Edgar Maalouf: C'est vrai, mais nous avions en face de nous tous les ténors des partis au pouvoir, regroupés autour de l'ancien président qui pleurait son fils assassiné et voulait récupérer son siège de député. Et ils n'ont cessé de nous dénigrer. Ce n'était pas facile.
Ne payez-vous pas surtout l'alliance que vous avez conclue avec le Hezbollah?
Le texte d'entente que nous avons signé avec le Hezbollah, nous l'avions aussi proposé à tous les autres partis. Ceux qui nous le reprochent l'ont refusé. A nos yeux, le seul moyen d'obtenir du parti chiite qu'il renonce à ses armes, dont on connaît la puissance depuis l'an passé, c'est le dialogue et des moyens pacifiques. La résolution 1701 du Conseil de sécurité l'admet, d'ailleurs. Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, vient encore de répéter qu'il est prêt à parler de ce désarmement. Et son parti - qui est composé, ne l'oublions pas, de Libanais - ne parle plus d'établir dans ce pays une république islamique. Je pense que, en nouant avec lui un rapport de confiance, nous contribuons à faire rentrer le Hezbollah dans la famille du Liban.
Mais le Hezbollah est l'allié de l'Iran et de la Syrie, et vos adversaires vous rangent dans le camp pro-syrien. Un parti favorable à la Grande Syrie appelait d'ailleurs à voter pour votre candidat dans le Metn...
Nous ne lui avions rien demandé, et pourquoi refuserions-nous des voix? Amine Gemayel a fait autrefois alliance avec ce parti! Mais comment peut-on nous accuser d'être pro-syriens, alors que nous avons été exilés pour avoir résisté aux troupes d'occupation de Damas! Cela dit, les Syriens sont partis, et il faudra bien que nous établissions des relations de bon voisinage, sans ingérence, avec ce grand voisin.
La cassure dans le camp chrétien est-elle destinée à durer?
Pour le moment, les chrétiens sont tenus à l'écart du pouvoir réel. Ceux qui font partie de la majorité et nous critiquent n'ont pas leur mot à dire sur les questions importantes. Nous sommes prêts à discuter avec eux afin que les chrétiens retrouvent une présence effective dans le gouvernement de ce pays. C'est pour cela que Michel Aoun est candidat à la présidence de la République, qui doit récupérer toutes ses prérogatives.
Que dites-vous des médiations - arabe, française, suisse - qui sont tentées pour aider le Liban à surmonter sa crise?
Tous les concours sont bienvenus. Mais je trouve que la Suisse a un comportement idéal, sans tapage, sans ingérence, et elle fait de nos problèmes une bonne analyse.