1  Politique étrangère

Donald Trump apparaît comme l’antithèse de Barack Obama. Le monde, selon lui, est un jeu à somme nulle. On gagne ou on perd. Se présentant en grand négociateur, il est convaincu que l’administration Obama a été médiocre en concluant l’accord sur le nucléaire iranien avec Téhéran et cinq autres puissances. Sa stratégie serait d’annuler l’accord et d’imposer des sanctions jusqu’à ce que l’Iran plie aux conditions de l’Amérique. Il refuse la venue de tout réfugié syrien en Amérique et de musulmans «tant que l’administration ne sait pas ce qu’il se passe». Il salue la manière dont Vladimir Poutine dirige la Russie. Le maître du Kremlin le lui rend bien, qualifiant Trump de «brillant et talentueux». En Syrie, il est favorable à une zone d’exclusion aérienne. Au Moyen-Orient, mieux vaut avoir des autocrates au pouvoir que le chaos, estime-t-il, n’hésitant pas à faire l’éloge de Saddam Hussein qui «a tué des terroristes». Chercheur à la Brookings Institution, Thomas Wright estime que sa vision du monde n’est pas si incohérente qu’on veut bien le dire. Mais elle relève d’une vision du XIXe siècle. Pour Donald Trump, l’ordre international mis en place par les Américains ne profite pas aux Etats-Unis. Le candidat joue la carte isolationniste et nationaliste.

 2  Politique intérieure

Donald Trump a fixé l’agenda des primaires républicaines en plaidant pour une politique sans concession envers les onze millions de clandestins vivant aux Etats-Unis qu’il veut expulser. Il veut construire un mur à la frontière mexicaine qu’il ferait payer au Mexique. Il promet d’abroger la réforme de la santé de Barack Obama, Obamacare sans avoir une alternative à proposer. Il promet de forcer l’industrie pharmaceutique à baisser le prix des médicaments. Héraut d’un populisme économique qui plaît à un électorat désabusé, le New-Yorkais ne veut pas, contrairement aux autres candidats républicains, toucher à Social Security (retraites). Dans les questions sociétales, il fut un temps, à la fin des années 1990, où il était favorable à l’avortement. Désormais, il se présente comme un pro-life. Il se distingue toutefois des autres candidats républicains. Il ne remet pas en question le financement public de la plus grande organisation de planning familial du pays, Planned Parenthood. Celle-ci offre des prestations de santé essentielles pour les femmes. Mais il refuse que les deniers publics servent à financer des cliniques de l’organisation qui pratiquent l’avortement.

 3  Economie et commerce

Donald Trump ne cesse que répéter que l’Amérique ne gagne plus. Il promet de «battre la Chine, le Japon et le Mexique» en matière de commerce et d’imposer des taxes douanières très élevées si nécessaire. Il critique vertement les traités de libres-échanges dont celui de l’Alena entre le Mexique, le Canada et le Mexique. Il juge inacceptable le déficit commercial américain avec le Mexique qu’il chiffre à 58 milliards de dollars. Dans le domaine économique, le plus grand ennemi de Donald Trump, c’est toutefois la Chine. Depuis le «China shock» initié en 1991 qui a causé une désindustrialisation accélérée et des pertes d’emplois massives outre-Atlantique, le candidat républicain entend remettre Pékin dans le rang. Il ne s’embarrasse pas trop de considérations relatives à l’étroite imbrication des économies américaine et chinoise. A ses yeux, le Partenariat trans-pacifique conclu par l’administration de Barack Obama et onze autres pays de la région Asie-Pacifique est inacceptable. En refusant ce traité de libre-échange qui concerne un groupe de pays représentant 40% du commerce mondial et dont la Chine est pour l’heure exclue, il est en porte-à-faux avec l’élite du Parti républicain.

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 4  Régulation et fiscalité

S’il est prêt à réduire les avantages fiscaux des hedge funds, Donald Trump qualifie de «désastre» la loi Dodd-Frank adoptée en réaction à la plus grave crise économique et financière depuis la Grande Dépression (2008-2009). Elle donne trop de pouvoir au régulateur. Il compte aussi faire pression sur les sociétés qui établissent leur siège social à l’étranger pour échapper à l’impôt (tax inversion), car l’Amérique, à ses yeux, perd des milliards en revenus fiscaux en raison de ces pratiques. En termes de fiscalité, il envisage de réduire l’impôt sur les sociétés à 15% maximum (35% aujourd’hui) et à un maximum de 25% (39,6% aujourd’hui) l’impôt sur le revenu. Il quadruplerait les déductions standards autorisées. Selon le Tax Policy Center de la Brookings Institution, un laboratoire d’idées de Washington, la réforme fiscale de Donald Trump induirait des pertes de recettes fiscales pour l’État fédéral de 9500 milliards de dollars lors de la première décennie et de 15 000 milliards lors de la décennie suivante. Sans coupes budgétaires substantielles, elle engendrerait une hausse de la dette américaine, se montant actuellement à 19 000 milliards, de 11200 milliards d’ici à 2026. D’ici à 2036, sans austérité massive, la dette augmenterait de 80% par rapport au PIB.