Un attentat suicide à la moto piégée a tué plus de 30 personnes lundi au Pakistan, en proie à une vague de violences qui a fait plus de 2400 morts en deux ans, alors que les Nations unies ont annoncé le retrait de leur personnel expatrié du nord-ouest du pays. Au même moment, l’armée pakistanaise a affirmé qu’elle s’était emparée de Kanigurram, l’une des principales places fortes des talibans dans le district tribal du Sud-Waziristan.

L’attaque a frappé une file de clients, parmi lesquels de nombreux militaires devant une banque située au sein d’un ensemble commercial comprenant aussi un hôtel de luxe et des magasins, non loin du quartier général de l’armée pakistanaise, à Rawalpindi, la grande ville proche de la capitale du Pakistan.

«Un kamikaze à moto s’est fait exploser à proximité d’une file de personnes attendant de recevoir leur paie. Nous avons retrouvé les débris d’une veste bourrée d’explosifs et des fragments de corps du kamikaze», a déclaré à la presse un responsable de la police, Aslam Tarin.

«Trente-quatre personnes ont péri dans l’explosion et 32 ont été blessées», a déclaré à l’AFP une porte-parole des services de secours, Deeba Shehnaz.

Sur le site de l’attaque, des ambulances se relayaient pour recueillir les blessés, tandis que des secouristes tentaient de rassembler des fragments de corps mutilés, certains complètement carbonisés et d’autres fraîchement ensanglantés, a constaté un journaliste de l’AFP.

L’explosion était si violente que des corps ont été projetés à plus de 50 mètres. Des dizaines de voitures, motos et vélos maculés de cendres, des bottes militaires, des vêtements et une sandale de femme jonchaient le sol. «Une odeur de chair brûlée a rempli l’atmosphère et je me suis évanoui lorsqu’un objet très dur m’a heurté à la tête», se souvient Mohammad Mushtaq, un soldat de 22 ans blessé lors de l’attentat.

Située dans la banlieue d’Islamabad, Rawalpindi a déjà été frappée à de nombreuses reprises par des attaques visant l’armée, qui a annoncé un nouveau succès dans son opération au Waziristan. «Kanigurram a été complètement nettoyée de ses terroristes», a déclaré le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Athar Abbas, au cours d’une conférence de presse.

Depuis le 17 octobre, plus de 30’000 soldats, appuyés par des avions de combat, des hélicoptères d’attaque et des tirs d’artillerie lourde, mènent une opération visant à déloger les talibans de leur bastion du Sud-Waziristan, dans les zones tribales frontalières de l’Afghanistan. L’armée pakistanaise avait remporté le 24 octobre un premier succès symbolique avec la prise de Kotkai, village natal et fief du chef du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), Hakimullah Mehsud.

Près de 250’000 personnes - sur une population estimée à 300’000 habitants dans les districts visés par l’opération - ont fui le Waziristan du Sud, selon les autorités.

Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d’une vague d’attentats qui a tué 2400 personnes, perpétrés pour l’essentiel par des kamikazes du TTP. Ces attaques ont conduit lundi les Nations unies à retirer leur personnel expatrié de la Province de la frontière du Nord-Ouest et des zones tribales du Pakistan, à l’exception de ceux engagés dans des opérations jugées vitales.

La capitale de la Province de la frontière du Nord-Ouest, Peshawar, a été frappée mercredi par l’explosion d’une voiture piégée qui a fait 134 morts et disparus, le second attentat le plus meurtrier de l’histoire du pays.

Les zones tribales sont devenues, depuis la chute des talibans en Afghanistan fin 2001, un sanctuaire d’Al-Qaïda, le fief des talibans pakistanais et une base arrière de leurs alliés les talibans afghans.