Ce n’est pas encore la paix dans le nord du Mali, mais c’est une nouvelle étape. Le gouvernement malien, les groupes armés favorables à Bamako et les groupes rebelles tentent depuis six mois de trouver un accord pour mettre fin au conflit qui déstabilise le nord du Mali depuis 2012.
Dimanche, deux parties sur trois ont accepté de parapher le texte proposé par la médiation internationale, menée par le gouvernement algérien. Le gouvernement malien et les groupes armés qui lui sont proches ont validé le texte. Mais la coalition des groupes rebelles, dominée par les Touareg du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), a demandé un délai supplémentaire.
Déceptions touareg
Les rebelles veulent consulter leur base, car ils estiment qu’«un accord non partagé avec les populations» ne pourrait pas être appliqué sur le terrain. Il faut dire que le texte, qui exclut toute notion de fédéralisme ou d’autonomie pour les régions du nord du Mali, ne répond pas aux attentes des nationalistes touareg. Ce qui explique les mouvements de protestation à Kidal, fief du MNLA, où des manifestations ont rassemblé plusieurs centaines de personnes samedi et dimanche.
La Mission des Nations unies au Mali (Minusma) crie pourtant victoire et salue «un pas historique vers une paix durable», en exhortant les rebelles à valider le texte «le plus rapidement possible». «Dans quelques jours, affirme encore Pierre Buyoya, représentant de l’Union africaine pour le Mali, ils viendront apposer leur paraphe.» Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, estime lui que «le plus difficile» sera «la mise en œuvre» du texte mais que «le temps des négociations est terminé.»
Ces déclarations mettent la pression sur les groupes rebelles, qui se retrouvent désormais dans une position délicate: ils ne veulent pas décevoir la communauté internationale et apparaître comme la partie qui aura fait échouer le processus de paix, mais doivent aussi tenir compte de ceux qui, au sein du mouvement touareg, sont résolument hostiles au texte proposé.
Le brouillon de l’accord consacre les principes fondamentaux défendus par Bamako: l’unité du Mali, son intégrité territoriale, ainsi que le respect de la souveraineté, de la République et de la laïcité.
Décentralisation
Principale concession accordée aux rebelles: le terme même d’Azawad, utilisé par les Touareg pour désigner les régions du nord du Mali, est mentionné dans le texte comme une «réalité socioculturelle». Les discussions sur la dimension politique et les causes profondes du conflit qui a embrasé l’Azawad sont en revanche renvoyées à plus tard: elles feront l’objet d’une Conférence d’entente nationale.
L’accord proposé jette les bases d’une décentralisation, d’un renforcement des collectivités territoriales et d’une meilleure représentation des populations du nord dans les institutions, mais sans préciser les moyens d’y parvenir. Une stratégie pour le développement socio-économique des régions du nord est esquissée, mais ses contours ne sont pas définis.
A noter que les groupes liés à Al-Qaida, qui ont contrôlé pendant près de neuf mois le nord du Mali avant d’en être partiellement chassés par l’opération Serval, n’ont pas participé aux négociations et seront exclus de celles à venir.