Passe d’armes à l’ONU sur Hongkong et la Chine
Asie
Vingt-sept pays, dont la Suisse, dénoncent la loi sur la sécurité imposée à Hongkong

Le bras de fer entre la République populaire de Chine et ses alliés, d’une part, et des Etats démocratiques et les experts du Conseil des droits de l’homme qui dénoncent les dérives de Pékin en matière de libertés civiles, d’autre part, s’est durci ces jours-ci à l’ONU. Mercredi, un groupe de 27 pays emmenés par le Royaume-Uni transmettait une déclaration publique à la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, dans le cadre de la 44e session du Conseil qui se tient à Genève. Les Etats signataires appellent les autorités chinoises et de Hongkong à «reconsidérer l’imposition de la législation» sur la sécurité nationale dans l’ex-colonie promulguée le matin même par Xi Jinping et qui, selon les signataires, «sape le principe un pays, deux systèmes».
La Suisse s’associe aux Européens
Cet appel fait suite à une précédente démarche, sous forme de lettre, qui avait été lancée en 2019 par le même groupe d’Etats, Royaume-Uni en tête, ainsi que la France et l’Allemagne, sur les violations des droits de l’homme au Xinjiang. Alors qu’elle avait tergiversé l’an dernier, la Suisse s’est cette fois-ci associée à cette action d’inspiration européenne. Pékin a riposté avec une contre-déclaration portée par Cuba et signée par une cinquantaine d’Etats qui en appelle au respect de la souveraineté des Etats en matière de droits de l’homme et de sécurité nationale. Dans un communiqué de presse, la mission de Chine auprès des Nations unies à Genève dénonce par ailleurs la politique du «deux poids, deux mesures» des Etats accusant Pékin.
«La démarche des 27 est significative, car il est très rare, dans le cadre du Conseil, que l’on dénonce publiquement une grande puissance nommément, explique Sarah Brooks, de l’ONG International Service for Human Rights. Le Conseil démontre ainsi que peu importe qu’on soit la Chine ou les Etats-Unis, si l’on réprime les manifestations des minorités et les droits de l’homme, on devra en répondre dans cette enceinte.» Il y a deux semaines, à la demande des Etats africains, le Conseil des droits de l’homme avait organisé un débat urgent sur le racisme en lien avec la mort de George Floyd.
Alors qu’elle avait tergiversé l’an dernier, la Suisse s’est cette fois-ci associée à cette action d’inspiration européenne
Vendredi dernier, c’est une autre initiative venue des instances de l’ONU qui a suscité l’indignation du pouvoir chinois. Une cinquantaine de rapporteurs spéciaux et experts indépendants ont rédigé un appel pour «des mesures décisives afin de protéger les libertés fondamentales en Chine». Les signataires dénoncent les multiples violations des droits humains en Chine, en particulier au Xinjiang et au Tibet, et le non-respect par Pékin de ses obligations internationales quant à l’autonomie de Hongkong. Cette large mobilisation est notamment destinée à faire pression sur Michelle Bachelet jugée jusqu’ici trop timorée à l’égard de Pékin, estime Sarah Brooks.
Réaction virulente de Pékin
La réaction de la mission de Chine à Genève a été virulente, de nouveau par voie de communiqué de presse. Pékin dénonce l’«ignorance» et les «préjugés» de ces «soi-disant experts» qui «abusent de leur mandat» en «violation de la charte de l’ONU». La diplomatie chinoise fait état d’«un développement des droits humains aux caractéristiques chinoises ayant réalisé des progrès historiques». La Chine, avec 1,4 milliard d’habitants, réalise «le plus grand projet des droits humains au monde avec les meilleures pratiques», est-il précisé.
Quelques heures après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la sécurité nationale de Hongkong, la police locale procédait à une première arrestation motivée par ce texte. Il s’agit d’un homme qui manifestait dans la rue avec une bannière sur laquelle était inscrit «Indépendance de Hongkong».
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