A l’époque de sa nomination à la tête du mouvement taliban en mai 2016, certains observateurs estimaient que Mawlawi Haibatullah Akhundzada occuperait surtout un rôle symbolique. Il venait de succéder à Akhtar Mohammad Mansour, tué quelques jours plus tôt dans une frappe de drone américaine, dont il avait été un des proches conseillers. Mais il est désormais à la tête du mouvement victorieux et devrait diriger l’Afghanistan.

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Né dans la province de Kandahar, au sud de l’Afghanistan, berceau des talibans, le mollah Haibatullah Akhundzada, 60 ans, était, jusqu’à sa prise de fonction, une figure relativement inconnue en dehors du mouvement. Considéré comme un érudit, il a été à la tête du système judiciaire, une position demandant des connaissances théologiques, avant d’être choisi à la tête du mouvement. Celui qui est devenu «commandeur des croyants» était cependant un membre influent des talibans depuis de nombreuses années.

Un membre de la première heure

Réfugié au Pakistan pendant l’occupation soviétique, il a rejoint les talibans au milieu des années 1990 en tant que juge. Il a fait partie des cercles proches du mollah Omar, le fondateur du mouvement tué en 2013 dont la mort a été cachée plusieurs années. Il participe à l’élaboration des avis de droit, basés sur la religion, édictés par le leader.

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Après l’invasion américaine et le départ des talibans du pouvoir, il devient enseignant religieux et un des deux adjoints du mollah Mansour. Selon certains, il n’aurait jamais quitté l’Afghanistan jusqu’à prendre la tête du mouvement, mais d’autres sources le placent au Pakistan, base arrière des Talibans.

Sa position de connaisseur de la religion en faisait une personnalité respectée du mouvement. Comme le mollah Omar, il est peu apparu en image, réservant sa présence à certaines célébrations religieuses. Malgré les doutes exprimés par les observateurs sur son manque d’expérience sur le plan opérationnel, il est parvenu à maintenir la cohésion entre les différentes factions du mouvement jusqu’à ce retour éclair à la tête de l’Afghanistan en un mois et demi.

Une direction aux multiples têtes

Pour autant, Mawlawi Haibatullah Akhundzada n’est pas le seul homme fort des talibans. Le mouvement a toujours abrité plusieurs tendances et les décisions à la tête du mouvement sont prises par la choura de Quetta, un conseil rassemblant les chefs des talibans. Le «commandeur des croyants» est notamment entouré de Sirajuddin Haqqani, d’Abdul Ghani Baradar et du mollah Yacoub.

Le premier est à la tête du réseau Haqqani, un mouvement terroriste fondé par son père, un commandant du djihad anti-soviétique. Le réseau Haqqani a organisé des attentats aussi bien en Afghanistan qu’au Pakistan. Tout comme Mawlawi Haibatullah Akhundzada, Sirajuddin Haqqani a été un des adjoints du mollah Mansour.

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Abdul Ghani Baradar, pour sa part, a été le visage des talibans pendant les négociations de paix infructueuses avec le gouvernement afghan, menées au Qatar sous l’égide américaine durant l’année passée. Il est considéré comme un des cofondateurs des talibans et a occupé des fonctions de chef militaire.

Enfin, le mollah Yacoub est un des fils du mollah Omar, statut qui lui vaut d’être respecté par les talibans, mais aussi d’être une figure consensuelle entre les différentes factions. Il occupe la tête de la commission militaire des talibans, même si d’après certains observateurs, cette nomination serait symbolique.