Elle a tenu à préciser que l’utilisation de cette loi ne signifiait pas que son gouvernement avait déclaré l’état d’urgence sur le territoire semi-autonome.
En vidéo: L'escalade de la violence
Les manifestants dénoncent un basculement vers l’autoritarisme
Devançant cette annonce qui avait fuité dans la presse, des milliers de Hongkongais avaient manifesté auparavant sur l’île de Hong Kong, en promettant de ne pas respecter l’interdiction. Ces Hongkongais, pour la plupart des employés, ont profité de leur pause de midi pour descendre dans les rues et contester ce recours à un texte datant de l’époque coloniale et qui risque, selon ses détracteurs, de faire basculer la région semi-autonome chinoise vers l’autoritarisme.
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L’ex-colonie britannique traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes, et des confrontations de plus en plus violentes entre forces de l’ordre et manifestants au visage masqué. Et le gouvernement central chinois comme l’exécutif hongkongais qui lui est fidèle sont à la peine pour contenir la mobilisation.
Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants ont pris l’habitude de défiler avec des masques. Certains portent aussi des casques, des lunettes de protection ou des masques à gaz afin de se protéger des gaz lacrymogènes et des projectiles tirés par la police. «Les jeunes risquent leurs vies, cela leur est égal d’être emprisonnés pour dix ans, donc ce n’est pas le fait de porter un masque qui leur posera problème», a prévenu vendredi après-midi à l’AFP un employé de 34 ans le visage couvert par un masque chirurgical.
Une loi utilisée par le passé pour censurer la presse
Pendant les émeutes de 1967 – un mouvement social qui dégénéra pendant sept mois en batailles de rue entre forces de l’ordre et militants gauchistes – la Grande-Bretagne utilisa ce texte loi pour élargir les pouvoirs d’arrestation de la police mais aussi pour censurer très largement les médias.
La majorité juge les pouvoirs d’urgence nécessaires face à une frange radicale de plus en plus violente. Mais l’opposition estime que permettre ainsi à Carrie Lam de court-circuiter le contrôle parlementaire engagerait le territoire sur une pente glissante, d’autant que Hongkong a assis sa réputation de centre financier mondial sur le respect de l’Etat de droit et l’indépendance de la justice.
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«C’est un moment critique. C’est le Rubicon», a déclaré à l’AFP Claudia Mo, une élue pro-démocratie. «Et je m’inquiète du risque que cela ne soit juste que le début. Il se peut que d’autres mesures drastiques prises au nom de la loi soient en préparation.» Une telle interdiction, qui entre immédiatement en vigueur selon Carrie Lam, pourrait peut-être dissuader les plus modérés de manifester, avance Simon Young, professeur de droit à l’Université de Hong Kong. «Mais elle pourrait aussi avoir l’effet inverse et pousser davantage de monde à manifester contre le sentiment d’un abus d’autorité», a-t-il dit.