Des «missiles chinois» lancés vers Taïwan seraient tombés dans la zone économique exclusive japonaise
Asie
L’armée chinoise a démarré les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de Taïwan. Des missiles seraient tombés dans la ZEE japonaise. Tokyo a déposé une protestation auprès de la Chine par la voie diplomatique

L'armée chinoise a entamé ses manoeuvres dans le détroit de Taïwan, quelques heures après la venue de Nancy Pelosi. Cet article est régulièrement mis à jour.
Lire aussi
- La Chine déploie un arsenal de mesures pour punir Taïwan
- L'ambassadeur de Chine: «Nous espérons que la Suisse saura distinguer le vrai du faux»
- Le Japon accueille Pelosi, mais est inquiet des tensions autour de Taïwan
- Prenant l'exemple de Poutine, les nationalistes chinois poussent Pékin à l'action contre Taïwan
Les forces armées chinoises ont tiré ce jeudi de «multiples» missiles balistiques dans les eaux entourant Taïwan lors de leurs grandes manœuvres, a déclaré le ministère de la Défense de Taïpei, condamnant des «actions irrationnelles qui minent la paix régionale».
«Le ministère de la Défense nationale a déclaré que le Parti communiste chinois avait tiré de multiples missiles balistiques Dongfeng dans les eaux environnantes du nord-est et du sud-ouest de Taïwan à partir de 13h56 environ [05h56 en Suisse]», a déclaré le ministère de la Défense dans un bref communiqué. «Tous les missiles ont atteint leur cible avec précision, testant les capacités de frappe de précision et de déni d’accès à la zone», affirme un porte-parole de l’armée.
L’armée taïwanaise n’a pas confirmé l’endroit précis où les missiles ont atterri ni s’ils ont survolé l’île. «Si les forces taïwanaises viennent volontairement au contact de [l’armée chinoise] et viennent à tirer accidentellement un coup de feu, [l’armée chinoise] répliquera avec vigueur et ce sera à la partie taïwanaise d’en assumer toutes les conséquences», a indiqué à l’AFP une source militaire chinoise anonyme.
Pour la Maison Blanche, la Chine «a choisi de surréagir»
La Chine a «choisi de surréagir» en tirant 11 missiles balistiques autour de Taïwan jeudi, une activité militaire «provocatrice», déclare un porte-parole de la Maison Blanche.
Pour éviter une nouvelle escalade des tensions, les Etats-Unis ont décidé de reporter un test de missile intercontinental qui était prévu dans les prochains jours.
Mais le porte-avions USS Reagan, qui croise actuellement en mer des Philippines, continuera à «surveiller» les environs de Taïwan, a indiqué John Kirby lors d’un point presse.
Des sites internet du gouvernement taïwanais ont été attaqués
Les principaux sites internet du gouvernement taïwanais ont été temporairement inaccessibles durant la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi sur l’île. En cause: des cyberattaques qui seraient liées à la Chine et à la Russie.
Les sites de l’administration présidentielle, du ministère des Affaires étrangères et le principal portail internet du gouvernement en langue anglaise taiwan.gov.tw ont fait l’objet d’attaques dans la nuit de mardi à mercredi.
Le ministère de la Défense a également confirmé que son site internet a été hors ligne pendant une heure cette même nuit à la suite d’une attaque dite DDoS. Cette dernière consiste à prendre pour cible un système informatique en l’inondant de messages ou de requêtes de connexion afin de provoquer un déni de service.
Selon le ministère des Affaires étrangères, les attaques contre son site internet et le portail en anglais du gouvernement étaient liées à des adresses IP chinoises et russes qui tentaient d’accéder aux sites internet jusqu’à 8,5 millions de fois par minute, soit une tentative apparente de paralyser les sites.
Vingt-deux avions chinois sont entrés dans la zone de défense aérienne taïwanaise
Vingt-deux avions de combat chinois sont brièvement entrés ce jeudi dans la zone de défense aérienne taïwanaise, annonce le ministre de la Défense taïwanais. Les systèmes de défense antiaériens ont traqué les avions chinois, poursuit-il sur son site internet.
Tokyo appelle à «l’arrêt immédiat» des manœuvres militaires chinoises autour de Taïwan
Le ministre japonais des Affaires étrangères Yoshimasa Hayashi appelle à «l’arrêt immédiat» des manœuvres militaires chinoises autour de Taïwan, lancées en riposte à la visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi dans l’île.
«Les actions de la Chine ont cette fois un impact grave sur la paix et la stabilité de la région. Je demande une nouvelle fois l’arrêt immédiat de ces manœuvres militaires», a-t-il déclaré à des journalistes à Phnom Penh, où il participait à une réunion de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean).
Nancy Pelosi a atterri au Japon, étape finale de sa tournée asiatique
La présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, est arrivée au Japon. Ce pays constitue la dernière étape de sa tournée asiatique – qui a inclus une rare visite à Taïwan provoquant l’ire de la Chine.
