Le dirigeant chinois est, jeudi, à Hongkong pour sa première visite depuis l'écrasement du mouvement démocratique. Xi Jinping a déclaré que le territoire avait réussi à «renaître du feu». Il estime que la «vraie démocratie» à Hongkong a commencé après la rétrocession de la colonie britannique à la Chine, il y a 25 ans. «Après la réunification avec la mère patrie, les habitants de Hongkong sont devenus les maîtres de leur propre ville. La véritable démocratie de Hongkong a commencé à ce moment-là.»

Le voyage de Xi à l'occasion du 25e anniversaire de la rétrocession du territoire va être utilisé par le Parti communiste chinois pour afficher son contrôle après la vague de manifestations pro-démocratie qui a embrasé la ville en 2019, incitant Pékin à imposer une stricte répression politique.

Lire aussi: Hongkong en état de siège pour la visite de Xi Jinping

«Au cours de la période écoulée, Hongkong a connu plus d'une sérieuse épreuve et a surmonté plus d'un risque et défi», a déclaré le président chinois après son arrivée à bord d'un train à grande vitesse. «Après les tempêtes, Hongkong renaît du feu et émerge avec une robuste vitalité.»

Washington déplore l'«érosion de l'autonomie» à Hong Kong

L'anniversaire de vendredi marque également la mi-parcours du système de gouvernance «Un pays, deux systèmes», du nom du modèle convenu par la Grande-Bretagne et la Chine lors de la rétrocession, selon lequel la ville doit conserver une certaine autonomie jusqu'en 2047.

«Les faits ont prouvé que le principe 'Un pays, deux systèmes' est plein de vitalité», a ajouté Xi Jinping jeudi. Il a réaffirmé, vendredi, qu'il n'y a «aucune raison de (le) changer». Ce modèle est «un si bon système et il doit être maintenu à long terme», a déclaré Xi, ajoutant que tout ce que Pékin avait fait était «pour le bien de Hongkong».

Selon les critiques, la loi sur la sécurité nationale imposée en 2020 par Pékin après les manifestations de 2019 a réduit à néant les libertés promises. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a d'ailleurs déploré jeudi l'«érosion de l'autonomie» provoquée par cette loi dans le territoire. Le premier ministre britannique Boris Johnson a, lui, promis de ne pas «abandonner» Hongkong.

Des mesures pour protéger le président du Covid

Cette visite est également le premier voyage du président chinois hors de Chine continentale depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Les détails du voyage sont restés très secrets et la visite a suscité un effort massif de sécurité. Les dirigeants du gouvernement de Hongkong ont été contraints de se soumettre à un système en circuit fermé en raison du Covid-19. Certaines parties de la ville ont été fermées et de nombreux journalistes ont été interdits d'accès aux événements prévus. Ces mesures illustrent le contrôle du Parti communiste chinois sur la ville après une vague de répression politique qui a démantelé le mouvement démocratique et écrasé la dissidence.

Les personnes qui se trouveront dans l'orbite de Xi pendant son voyage, y compris les plus hauts responsables du gouvernement, ont été invitées à limiter leurs contacts, à se soumettre à des tests PCR quotidiens et à passer les jours précédant la visite dans un hôtel de quarantaine.

Une visite très encadrée

Outre le Covid, les autorités ont pris des mesures pour éliminer toute source potentielle d'embarras pendant le séjour de Xi Jinping. La police de la sécurité nationale a arrêté au moins neuf personnes la semaine dernière.

La Ligue des sociaux-démocrates (LSD), l'un des derniers partis politiques d'opposition de Hongkong, a déclaré qu'elle ne manifesterait pas le 1er juillet, après un échange entre des agents de la sécurité nationale et des bénévoles associés au groupe. Les dirigeants de la LSD ont déclaré à l'AFP que leurs maisons avaient été fouillées et qu'ils avaient également eu des conversations avec la police.

Chan Po-ying, présidente du groupe, a déclaré avoir eu l'impression d'être suivie et surveillée ces derniers jours.

Le principal institut de sondage de Hongkong a annoncé qu'il retarderait la publication des résultats d'une enquête sur la popularité du gouvernement «en réponse aux suggestions des services gouvernementaux concernés après leur évaluation des risques».

L'anniversaire de la rétrocession de Hongkong par la Grande-Bretagne à la Chine, le 1er juillet 1997, a longtemps été l'occasion de vastes manifestations pacifiques dans les rues de la ville. Mais sous l'effet conjugué des restrictions sanitaires et de la répression, les rassemblements de masse ont pratiquement disparu à Hongkong ces dernières années.