Une armada chinoise et des exercices à tirs réels autour de Taïwan pour des manœuvres militaires
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Pour l’armée chinoise, ces manœuvres «servent de sérieux avertissements contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant l’indépendance de Taïwan et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices»

La Chine a procédé samedi dans le détroit de Taïwan à un exercice «d’encerclement total» de l’île au premier jour de manœuvres militaires. Ces exercices doivent mobiliser jusqu’à lundi au moins neuf navires de guerre et 71 avions militaires, selon Taipei. Ces manœuvres sont présentées par des experts comme des représailles à une rencontre récente aux Etats-Unis entre un haut responsable américain et la présidente taïwanaise qui a dénoncé l'«expansionnisme autoritaire» de la Chine.
«L’exercice d’aujourd’hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information (…) afin de créer une dissuasion et un encerclement total» de Taïwan, a affirmé samedi la télévision d’Etat chinoise après l’annonce par l’armée de ces opérations.
Dizaines d’avions
Au début des opérations, le ministère de la Défense de Taïwan avait indiqué avoir détecté la présence autour de l’île de 13 avions et trois navires militaires chinois. A 16h00 locales (10h00 suisses), l’armada était composée de neuf navires et de 71 avions militaires, selon le ministère. Les moyens mobilisés comprennent des navires de guerre, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs.
Les manœuvres «servent de sérieux avertissements contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant «l’indépendance de Taïwan» et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices», a averti un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi. La localisation exacte de ces exercices n’est pas connue. La partie la plus étroite entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres de large. Ces opérations, qui comprennent également des «patrouilles», sont «nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l’intégralité territoriale de la Chine», a justifié Shi Yi.
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«Régler la question une fois pour toutes»
Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales. Ces exercices, qui revêtent une dimension «opérationnelle», sont destinés à démontrer que l’armée chinoise sera prête «si les provocations s’intensifient» à «régler une fois pour toutes la question de Taïwan», explique à l’AFP l’expert militaire Song Zhongping.
Ces manœuvres font suite à une rencontre mercredi lors d’une escale en Californie entre la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, et le président républicain de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy. Pékin avait promis des «mesures fermes et énergiques» en représailles. Samedi, Tsai Ing-wen a dénoncé l'«expansionnisme autoritaire» de la Chine et assuré que Taïwan «continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d’autres pays (…) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie».
«Marquer des points»
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel. Pour Pékin, ces exercices militaires sont «une nécessité» après un affront pour «marquer des points politiquement» auprès de la population chinoise, souligne James Char, expert de l’armée chinoise à l’Université de technologie de Nanyang à Singapour.
Pour autant, une escalade de la même intensité que celle de l’été dernier semble a priori écartée. James Char souligne que Pékin, qui tente de «réchauffer» ses relations avec l’Europe, a attendu la «fin» d’une visite d’Etat du président français Emmanuel Macron pour lancer ses exercices.
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Province rebelle
En août, la Chine avait engagé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan et tiré des missiles lorsque l’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, s’était rendue sur l’île. La Chine considère Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan) en vertu du «principe d’une seule Chine» défendu par Pékin.