Pékin, qui considère l’île autonome comme faisant partie de son territoire, a entamé des exercices militaires d’une ampleur inédite pour protester contre cette visite. Des missiles balistiques chinois seraient ainsi tombés dans la zone économique exclusive (ou ZEE) du Japon pour la première fois, déclare le ministre de la Défense japonais, Nobuo Kishi. Dès l’annonce des manœuvres chinoises, Tokyo – proche allié de Washington, avait fait état de sa «préoccupation.»
Selon la chaîne de télévision publique NHK, Nancy Pelosi, 82 ans, dont c’est la première visite au Japon depuis 2015, doit notamment s’entretenir vendredi matin avec le premier ministre japonais Fumio Kishida,
Des missiles seraient tombés dans la zone économique exclusive japonaise
Des missiles balistiques chinois seraient tombés dans la zone économique exclusive (ou ZEE) du Japon pour la première fois, déclare le ministre de la Défense japonais, Nobuo Kishi. Tokyo a «déposé une protestation auprès de la Chine par la voie diplomatique.»
«Cinq des neuf missiles balistiques tirés par la Chine sont suspectés d’avoir atterri dans la ZEE du Japon», précise-t-il. Quatre missiles ont survolé l’île de Taïwan, poursuit-il. Le ministre a qualifié l’incident de «problème grave qui affecte notre sécurité nationale et celle de nos citoyens.»
Certaines îles du département d’Okinawa, à l’extrême sud du Japon, se trouvent à quelques dizaines de kilomètres seulement de Taïwan et le ministre a précisé que c’était la première fois que des missiles balistiques chinois entraient dans la ZEE japonaise.
En début de matinée, les constats de journalistes et de touristes
A Pingtan, une île chinoise située près des manœuvres en cours, les reporters ont vu plusieurs projectiles tirés à environ 13h13 (7h13 en Suisse) s’envoler dans le ciel vers la mer, suivis de panaches de fumée blanche. En début de matinée, l’AFP n’était pas en mesure d’identifier les projectiles, tirés depuis des installations militaires, ni de déterminer quelle était leur direction précise. Des touristes qui se trouvaient en bord de mer, sur cette île touristique, ont assisté aux tirs.
Après le passage de Nancy Pelosi
En réponse à la visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi sur l’île, l’armée chinoise a démarré les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de Taïwan. La présidente de la Chambre des représentants américaine est partie mercredi après y être restée moins de 24 heures.
Lire aussi: La Chine déploie un arsenal de mesures pour punir Taïwan
Selon le journal Global Times, qui cite des analystes militaires, les exercices sont d’une ampleur «sans précédent» car des missiles vont survoler Taïwan. «C’est la première fois que l’armée chinoise va lancer des tirs d’artillerie à munitions réelles et de longue portée au-dessus du détroit de Taïwan», souligne le quotidien, connu pour son ton nationaliste.
Par mesure de sécurité, l’Administration chinoise de la sûreté maritime a «interdit» aux navires de pénétrer dans les zones concernées. Ces exercices auront lieu dans toute une série de zones encerclant Taïwan - parfois à seulement 20 kilomètres des côtes taïwanaises - et dureront jusqu’à dimanche midi.
Les exercices visent à simuler un «blocus» de l’île et incluent «l’assaut de cibles en mer, la frappe de cibles au sol et le contrôle de l’espace aérien», a indiqué l’agence officielle Chine Nouvelle.
Lire aussi: Nancy Pelosi quitte Taïwan, alors que la Chine s'apprête à lancer des manœuvres militaires autour de l'île
Durant la visite de la présidente de la Chambre des représentants sur l’île, les principaux sites internet du gouvernement taïwanais ont aussi été temporairement inaccessibles à la suite de cyberattaques qui seraient liées à la Chine et à la Russie.
Une situation préoccupante
La situation à Taïwan inquiète particulièrement la communauté internationale. «L’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) est préoccupée par l’instabilité internationale et régionale, notamment avec les récents développements dans la région adjacente de l’Asean, qui peuvent mener à de mauvais calculs, une confrontation sérieuse, des conflits ouverts, et des conséquences imprévisibles pour les grandes puissances», ont prévenu jeudi les ministres des Affaires étrangères de l’Asean, réunis à Phnom Penh.
Lire aussi: A Taipei, Nancy Pelosi défie le pouvoir chinois
En marge de cette réunion, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a condamné les manœuvres militaires «agressives» de la Chine, estimant qu’il n’y avait «aucune justification» à utiliser «comme prétexte» la visite à Taïwan de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi.
«Il est normal pour les députés de nos pays de voyager à l’international», a-t-il écrit sur Twitter.
There is no justification to use a visit as pretext for aggressive military activity in the Taiwan Strait. It is no… https://t.co/fRjU829VFm
— JosepBorrellF (@Josep Borrell Fontelles)04 janvier 2022