humanitaire doit être maintenue, a souligné le chef du DFAE.
■ L’ONU: «Le monde doit s’unir pour combattre la menace terroriste»
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé lundi la communauté internationale à s’unir pour «supprimer la menace terroriste» en Afghanistan, après le retour au pouvoir des talibans dans le pays. «La communauté internationale doit s’unir pour s’assurer que l’Afghanistan ne soit jamais à nouveau utilisé comme une plateforme ou un refuge pour des organisations terroristes», a déclaré Antonio Guterres, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.
Le secrétaire général de l’ONU a également appelé «le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble à faire front, à travailler ensemble, à agir ensemble, et à utiliser tous les outils à leur disposition pour supprimer la menace terroriste mondiale en Afghanistan et pour garantir que les droits humains fondamentaux soient respectés».
We must speak with one voice to uphold human rights in Afghanistan.
— UN Spokesperson (@UN_Spokesperson) August 16, 2021
I call upon the Taliban and all parties to respect and protect international humanitarian law and the rights and freedoms of all persons - @antonioguterres
Antonio Guterres a aussi appelé «les talibans et toutes les parties à respecter et à protéger le droit humanitaire international et les droits et libertés de toutes les personnes», se disant «particulièrement inquiet à cause de récits de violations croissantes des droits humains à l’encontre des femmes et des jeunes filles afghanes». «Nous recevons des informations effrayantes faisant état de violations graves des droits humains dans tout le pays», a ajouté le secrétaire général depuis le siège de l’ONU à New York.
«Les prochains jours seront cruciaux», a-t-il ajouté. «Le monde nous regarde. Nous ne devons ni ne pouvons abandonner la population en Afghanistan», a-t-il déclaré, alors que des milliers de personnes tentaient désespérément de fuir le pays à l’aéroport de Kaboul.
■ Des associations exigent le statut de réfugié pour les Afghans en Suisse
Solidarité sans frontière et les Juristes progressistes suisses exigent le statut de réfugié pour tous les Afghans vivant en Suisse ainsi qu’un regroupement familial facilité. «Ce sont surtout les femmes et les jeunes filles qui sont menacées par la prise de pouvoir des Talibans. Les protéger relève du devoir humanitaire de la Suisse, même si aucune troupe helvétique n’a été envoyée en Afghanistan», expliquent les associations dans un communiqué commun.
Ces dernières demandent aussi que la Suisse suspende immédiatement tous les renvois Dublin prononcés contre les citoyens afghans vers d’autres pays d’Europe. Certains pays n’ont pas encore suspendu les renvois vers l’Afghanistan. «Des renvois en cascade sont à craindre», s’inquiètent les associations.
■ Toujours le chaos à l’aéroport
L’aéroport de Kaboul concentre toujours toute l’attention, entre la ruée des citoyens qui tentent de fuir et les manœuvres de sécurisation, de leur point de vue, des soldats américains.
Video shows people clinging to the outside of a US military aircraft before it takes off from Kabul airport.
— CNN (@CNN) August 16, 2021
CNN's @ClarissaWard reports on chaotic scenes as the Taliban take control of Afghanistan. https://t.co/YnNVUOwIAb pic.twitter.com/MhAfyHKmat
■ Pour Berlin, le retrait américain décidé entre autres «pour des raisons de politique intérieure»
Angela Merkel a qualifié lundi d'«amère» la situation en Afghanistan et jugé que la décision du retrait des troupes occidentales avait été prise par les Etats-Unis entre autres «pour des raisons de politique intérieure».
«Il y a eu un effet domino après le retrait des troupes», a déclaré la chancelière allemande devant les cadres de son parti, selon des propos rapportés à l’AFP par des participants à cette réunion de l’Union démocrate-chrétienne allemande (CDU).
