Sur son téléphone à l’écran fracturé, James* montre quelques photos de lui, prises pendant les manifestations à Rangoun, il y a deux ans. Le 27 mars 2021, le jeune étudiant, cheveux teints en blond un peu passé, silhouette gracile et baskets trouées, était derrière des barricades, dans une rue du quartier de Sanchaung, avec ses amis – une journée de plus passée à jouer au chat et à la souris avec les soldats entre deux tirs de gaz lacrymogène. C’est en rentrant chez lui qu’il a appris l’étendue du massacre commis ce jour-là. «Ma mère m’a prise dans ses bras et mon père m’a crié dessus», se souvient-il avec un léger sourire en coin.