Barack Obama ouvre le dialogue au Caire
diplomatie
Après Ryad, le président américain est arrivé au Caire ce matin où il prononce un discours très attendu de réconciliation envers le monde arabomusulman.
Le président américain Barack Obama a quitté ce matin l’Arabie Saoudite, pays clé pour les Etats-Unis au Proche Orient, pour une visite éclair mais hautement symbolique au Caire, où il doit prononcer un discours très attendu destiné à lancer une nouvelle relation entre les Etats-Unis et le monde arabomusulman.
L’annonce par M. Obama d’un plan détaillé pour en finir avec le conflit israélo-palestinien est improbable, mais il devrait délivrer un message fort de réconciliation pour tourner la page de l’ère de son prédécesseur George W. Bush.
Ayant déjà proclamé en Turquie que les Etats-Unis n’étaient «pas et ne seraient jamais en guerre contre l’islam», il a choisi l’Egypte, où réside 1 Arabe sur 4, pour ce discours à l’adresse de 1,5 milliard de musulmans.
M. Obama aura également au Caire ses premiers entretiens avec le président égyptien Hosni Moubarak, 81 ans, au moment où il cherche à redonner vie au processus de paix entre Israël et les Palestiniens.
«Ce que vous allez voir, ce sont des discussions robustes sur les moyens de réaliser des progrès et d’en finir avec le blocage» actuel dans le processus de paix israélo-palestinien, a déclaré mercredi à Ryad Ben Rhodes, qui écrit les discours de M. Obama.
L’Université libérale du Caire plutôt qu’al-Azhar, grande référence islamique
Après une visite à la mosquée Sultan Hassan, un joyau médiéval, au pied de la citadelle, il se rendra à la centenaire université du Caire, prestigieux bastion intellectuel et libéral du monde arabe, où l’attendront quelque 3000 invités triés sur le volet. C’est dans cette université qu’étudia Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature. Elle a symboliquement été préférée à al-Azhar, haut lieu de la science islamique depuis mille ans.
Barack Obama délivrera dans le grand hall d’honneur un discours dont il a déjà prévenu «qu’il ne réglerait pas tous les problèmes».
Puis il se rendra au plateau du Guizeh pour visiter les trois grandes pyramides, flanquées du Sphinx, sous la houlette de Zahi Hawass, le médiatique patron des antiquités égyptiennes.
Un doute subsiste sur un éventuel contact avec des membres de la société civile ou de l’opposition, appelé fortement de ses voeux par le sociologue et activiste Said Eddin Ibrahim, en exil aux Etats-Unis depuis 2007.
Mesures de sécurité exceptionnelles
C’est dans une capitale égyptienne placée sous très haute sécurité, et où tout «bain de foule» est exclu, que le président américain devrait se déplacer en hélicoptère d’un point à l’autre, selon la presse.
A Ryad, le président américain s’est longuement entretenu avec le roi Abdallah d’Arabie saoudite du processus de paix au Proche-Orient et d’autres questions intéressant la sécurité de la région mais les entourages des deux dirigeants n’ont pas fait de compte-rendu détaillé de ces discussions au moment où l’attention se focalisait sur le discours du Caire.
Les entretiens de M. Obama à Ryad ont coïncidé avec des menaces du chef d’Al-Qaïda, le Saoudien déchu de sa nationalité, Oussama ben Laden.
La chaîne Al-Jazira du Qatar a diffusé peu après l’arrivée de M. Obama à Ryad, un enregistrement de ben Laden dans lequel il a accusé le président américain de «suivre la même politique d’hostilité à l’égard des musulmans» que M. Bush et de susciter «plus de haine» contre l’Amérique.
«Il pose ainsi les fondements à des guerres de longue durée», a dit l’homme qui a revendiqué les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis dans le deuxième message en 24 heures d’Al-Qaïda. Son adjoint Ayman Al-Zawahiri avait parlé avant lui d’»opération de relations publiques» de M. Obama.
La Maison Blanche y a vu une tentative de détourner l’attention de la démarche de réconciliation avec les musulmans engagée par M. Obama.
Après l’Egypte, M. Obama doit visiter vendredi le camp de concentration de Buchenwald (Allemagne) et participer samedi au 65e anniversaire du Débarquement en Normandie (France) des forces alliées contre l’Allemagne nazie.