Pour Xi Jinping, le Palais des Nations se vide
Chine
Les mesures de sécurité au sein du bâtiment de l’ONU sont sans précédent pour la venue d’un chef d’Etat

Les 1600 employés de l’Office des Nations unies à Genève (UNOG) ont reçu mardi un courriel les enjoignant de quitter leur bureau avant 14 heures, à l’exception du «personnel requis». Une mesure sans précédent dans l’histoire du Palais des Nations qui reçoit mercredi après-midi le président chinois Xi Jinping.
«Nous avons voulu éviter les problèmes de bouchons dans la circulation, explique Alessandra Vellucci, directrice du service d’information des Nations unies à Genève. Entre les départs des employés en fin d’après-midi et l’arrivée de la délégation du président chinois, cela aurait été compliqué à gérer.» Les employés quittent leur bureau vers 17 heures. Xi Jinping intervient à la tribune de la grande salle des Assemblées à 18 heures.
Télétravail l’après-midi
Le siège genevois de l’ONU connaîtra une journée particulière avec la visite de son nouveau secrétaire général, Antonio Guterres, qui accueillera le président chinois. Beaucoup d’employés ne semblaient pas savoir, mardi soir, s’ils devraient quitter ou non leur poste en début d’après-midi pour éventuellement poursuivre leur travail à la maison par télétravail. Ce sont les chefs de département qui décideront des personnes devant rester. La bibliothèque de l’ONU, vaste espace occupant plusieurs étages du bâtiment B, sera par exemple fermée au public toute la journée.
Xi Jinping livrera à l’ONU un discours sur l’importance du système multilatéral dans un monde menacé par la paralysie de la gouvernance mondiale et la tentation du retour à l’unilatéralisme. Quelque 800 personnes pourront accéder à l’événement sur invitation de la mission de Chine et de l’UNOG. L’accès aux médias sera strictement limité. Une situation qualifiée de très inhabituelle par de nombreux journalistes accrédités au Palais des Nations.
«Rien d’exceptionnel»
«Il n’y a rien d’exceptionnel, corrige Alessandra Vellucci. C’est un événement de haut niveau organisé par un Etat membre sur invitation. C’est privé. Cela reste dans les standards de l’ONU. Les journalistes non invités pourront suivre l’événement sur le canal vidéo de l’ONU.» Le 26 janvier prochain se tiendra par exemple une commémoration de l’Holocauste à laquelle on ne pourra assister que sur invitation pour des raisons de sécurité.
La directrice du service de l’information rappelle qu’il en avait été de même lorsque la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait tenu un discours dans la même salle en 2011. Lors de cet événement, la mission américaine avait toutefois invité une grande partie des représentants de la presse et la tribune des journalistes n’avait pas été fermée.
«Honte pour la Suisse et l’ONU»
Le Palais des Nations va par ailleurs bénéficier de mesures de sécurité tout à fait particulières pour la venue d’un chef d’État avec le renfort de la police cantonale et de gardes d’une entreprise privée, indique une source de la sécurité à l’ONU. Le Groupement latin de sécurité et de maintien de l’ordre (GMO), une force spéciale intercantonale, est également mobilisé. «Les frais occasionnés par la manifestation sont à la charge du canton demandeur», indique Emmanuelle Lo Verso, la porte-parole du Département genevois de la sécurité sans pouvoir communiquer un budget.
Les demandes de manifestation sur la place des Nations, ce mercredi après-midi, ont été rejetées par décision de Berne qui a placé cette visite d’État ainsi que les déplacements de Xi JInping à Davos, à Lausanne et à Genève sous la plus haute surveillance. Mardi, en milieu de journée, une centaine de Tibétains et une trentaine de Ouïghours ont pu s’exprimer sur la place des Nations. Les mesures de sécurité déployées par Berne et l’ONU ont été qualifiées de «honteuses» pour un Etat démocratique et le bâtiment abritant le Conseil des droits de l’homme.
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