Fils d’un ancien premier ministre, lui-même ministre des Affaires étrangères et ambassadeur d’Iran aux Etats-Unis pendant plus de quinze ans, Ardeshir Zahedi fut le gendre et l’un des principaux conseillers du shah d’Iran, dont il accompagna la mort en exil, en 1980.
Zahedi fut aussi proche de huit présidents américains successifs. S’il restera comme celui qui rendit possible une longue et solide lune de miel entre l’Iran et les Etats-Unis, son nom était surtout devenu synonyme d’une certaine époque, lorsque diplomatie, business et paillettes d’Hollywood se côtoyaient sans aucun complexe. Ne trouvant lui-même rien à redire à ceux qui le qualifiaient d'«ambassadeur play-boy», il organisa dans l’ambassade d’Iran à Washington des réceptions qui firent sa légende.
Quatre mille bouteilles d’alcool
Flamboyant, irrésistible, extravagant… Entretenant une liaison avec Liz Taylor (ils furent à deux doigts de s’épouser, dit un des biographes de l’actrice), il accueillait dans les luxueux locaux de l’ambassade – quatre étages, 14 cheminées, terrasses en cascade – des habitués, comme Jacqueline Kennedy Onassis, Barbra Streisand, Liza Minnelli, Henry Kissinger, Andy Warhol ou Frank Sinatra. Lorsque l’Iran bascula en une République islamique, avec l’arrivée de l’ayatollah Khomeiny en 1979, les représentants des nouveaux maîtres du pays mirent une dizaine d’heures à vider, une par une, les 4000 bouteilles d’alcool qui s’entassaient dans les caves de la représentation diplomatique…
Gentleman, profondément sympathique et fidèle aux personnes comme aux idées, Ardeshir Zahedi a rédigé dans le détail ses mémoires, dans lesquels apparaissent peu ou prou tous les grands de ce monde. Il en voulait à l’Occident, coupable à ses yeux de trahison envers un Iran que lui-même incarnait en partie. Mais, plus récemment, il se montrait surtout ulcéré par les Etats-Unis de Donald Trump, une personne «irresponsable et dangereuse», confiait-il à ce journal l’année dernière, laissant parler, avant tout, son fervent sentiment nationaliste iranien.