■ Pour le pakistanais Imran Khan, «les Afghans ont brisé les chaînes de leur esclavage»
«Quand on adopte la culture d’autres, on finit par penser qu’elle est supérieure à la vôtre et on finit par en devenir l’esclave, a commenté le premier ministre pakistanais Imran Khan. Devenir un esclave mental est pire qu’être un véritable esclave». Pour lui, «les Afghans ont brisé les chaînes de leur esclavage».
■ Le fils du commandant Massoud appelle à la résistance
Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud assassiné le 9 septembre 2001 par Al-Qaida, a appelé ses compatriotes à le rejoindre pour résister aux talibans. Il a aussi pressé les «amis de la liberté» étrangers d’aider son pays.
Le fils du héros de la résistance antisoviétique qui lutta ensuite contre les talibans affirme vouloir faire «sien» le combat de son père pour la liberté, alors que «la tyrannie triomphe en Afghanistan», dans une tribune publiée par la revue française La Règle du jeu, du philosophe Bernard Henri-Levy qui s’est pris d’amitié pour la cause afghane.
«Mes compagnons d’armes et moi allons donner notre sang, avec tous les Afghans libres qui refusent la servitude et que j’appelle à me rejoindre dans notre bastion du Panjshir, qui est la dernière région libre de notre pays à l’agonie», lance-t-il à l’adresse des Afghans «de toutes régions et de toutes tribus». Il estime que «malgré la débâcle totale», «tout n’est pas perdu».
Le fils du Commandant Massoud reprend le combat de son père en #Afghanistan et annonce, dans cet Appel adressé à La Règle du Jeu, qu’il prend le commandement de la résistance, depuis le Panshir, contre les #Talibans. #Massoud https://t.co/MJAgjATpYE
— La Règle du jeu (@laregledujeuorg) August 16, 2021
■ L’UE en conclave demain
Les ministres européens des Affaires étrangères tiendront mardi une réunion par visioconférence pour discuter de la situation en Afghanistan, où les Etats occidentaux tentent d’accélérer leurs opérations d’évacuation, a indiqué Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE.
«L’Afghanistan se trouve à la croisée des chemins. La sécurité et le bien-être de ses citoyens, tout comme la sécurité internationale, sont en jeu», a-t-il tweeté.
Following latest developments in #Afghanistan, and after intense contacts with partners in the past days and hours, I decided to convene an extraordinary VTC of EU Foreign Ministers #FAC tomorrow afternoon for a first assessment.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) August 16, 2021
Selon plusieurs diplomates, des responsables de la Commission européenne ont demandé aux gouvernements des Vingt-Sept d’accorder des visas aux ressortissants afghans ayant travaillé pour la représentation de l’UE dans le pays, ainsi qu’à leurs familles, soit un total estimé à quelque 500 ou 600 personnes.
■ La Chine fait cavalier seul
La Chine, qui partage 76 km de frontière avec l’Afghanistan, indique ce lundi qu’elle souhaite des «relations amicales» avec les talibans, au lendemain de la prise de Kaboul par les insurgés.
Pékin «respecte le droit du peuple afghan à décider de son propre destin et de son avenir», a affirmé devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying. «Les talibans ont indiqué à plusieurs reprises leur espoir de développer de bonnes relations avec la Chine», a relevé la porte-parole, qui a par ailleurs précisé que l’ambassade de Chine à Kaboul «continuait de fonctionner normalement».
La Chine, qui a rapatrié début juillet 210 de ses ressortissants d’Afghanistan, a appelé les nouvelles autorités à assurer la sécurité de ceux restés sur place. Le pouvoir chinois a ces dernières semaines qualifié «d’irresponsable» le retrait américain d’Afghanistan, craignant par dessus tout une guerre civile à outrance chez son voisin.
Face au risque de chaos afghan, le pouvoir chinois a entamé dès septembre 2019 des discussions avec les talibans, dont une délégation avait été reçue à l’époque en Chine.
