Thaïlande
La police a levé les barrières protégeant le bâtiment du gouvernement pour faire baisser la tension, après les violents heurts de ces derniers jours. Les opposants qui réclament le départ de la première ministre ont pu entrer dans le complexe et crient victoire. Un tournant? Les derniers événements, en continu

■ 9h. Les opposants continuent. Le meneur des manifestations en Thaïlande a assuré mardi qu’il ne renonçait pas à faire tomber le gouvernement, malgré les tentatives de celui-ci de faire retomber la pression de la rue. «C’est une victoire partielle. Mais elle n’est pas finale, car le régime Thaksin est encore en place. Vous ne pouvez pas encore rentrer chez vous, nous devons poursuivre notre lutte», a lancé Suthep Thaugsuban à ses partisans réunis dans un complexe gouvernemental qu’ils occupent à la périphérie de Bangkok.
■ 7h. Les opposants au siège du gouvernement. Des milliers de manifestants thaïlandais ont été autorisés mardi à entrer au siège du gouvernement et au quartier général de la police de Bangkok, les policiers quittant leurs postes, possible tournant dans une crise politique ayant dégénéré en de violents affrontements.
La raison de ce soudain changement de position, qui a eu pour premier effet des embrassades entre manifestants et policiers, n’était pas encore très claire mardi après-midi. «Afin de réduire la tension entre les manifestants et la police, les barrières ont été ouvertes afin de laisser les manifestants entrer dans l’enceinte», a justifié le centre de crise du gouvernement.
■ La première ministre loin de Bangkok. Yingluck Shinawatra a de son côté quitté la capitale pour se rendre dans la station balnéaire de Hua Hin, où le roi Bhumibol réside, en préparation des célébrations du 86e anniversaire du révéré monarque jeudi, qui devrait marquer une pause dans la crise.
■ Victoire pour «l’armée du peuple»? Même si la première ministre reste à son poste, l’opposition a crié victoire. «La victoire est dans les mains de l’armée du peuple. Nous sommes en mesure de prendre tous les bâtiments clés du gouvernement», a assuré Issara Somchai, un des meneurs de la contestation, devant une foule en liesse massée autour du Monument de la démocratie, lieu symbolique des manifestations.
La police défendait depuis des jours avec force le siège du gouvernement, lieu le plus symbolique du pouvoir, à coups de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau. Mais mardi, les blocs de béton et les rouleaux de barbelé ont été poussés pour faire place aux manifestants, qui sont entrés en masse et sans résistance dans le complexe.
Peu avant, des policiers couraient, bagages à la main, vers des véhicules destinés à les évacuer, selon un photographe de l’AFP. Les mêmes scènes ont été vues par des journalistes de l’AFP au quartier général de la police métropolitaine de Bangkok, où des milliers de manifestants ont pénétré mardi.
Le chef de la police métropolitaine, le lieutenant général Kamronwit Thoopkrajang, conspué par la foule jusqu’ici en raison de sa proximité avec Thaksin, avait affirmé dans la matinée que ses troupes n’empêcheraient pas les manifestants d’entrer, car le quartier général «appartient au peuple».
Au cœur de la colère des manifestants, alliance de bourgeois conservateurs proches du Parti démocrate et de groupuscules ultraroyalistes: une haine profonde de Thaksin qui rejaillit sur sa sœur, à la tête du gouvernement depuis 2011, après une large victoire dans les urnes du parti pro-Thaksin Puea Thai.