Vents et pluies ont commencé à balayer Haïti jeudi en fin de journée, signes annonciateurs de l’arrivée de la tempête tropicale Tomas qui a déjà fait un mort dans le pays et risquait de se transformer en ouragan dans les heures qui viennent. La tempête se trouvait à 01H00, heure suisse, à 425 km à l’ouest-sud-ouest de Port-au-Prince, avec des vents soufflant à 95 kmh qui se renforçaient, selon les météorologues américains du Centre national des ouragans (NHC).

Tomas progressait vers le nord-nord-est à 13 kmh et le centre de la tempête devrait «passer près de la Jamaïque et de Haïti ce soir», a précisé jeudi le NHC. Tomas devrait se «renforcer au cours des 48 prochaines heures» et pourrait se transformer en ouragan en passant au-dessus d’Haïti. Le Premier ministre Jean-Max Bellerive a appelé ses concitoyens à se protéger en acceptant de quitter les zones dangereuses.

Sophie Lubrano est l’une des correspondantes du Blog Haïti, son dernier billet raconte justement ce terrible moment d’attente, interminable, qui précède l’arrivée de la tempête

«Vendredi passé, sitôt arrivée de ma semaine de congé, je devais repartir pour 4 jours à Cap-Haïtien avec 5 de mes collègues.

J’apprends le soir même, que nous avons une réunion d’équipe en urgence! En général, ce n’est jamais une bonne nouvelle…

De plus, pendant mon break, j’ai quand même eu des nouvelles concernant l’épidémie de choléra qui sévit en ce moment en Haïti (surtout dans le Nord) et la crainte que cette épidémie se soit propagée sur Port-au-Prince est bien réelle.

Pourtant, il ne s’agit pas de cela, mais d’un nouveau cyclone : Tomas. Il vient en direction de Haïti et il est à peu près sur que cette fois, Haïti n’en réchappera pas! Nous ne savons pas quand exactement il va frapper, mais il va frapper!

Comme c’est un long week-end de 4 jours, chacun est responsable de savoir s’il veut quitter la capitale ou pas (avec toutes les précautions sécuritaires que cela implique malgré tout).

J’ai donc décidé de rester, je n’ai pas envie de rester bloquée quelque part je ne sais où. Même si l’on n’est pas sûr que le cyclone va passer par là, même si on ne connaît pas précisément la date à laquelle il va arriver, je veux être là!

Et j’attends…depuis 4 jours, je scrute les nouvelles: où est-il? A quelle vitesse se déplace-t-il? Au cours de ces derniers jours, nous apprenons qu’il a diminué, puis s’est renforcé; il peut ne pas passer par Haïti, mais les chances semblent minces.

Nous sommes plusieurs à avoir pris la décision de rester et donc, plusieurs à se poser de nombreuses questions…

Mettez-vous à ma place 2 minutes seulement: Imaginez qu’une catastrophe est annoncée en Suisse et que vous ne pouvez rien faire d’autre qu’attendre. Non seulement il faut attendre (où, quand, comment?) alors que vous savez pertinemment que cet événement va provoquer «au mieux» des dégâts matériels et au pire de nombreux blessés, voire des décès. Et en plus de cette impuissance, vous êtes rongée par la culpabilité… On le savait, c’est une catastrophe annoncée, répétée chaque année…

Il est 19h, le vent s’est levé. Normalement, on est plutôt content car l’air apporte un peu de fraîcheur à ces journées écrasantes. Là, on se pose mille et une questions et on continue à attendre...»