China looking forward to establishing friendly ties with the #Taliban. Russian Ambassador in #Kabul is also expected to meet the Taliban representatives soon. Meanwhile, Pakistan is also in touch with the stakeholders in #Afghanistan.
— Wajahat Kazmi (@KazmiWajahat) August 16, 2021
■ Cinq morts à l’aéroport de Kaboul
Alors que les scènes de chaos se succèdent à l’aéroport (voir plus bas), pris d’assaut par des habitants terrorisés par un retour des pratiques et des mœurs des talibans, au moins cinq personnes seraient décédées ce lundi matin, selon des témoins cités par l’agence Reuters, sans qu’on sache encore si elles ont été tuées par des tirs ou si elles sont mortes dans des bousculades.
■ L’Allemagne veut déployer des soldats en Afghanistan
Angela Merkel va demander un mandat aux députés pour déployer jusqu’à «plusieurs centaines de soldats» de la Bundeswehr pour évacuer les derniers Allemands sur place, ainsi que des Afghans menacés par les talibans après le départ des troupes de l’OTAN, annonce l’AFP, qui cite des sources parlementaires.
■ L’évacuation des ressortissants français commencera ce lundi soir
La première rotation aérienne d’évacuation de Kaboul organisée par l’armée française entre sa base aux Emirats et la capitale afghane tombée aux mains des talibans est prévue d’ici «la fin de ce lundi», a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly à la radio France-Info. Il y a «plusieurs dizaines» de Français à évacuer, ainsi que des «personnes qui sont sous notre protection».
■ Chaos et coups de feu à l’aéroport, ville plutôt calme
As planes try to take off there is intense gunfire to be heard coming from the airport as security forces try to keep desperate crowds back. Reports emerging of people killed in the chaos and crowd storming airport. #kabul #afghanistan
— Jane Ferguson (@JaneFerguson5) August 16, 2021
Une marée humaine continue de se précipiter vers ce qui est la seule porte de sortie du pays, pour tenter de fuir le nouveau régime que le mouvement islamiste radical, de retour au pouvoir après 20 ans de guerre, promet de mettre en place.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de chaos absolu, des milliers de personnes attendant sur le tarmac même, et des grappes de jeunes hommes, surtout, s’agrippant aux passerelles ou aux escaliers pour tenter de monter dans un avion.
#Kabul: Another video emerges from this morning outside Kabul airport. Gunfire can be heard too. pic.twitter.com/elTB2mlpQ1
— Ahmer Khan (@ahmermkhan) August 16, 2021
Les forces américaines ont même tiré en l’air pour tenter de contrôler cette foule, pas convaincue par les promesses des talibans que personne n’avait rien à craindre d’eux, a indiqué à l’AFP un témoin, qui a avoué avoir «très peur».
«J’ai lu sur Facebook que le Canada accepte des demandeurs d’asile d’Afghanistan. J’espère que je serai l’un d’eux. Comme j’ai servi dans l’armée, j’ai perdu mon boulot, et c’est dangereux pour moi de vivre ici car les les talibans me cibleront, c’est sûr», a expliqué un autre témoin.
Les talibans paradent et patrouillent
En raison de la situation à l’aéroport, l’autorité aéroportuaire de la capitale a annoncé que les vols commerciaux en partance étaient annulés.
Les rues de la capitale étaient en revanche plutôt calmes, largement patrouillées par des talibans en armes, notamment dans la «Green zone», auparavant ultra-fortifiée qui abrite les ambassades et les organisations internationales.
Les talibans ont informé leurs combattants que «personne n’est autorisé à entrer dans la maison d’autrui sans permission», a affirmé l’un de leurs porte-parole, Suhail Shaheen. «Il ne peut être attenté à la vie, la propriété, l’honneur de personne», a-t-il affirmé.
■ Tous les Américains en attente d’être évacués à l’aéroport, des coups de feu tirés
L’armée américaine a «sécurisé» lundi l’aéroport de Kaboul, où a été regroupé le personnel de son ambassade dans l’attente d’être évacué après la prise-éclair de la capitale afghane par les talibans. Le drapeau américain a été retiré de l’ambassade.
