Ce devait être un discours à la jeunesse européenne. Ce fut une leçon de géopolitique et d’avenir, entamée sur une musique de fanfare et achevée de la même façon. Sous le regard, au premier rang, de Michelle Obama, dont la popularité, en marge du sommet du G20 à Londres, a déferlé dans les médias britanniques.

Face à plusieurs centaines d’étudiants réunis dans un gymnase de Strasbourg à l’aube du sommet de l’OTAN, Barack Obama a délivré plus qu’un message: un programme pour un partenariat transatlantique renouvelé, inspiré des efforts de l’après-guerre cités à plusieurs reprises en exemple dans son discours.

Références aux deux conflits mondiaux qui dévastèrent l’Europe, mots chargés d’émotions sur les ruines et les cendres de Strasbourg hier «détruite» et «blessée», rappel du plan Marshall et de son impact sur l’Europe… Une heure durant, sur le modèle des «Town Hall Meeting» (littéralement «Recontres dans les mairies») qu’il affectionne, le président américain a lancé ce vendredi un appel à l’Europe et à ses partenaires de l’OTAN «au service de la prospérité», aux côtés d’une Amérique «qui change».

«Liberté, égalité, fraternité»

Point d’orgue de sa première apparition publique à Strasbourg, durant laquelle il a accepté, micro en main, les questions de la salle, l’hôte de la Maison-Blanche s’est fait l’avocat d’une «Amérique moins arrogante», désireuse de coopérer davantage avec une Europe priée en revanche de se méfier de «l’antiaméricanisme» insidieux. Ponctuant son intervention des mots «liberté, égalité, fraternité» prononcés en français, s’avouant volontiers de certaines réussites européennes comme les trains à grande vitesse (TGV), Barack Obama n’a pas cherché à minimiser les tensions transatlantiques passées, tout en reconnaissant que des «désaccords honnêtes» subsisteront. «Nulle part la méfiance mutuelle n’a été aussi forte qu’à propos de la guerre contre la terreur» a-t-il admis en réponse à un étudiant français.

«L’Europe doit comprendre qu’Al-Qaida est encore une menace a-t-il poursuivi sur ce sujet délicat, à quelques centaines de mètres de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Nous ne pouvons pas supposer que, parce que Barack Hussein Obama est aujourd’hui président, ces dangers disparaîtront. Il est vrai que nous devons changer nos manières de faire envers le monde musulman, mais il est tout aussi vrai que ces organisations veulent s’en prendre à nous au nom d’idéologies erronées».

Avec un leitmotiv: «Gagner militairement ne suffira pas» a réitéré à plusieurs reprises le président américain après s’être fait longuement applaudir lors du rappel de sa décision de fermer Guantanamo et en affirmant: «Les Etats-Unis ne torturent pas et ne tortureront plus. Nous ne devons pas perdre nos valeurs. Je ne crois pas qu’il existe une contradiction entre notre sécurité et nos valeurs. Se perdre soi-même nous affaiblit. Humilier les gens n’est jamais une bonne stratégie pour lutter contre le terrorisme».