Son principal adversaire, Han Kuo-yu, était lui crédité de 39% des suffrages. Dix-neuf millions d'électeurs étaient appelés à départager deux visions divergentes de l'avenir de l'île et de ses relations avec Pékin, son plus grand partenaire commercial.
«Rendre la démocratie plus forte»
Tsai Ing-wen, qui a voté dans la matinée et affiche une certaine distance avec l'autoritarisme de Pékin, a indiqué à la presse espérer que les Taïwanais accomplissent leur devoir de citoyen afin de «rendre la démocratie taïwanaise plus forte».
Pour sa part, son adversaire favorable lui à un réchauffement des relations, s'est refusé à tout commentaire après son passage dans un bureau de vote installé dans un temple à Kaohsiung, la seconde plus grande ville de Taïwan dont il est maire.
Un candidat conservateur était également en compétition: James Soong, 77 ans, issu des rangs du KMT et président d'un mouvement favorable à Pékin, le Parti du peuple d'abord.
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Pas d'unité avec la Chine
La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces et a juré d'en reprendre un jour le contrôle, par la force si nécessaire. La présidente Tsai Ing-wen, candidate à sa réélection, se présente comme la garante des valeurs démocratiques face au pouvoir communiste jugé autoritaire de Xi Jinping.
Tout comme sa formation politique, le Parti démocratique progressiste (PDP), qui milite traditionnellement pour l'indépendance, elle rejette le principe de l'unité de l'île et du continent au sein d'une même Chine. Cette position a provoqué l'ire de Pékin, qui depuis son arrivée à la présidence de Taïwan n'a cessé de durcir le ton.
La Chine a ainsi rompu toutes les communications officielles avec son gouvernement tout en intensifiant les pressions économiques et les exercices militaires.
L'économie d'abord
Son principal adversaire, Han Kuo-yu, argue au contraire que de meilleures relations avec Pékin pourrait apporter des bénéfices à Taïwan sur le plan économique. Depuis dix jours, la publication de sondages est interdite à Taïwan. Mais jusque-là, la présidente semblait bénéficier d'une confortable avance sur son adversaire.
Il y a un an cependant, peu de personnes auraient parié sur un tel scénario. A l'époque, Tsai Ing-wen est à la peine dans les sondages et le Kuomintang (KMT, opposition) réalise une percée aux élections locales. Un nouveau venu sur la scène politique, Han Kuo-yu, remporte la mairie de Kaohsiung, historiquement un fief du DPP. Il a ensuite été désigné candidat à la présidentielle de son parti. Mais l'élan autour de sa candidature a commencé à faiblir, ses détracteurs pointant notamment son manque d'expérience et ses relations trop chaleureuses avec Pékin.
Le cas de Hong Kong
La campagne électorale s'est aussi jouée sur fond d'autoritarisme du pouvoir communiste sur l'autre rive du détroit de Taïwan. L'an dernier, le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours particulièrement belliqueux au cours duquel il a qualifié l'assimilation de Taïwan à la mère-patrie d'«inévitable». Une peur sur laquelle Tsai Ing-wen a capitalisé.
Taïwan, qui a sa monnaie, son drapeau, son armée, sa diplomatie et son gouvernement est de facto séparée politiquement de la Chine depuis sept décennies. L'île n'est toutefois considérée comme pays indépendant que par une poignée de capitales dont le nombre a fondu ces dernières années.
Les électeurs ont également suivi avec inquiétude le refus de Pékin d'accéder aux demandes des manifestants pro-démocratie à Hong Kong et la politique répressive de la Chine à l'égard des musulmans ouïghours dans la province du Xinjiang.
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