«Nous pouvons confirmer que l’évacuation en toute sécurité de tout le personnel de l’ambassade est maintenant terminée», a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat. «Tout le personnel de l’ambassade se trouve dans l’aéroport international Hamid Karzai, dont le périmètre est sécurisé par l’armée américaine. Au cours des prochaines 48 heures, nous aurons étendu notre présence de sécurité à près de 6000 militaires avec une mission centrée uniquement sur la facilitation de ces efforts et qui prendra en charge le contrôle aérien». Lundi «et au cours des prochains jours, nous allons transférer hors du pays des milliers de citoyens américains qui résidaient en Afghanistan, ainsi que des employés locaux de la mission américaine à Kaboul et leurs familles, ainsi que d’autres Afghans particulièrement vulnérables», selon le texte.
Les forces américaines ont tiré en l’air lundi matin à l’aéroport de Kaboul, où des milliers d’Afghans ont envahi le tarmac, cherchant à fuir leur pays après la prise du pouvoir par les talibans, a rapporté un témoin.
Lire aussi: Vent de panique en Afghanistan, l’armée américaine «sécurise» l’aéroport de Kaboul
■ Evacuation de diplomates suisses
De nombreux autres diplomates et ressortissants étrangers ont également été évacués à la hâte de Kaboul dimanche. La Suisse, qui ne dispose pas d’ambassade en Afghanistan, a fermé temporairement son bureau de coopération dans la capitale afghane.
Wir konnten unsere drei Mitarbeitenden des DEZA-Büros in Kabul mit Hilfe unserer Partner ausser Land bringen. Sie sind unterwegs in die Schweiz. Arbeiten mit Hochdruck daran, unter schwierigsten Umständen das Lokalpersonal zu evakuieren.
— Ignazio Cassis (@ignaziocassis) August 16, 2021
Quatre membres de la représentation suisse ont été évacués à bord d’un avion américain, avec 40 employés de l’ambassade d’Allemagne. Ils ont atterri à Doha, au Qatar.
■ Victoire revendiquée des talibans
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur des talibans, a salué la victoire du mouvement islamiste. «A présent, nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie"», a-t-il dit.
🇦🇫🚨 | Abdul Ghani Baradar, co-fondateur des talibans, a déclaré que les talibans ont "atteint une victoire qui n'était pas attendue". Baradar a été capturé par le Pakistan en 2010 et a été libéré en 2018 à la demande de l’administration Trump.
— C O U P S U R E (@COUPSURE) August 15, 2021
pic.twitter.com/3pDM9S8dvZ
■ Vent de panique à Kaboul
Latest pictures from Kabul Airport. People are on their own now while the world watches in silence. Only sane advise to Afghan people…RUN pic.twitter.com/RQGw28jFYx
— Sudhir Chaudhary (@sudhirchaudhary) August 16, 2021
L’entrée redoutée des combattants a provoqué un vent de panique dans la capitale Kaboul, où des milliers d’habitants s’efforçaient de fuir, s’agglutinant notamment à l’aéroport, où des scènes de chaos sont rapportées depuis ce dimanche.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos apparemment tournées à l’aéroport faisaient état de scènes de cohue avec des foules énormes envahissant le tarmac dans l’espoir de monter à tout prix à bord d’un avion pour fuir le pays.
D’autres images montraient des groupes de combattants talibans lourdement armés patrouillant dans les grandes villes, brandissant des drapeaux blancs et saluant la population. La peur régnait aussi parmi les dizaines de milliers de personnes réfugiées à Kaboul ces dernières semaines pour fuir les violences dans leur région.
■ L’effacement des femmes a déjà recommencé.
Kabul. pic.twitter.com/RyZcA7pktj
— Lotfullah Najafizada (@LNajafizada) August 15, 2021