Kassym-Jomart Tokaïev élu président avec 70% des voix au Kazakhstan
Asie centrale
Diplomate de carrière de 66 ans, Kassym-Jomart Tokaïev a notamment occupé le poste de directeur général du siège européen des Nations Unies à Genève du printemps 2011 à l'automne 2013

Le président par intérim du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a remporté dimanche 9 juin l'élection présidentielle kazakhe, selon un sondage à la sortie des bureaux de vote. Le protégé du dirigeant historique du pays Noursoultan Nazarbaïev a obtenu plus de 70% des voix.
Sa victoire ne faisait guère de doute puisqu'il était soutenu par l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991. Le président élu est un diplomate de carrière de 66 ans, qui a notamment occupé le poste de directeur général du siège européen des Nations Unies à Genève (ONUG) du printemps 2011 à l'automne 2013. Noursoultan Nazarbaïev a annoncé sa démission à la surprise générale en mars, conservant toutefois des fonctions clé dans le système politique kazakh.
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Kassym-Jomart Tokaïev a obtenu 70,13% des voix, selon les sondages réalisés à la sortie des urnes par l'institut «Opinion Publique». Son plus proche rival, Amirjan Kossanov, en a obtenu 15,39%, ce qui est le meilleur score jamais réalisé par un opposant dans une élection présidentielle kazakhe. Le taux de participation s'est établi à 77,4%, selon la Commission électorale centrale.
Manifestation et arrestations
Mais ce scrutin a surtout été marqué par d'importantes manifestations à travers le pays, les protestataires appelant au boycott d'une élection qu'ils estimaient jouée d'avance. Dans les deux principales villes kazakhes, la capitale Nur-Sultan et Almaty, des journalistes de l'AFP ont été témoins de plusieurs centaines d'arrestations. Un correspondant de l'AFP a été conduit à un poste de police avant d'être libéré tandis qu'un reporter vidéo de l'AFP a vu ses équipements confisqués.
Des centaines de manifestants de l'opposition ont été arrêtés dimanche au Kazakhstan, où se déroule la première présidentielle après les 30 ans au pouvoir de Noursoultan Nazarbaïev https://t.co/k0sXI3Uvcj #AFP pic.twitter.com/jJfAzMFx5B
— Agence France-Presse (@afpfr) 9 juin 2019
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Au total, «environ 500» personnes ont été conduites dans les commissariats des deux villes, selon les chiffres du vice-ministre de l'Intérieur Marat Kojaïev, qui en a rejeté la faute sur des «éléments radicaux» ayant organisé des «manifestations non autorisées».
Dans la continuité de Nazarbaïev
Depuis la démission de Noursoultan Nazarbaïev, le Kazakhstan est traversé par une agitation sociale rare qui a provoqué un raidissement des autorités. L'opposant le plus virulent au régime, un ancien banquier en exil, Moukhtar Abliazov, avait appelé à des manifestations dimanche.
Interrogé sur les manifestations de la journée, Kassym-Jomart Tokaïev a assuré dimanche qu'il avait demandé à la police de «faire preuve de retenue» tout en précisant que les violations de la loi «ne seraient pas tolérées».
Kassym-Jomart Tokaïev a occupé de nombreux postes au sommet de l'Etat kazakh, de Premier ministre à ministre des Affaires étrangères et président du Sénat, le poste qu'il occupait quand Noursoultan Nazarbaïev a annoncé son départ. Au cours de sa campagne, il a promis de se placer dans la continuité de Noursoultan Nazarbaïev. Une de ses premières décisions en tant que président par intérim avait d'ailleurs été de renommer la capitale, Astana, «Nur-Sultan», du nom de son prédécesseur.
Moins bien élu
S'il a remporté son pari, au terme d'une campagne où il a pu bénéficier du soutien de tout l'appareil d'Etat, il ne réitère pas les scores stratosphériques de son prédécesseur. En 2015, pour son cinquième et dernier mandat, Noursoultan Nazarbaïev avait obtenu presque 98% des voix et le taux de participation était de 95%. Ces élections n'ont jamais été reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux et il est peu probable qu'il en aille autrement pour celle-ci.