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Elle détourne un tutoriel de beauté pour dénoncer le sort des Ouïgours

Une Américaine a lancé un appel sur l’application chinoise TikTok, munie d’un recourbe-cils, pour que la communauté internationale ouvre les yeux sur les exactions commises par le régime chinois sur la communauté ouïgoure

Capture d'écran de la vidéo de Feroza Aziz publiée sur TikTok. — © Feroza Aziz
Capture d'écran de la vidéo de Feroza Aziz publiée sur TikTok. — © Feroza Aziz

«Vous allez poser ce recourbe-cils et utiliser votre téléphone pour chercher ce qu’il se passe en Chine», glisse abruptement Feroza Aziz. Cette Américaine de 17 ans, d’origine afghane, a détourné les codes des tutoriels de beauté pour alerter sur l’internement de centaines de milliers de musulmans dans des camps chinois. D’après les organisations de défense des droits humains, ils sont plus d’un million, principalement d’ethnie ouïgoure, à être détenus et persécutés dans la région du Xinjiang.

Son compte a été suspendu le 25 novembre pour un mois, mais sa vidéo a continué de circuler sur YouTube et Twitter, où elle a été vue plus de 5 millions de fois. Ce mercredi 27 novembre, après la publication de plusieurs articles dans la presse internationale et l’indignation des internautes, l’accès à son compte a été rétabli.

Une emprise sur les données

La Chine, dirigée depuis 1949 par le Parti communiste chinois, ou PCC, a promulgué une loi, en 2017, qui oblige les entreprises à coopérer avec les services de renseignement. Et des membres du parti unique siègent dans les conseils d’administration de nombreuses entreprises. Par exemple, le fondateur et dirigeant de la société Huawei, Ren Zhengfei, a été un cadre de l’armée et membre du PCC.

Comme TikTok est détenue par la société ByteDance, elle-même basée à Pékin, une méfiance quant à l’emprise du gouvernement chinois sur les données collectées est donc de mise. D’autant plus que celui-ci s’appuie notamment sur les nouvelles technologies, l’analyse de données et l’intelligence artificielle pour surveiller ses citoyens.

C’est par ce biais que les minorités ethniques sont signalées, évaluées et contrôlées. «Les détenus sont dans des camps de concentration et subissent un véritable lavage de cerveau, pointe le chercheur français Jean-Philippe Béja. Ils sont isolés, forcés à travailler, appelés «étudiants», notés en permanence et s’ils sont libérés, après un an et une bonne note à l’examen de fidélité au parti, ils restent sous surveillance.» Alors que la situation est connue, la communauté internationale rechigne à réagir. «Elle se distingue par son silence», observe-t-il à regret. Un silence que Feroza Aziz a voulu briser.