L’armée syrienne a lancé lundi un nouvel assaut sur Homs, haut lieu de la contestation, faisant douze morts et des dizaines de blessés, au moment où le blocage reste entier au sein de la communauté internationale face au conflit en Syrie.

Cette nouvelle offensive annoncée par les militants antirégime survient au surlendemain d’un veto sino-russe contre une résolution de l’ONU condamnant la répression en Syrie et à la veille d’une visite à Damas du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, a exhorté la communauté internationale à agir vite pour «empêcher un nouveau massacre», après le pilonnage qui avait fait plus de 230 morts à Homs, selon les militants, samedi avant l’aube.

Le régime avait nié samedi tout bombardement sur Homs et imputé les violences à des «groupes armés», comme il le fait depuis le début il y a près de 11 mois de la révolte dont il se refuse à reconnaître l’ampleur et qu’il cherche à étouffer dans le sang, au prix d’au moins 6000 morts selon les militants.

Violent assaut

Lundi matin, les troupes qui encerclent et visent régulièrement Homs depuis des mois ont commencé à bombarder aux roquettes et aux obus de mortier plusieurs quartiers de cette ville surnommée «la capitale de la révolution», principalement Baba Amro, Inchaat et Khaldiyé. «Au moins 12 civils sont tombés en martyrs et des dizaines ont été blessés par le bombardement depuis l’aube», a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Mais le bilan risque de s’alourdir en raison de l’intensité des bombardements.

«C’est la première fois que nous subissons une telle attaque» à Baba Amro, a déclaré Omar Chaker, un militant de ce quartier joint par l’AFP à Beyrouth, évoquant «un grand nombre de martyrs» alors que le bruit des bombardements retentissait clairement au téléphone. Selon lui, les chars de l’armée ont pris position dans l’université de Homs et bombardent Baba Amro. Samedi, le pilonnage avait surtout visé Khaldiyé. «Il n’y a pas d’abri ni d’endroit pour se cacher à Homs», selon lui. «Plusieurs maisons se sont transformées en hôpitaux de fortune où les blessés reçoivent les premiers secours, mais les blessures sont graves et nous ne sommes pas bien équipés.»

Il n’était pas possible de vérifier dans l’immédiat ces informations de sources indépendantes en raison des fortes restrictions imposées au déplacement des journalistes étrangers en Syrie.

«Depuis l’aube, le quartier de Baba Amro est soumis à un pilonnage extrêmement violent. Un des hôpitaux de campagne a été touché», a déclaré Mohammad al-Homsi, membre du conseil de commandement de la révolution syrienne.

Des vidéos diffusées sur Internet par des militants montrent des corps, certains le visage en sang, gisant dans la rue au milieu des cris et des pleurs. Selon des militants, il s’agit des victimes du «massacre de l’hôpital de campagne».

«Que les Arabes et les musulmans regardent le résultat de leur passivité», lance sur l’une de ces vidéos un homme présenté comme le docteur Mohammad al-Mohammad. «C’est un véritable massacre. Le quartier de Baba Amro mais aussi tous les quartiers du vieux Homs sont très violemment pilonnés aux obus. Le régime est hystérique, il veut infliger une punition collective au peuple», a déclaré sur la chaîne Al-Jazira Omar Edelbi, membre du Conseil national syrien (CNS).

Affirmant que le régime préparait une «offensive de grande envergure» sur Homs, le CNS a appelé «la communauté internationale à agir vite et à faire pression sur le régime pour empêcher un nouveau massacre dans cette ville sinistrée et protéger les civils syriens d’une guerre d’extermination sous couvert du silence et de la complicité» de ceux qui ont fait barrage à la résolution de l’ONU.

Une réaction «indécente et hystérique»

La Russie et à la Chine ont en effet opposé leur veto samedi, le deuxième depuis le début de la révolte, à un projet de résolution présenté par l’Occident et les Arabes et condamnant la répression en Syrie. Ce veto survenu quelques heures après le terrible bombardement de Homs a provoqué l’indignation dans le monde arabe, en Occident et au sein de l’opposition syrienne.

Mais la Russie, alliée de Damas, a contre-attaqué lundi, M. Lavrov dénonçant la réaction «indécente et hystérique» de l’Occident.

En annonçant l’envoi de M. Lavrov, Moscou a assuré avoir «l’intention de faire tout son possible pour une stabilisation rapide» en Syrie en favorisant la mise en place rapide de «réformes démocratiques indispensables», même si l’opposition refuse de négocier avant le départ de M. El-Assad.

Après l’échec des efforts diplomatiques à l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne ont annoncé leur volonté de renforcer les sanctions contre Damas, pour assécher les sources de financement et l’approvisionnement en armes du régime.