En graphiques – La Chine, ce pays qui ne fait plus rêver ses jeunes
Pékin se rêve en première puissance économique mondiale, mais les chiffres actuels dessinent plutôt les contours d’une crise, provoquée à la fois par la mauvaise conjoncture qui touche des secteurs clés et par une dynamique démographique inquiétante
Dans la tête des jeunes Chinois
Puissance politique et économique de premier plan, la Chine se pose aujourd’hui en véritable alternative face aux Etats-Unis. Or, ce pays gigantesque vit de profonds bouleversements. Pour comprendre ce qui s’y joue, «Le Temps» vous propose une immersion dans la jeunesse chinoise qui construit l’avenir de ce pays fascinant.
A quoi rêvent ces jeunes? Comment aiment-ils? Quelle est leur vision de l’Europe, des Etats-Unis, de leur identité nationale? Une série d’articles sur six semaines, réalisés par notre correspondant à Shanghai.
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Le «miracle chinois» a-t-il vécu? Ces derniers mois, les nuages s’accumulent pour l’économie du géant: la consommation baisse, les exportations chutent, les ventes d’immobilier dégringolent et le chômage des jeunes bat des records, au point que les autorités chinoises ont décidé de ne plus en publier les statistiques. La jeunesse, frappée de plein fouet par ce ralentissement après trois années d’une politique «zéro covid», montre des signes de frustration de plus en plus évidents. Plus éduqués que jamais, les jeunes Chinois critiquent la pression sociale permanente et appellent à «rester couchés» ou à «laisser pourrir les choses», des expressions à la mode qui illustrent le pessimisme ambiant, à mille lieues de l’idéal vanté par des autorités qui prônent l’ardeur au travail pour réaliser le «rêve chinois».
Les experts ne s’attendent pas à un effondrement du système financier chinois, mais plutôt à un fort ralentissement. C’est la fin d’une période de croissance effrénée, l’ère du «miracle chinois» enclenchée dans les années 1980 grâce à des réformes intégrant des mécanismes de marché dans l’économie planifiée par le Parti communiste. A l’époque, les entreprises du monde entier délocalisent pour profiter de la main-d’œuvre chinoise, bon marché et abondante. Des centaines de millions de paysans affluent des campagnes pour travailler sur les chaînes de montage des usines de l’Est chinois. L’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001 accélère encore les choses. En une quarantaine d’années, le revenu moyen est multiplié par 25 et 800 millions de personnes sortent de la grande pauvreté. En 2010, la Chine devient la deuxième économie mondiale, devant le Japon.