Welcomed Chairman Kim Jong Un, who has just arrived in Singapore. pic.twitter.com/ZLK4ouIejx
— Vivian Balakrishnan (@VivianBala) 10 juin 2018
Kim Jong-un, dont les déplacements en dehors de son pays hyper-fermé sont rarissimes, avait joué dans les airs au chat et à la souris avec les médias du monde entier qui traquaient son vol – pas moins de trois avions ont relié dimanche Pyongyang à la cité-Etat du sud-est asiatique.
Grande incertitude sur l'issue de la rencontre
Le comportement de Donald Trump au G7 au Canada, où il a - à la stupeur générale – torpillé d’un tweet rageur l’accord final avec ses alliés, renforce les interrogations sur sa stratégie diplomatique et sa capacité à mener de négociations internationales de haut-vol, a fortiori avec un ennemi de longue date.
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Au-delà de la photo, inimaginable il y a quelques mois encore lorsqu’ils étaient engagés dans une inquiétante surenchère verbale, un énorme point d’interrogation pèse sur l’issue de ce tête-à-tête que le monde entier observera mardi à la loupe.
Vers une dénucléarisation «étape par étape»?
Washington réclame une dénucléarisation «complète, vérifiable et irréversible» de la Corée du Nord. Pyongyang s’est déclaré favorable à une dénucléarisation de la péninsule, mais cette formule très vague laisse la place à d’innombrables interprétations.
Pour Michael O’Hanlon, de la Brookings Institution à Washington, la seule piste réaliste est un processus «étape par étape», qui s’inscrira nécessairement dans la durée. «Je ne peux imaginer un homme dont le régime affirme depuis de nombreuses années qu’il a besoin de l’arme nucléaire pour assurer sa sécurité y renoncer d’un coup, même avec de fortes contreparties économiques», souligne-t-il.
J’ai l’impression que Kim Jong-un veut faire quelque chose d’important pour son peuple, et il en a l’opportunité
Donald Trump
Possible résultat concret évoqué par Washington: un accord de principe pour mettre fin à la guerre de Corée. La guerre de 1950-1953 avait en effet été conclue avec un armistice et non par un traité de paix: Nord et Sud sont donc techniquement toujours en guerre.
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«Un avenir meilleur est possible pour la Corée du Nord»
Avant de quitter le Canada, Donald. Trump a une nouvelle fois affiché samedi son optimisme sur cette rencontre dont il espère faire un marqueur de sa présidence. «J’ai l’impression que Kim Jong-un veut faire quelque chose d’important pour son peuple, et il en a l’opportunité», a-t-il lancé, voyant dans la rencontre «une occasion unique (...) qui ne se représentera jamais».
Jeudi, il avait même évoqué une possible invitation du leader nord-coréen à la Maison-Blanche si le premier contact se passait bien.
I am on my way to Singapore where we have a chance to achieve a truly wonderful result for North Korea and the World. It will certainly be an exciting day and I know that Kim Jong-un will work very hard to do something that has rarely been done before...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 9 juin 2018
Dans un style plus réservé, Mike Pompeo, chef de la diplomatie américaine, qui a rencontré deux fois le leader nord-coréen à Pyongyang, a lui aussi fait part de son espoir. «A bord d’Air Force One, en route pour le sommet de Singapour. Un avenir meilleur est possible pour la Corée du Nord», a-t-il tweeté.
Le président russe Vladimir Poutine a salué dimanche la «volonté de Pyongyang, Séoul et Washington de parvenir à une résolution globale de la crise à travers des pourparlers».
Donald Trump a été «beaucoup moins exigeant que ses prédécesseurs»
Ce sommet a pris forme un soir de mars à la Maison-Blanche lorsqu’un émissaire sud-coréen a transmis une invitation de Kim Jong-un que Donald Trump a accepté sur-le-champ, à la surprise générale.
Si le milliardaire au style iconoclaste se targue d’être un négociateur hors du commun, nombre d’observateurs relèvent qu’il a été beaucoup moins exigeant que ses prédécesseurs avant de s’assoir à la même table que Kim Jong-un.
«Les gens parlent d’un sommet historique (...) Mais il est important de garder à l’esprit que ce sommet était possible pour tout président américain qui aurait souhaité le faire et qu’aucun ne l’a souhaité, pour de bonnes raisons», souligne Christopher Hill, ancien négociateur américain sur le dossier.
L’ancienne star extravagante du basket américain Dennis Rodman a assuré qu’il serait présent à Singapour mardi. L’ex-coéquipier de Michael Jordan aux Chicago Bulls s’est rendu cinq fois à Pyongyang depuis l’arrivée au pouvoir de Kim, grand fan de basket, qu’il appelle son «ami pour la vie».
1 year ago June 15 I gave this book "Art of the Deal" to Minister Kim Il Guk in Pyongyang, NK. Hoping everyone reads it before the historic Singapore Summit on June 12. We've got the greatest negotiator of all time @realDonaldTrump to show the world how it's done#Peace #Love pic.twitter.com/ERxXNnR20k
— Dennis Rodman (@dennisrodman) 9 juin 2018
Mais la Maison Blanche a pris soin de préciser que s’il était «formidable sur le parquet», il n’aurait pas sa place dans les négociations. «Je l’aime bien, c’est un bon mec, mais il n’a pas été invité», a tranché Donald Trump.