L’attaque est intervenue alors que le ministre de Défense Mohamed Nasser Ahmed se trouve à Washington à la tête d’une délégation militaire.

Un kamikaze au volant d’une voiture piégée a forcé une entrée du ministère, situé au coeur de Sanaa, et ses complices ont tiré sur des bâtiments du complexe, selon des responsables. Les complices, munis d’armes automatiques, ont réussi à atteindre l’hôpital militaire et deux autres bâtiments de l’immense complexe abritant le ministère, ont-ils précisé. «J’ai entendu une série d’explosions à l’intérieur, puis des échanges de tirs», a affirmé à l’AFP un soldat blessé.

«Au moins 20 personnes ont été tuées dans l’attaque», selon un premier bilan officiel fourni par le ministère de la Défense. Une source de sécurité a fait notamment état de cinq soldats tués dans l’explosion de la voiture piégée à l’entrée du complexe et d’une cinquantaine de militaires blessés transportés dans deux hôpitaux de Sanaa.

Une colonne de fumée noire s’est élevée dans le ciel après la forte déflagration dans le complexe situé près de Bab al-Yaman, à l’entrée de la vieille ville de Sanaa. Le secteur a été totalement bouclé alors que des ambulances, sirènes hurlantes, se sont ruées sur le lieu de l’attaque et des renforts militaires y ont été dépêchés.

Le ministère de la Défense a indiqué, sur son site internet, que l’armée avait repris le contrôle de la situation à l’intérieur du complexe, alors qu’une source de sécurité a affirmé que «le groupe des assaillants avait été anéanti». Mais un correspondant de l’AFP a indiqué que les forces de sécurité continuaient de pourchasser des complices des assaillants dans les immeubles et les maisons avoisinantes. Et la source de sécurité a souligné que l’armée tirait sur un bâtiment voisin d’où des hommes armés avaient ouvert le feu sur le complexe du ministère.

Recrudescence de la violence

L’attaque intervient après une recrudescence de la violence dans le pays, notamment contre l’armée. La majorité des attaques sont attribuées au réseau extrémiste d’Al-Qaïda qui reste particulièrement actif dans le sud et le sud-est du pays, bien qu’il ne les revendique que rarement.

La capitale yéménite n’a pas échappé à l’escalade. Le 26 novembre, un Bélarusse a été tué et un autre blessé en pleine rue par des hommes armés. Quatre jours plus tôt, un député, représentant de la rébellion zaïdite chiite au dialogue national en cours, a été assassiné.

Le processus de transition politique au Yémen, seul des pays du Printemps arabe où un soulèvement populaire a abouti à un départ négocié de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, est bloqué. Le dialogue national, destiné à mettre fin à une période de transition politique de deux ans et à donner au pays des institutions pérennes, est actuellement dans l’impasse.

Ce dialogue entre toutes les forces politiques devait s’achever le 18 septembre et déboucher sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution pour permettre la tenue d’élections générales. Mais il se heurte à plusieurs obstacles, notamment les demandes d’autonomie des sudistes.

Les retards dans l’application de l’accord de transition pourraient par ailleurs nécessiter le prolongement du mandat du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier a été élu en février 2012 pour une période intérimaire de deux ans à l’issue de laquelle des élections générales doivent être tenues sur la base d’une nouvelle Constitution.